Une politique étrangère adaptée aux enjeux du XXIe siècle
Continuité dans les objectifs, mais adaptation aux réalités du monde du XXIe siècle : tels sont en substance les grands axes de la politique étrangère allemande, défendus la semaine dernière par le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle. « La politique étrangère a un fondement sans ambiguïté – l’Union européenne – et c’est une politique de paix. Ce sont deux constantes », a-t-il déclaré lors du débat budgétaire au Bundestag. Le ministre entend toutefois réorienter la politique culturelle et éducative de l’Allemagne à l’étranger afin de tenir compte des évolutions géopolitiques.
Réorientation de la politique éducative
M. Westerwelle a annoncé cette évolution le 8 septembre à l’occasion d’une « Fête internationale de l’éducation » à Berlin. L’Allemagne souhaite proposer sa coopération éducative de manière plus précoce dans les régions en conflit afin de mieux prévenir les crises aiguës. « À cette fin, nous allons créer une ‘boîte à outils’ permettant de développer une offre sur mesure lorsqu’il s’agit de mettre en place des institutions, de proposer une coopération éducative ou encore de favoriser le développement de médias indépendants », a exposé M. Westerwelle.
Le ministère fédéral des Affaires étrangères consacre environ un quart de son budget à sa politique culturelle et éducative. En 2011 et 2012, il entend ainsi augmenter de 50 millions d’euros par an les enveloppes destinées à l’Afrique et au Proche-Orient. D’autre part, il souhaite ériger en modèles les écoles allemandes à l’étranger. Ces dernières gagneront en autonomie, y compris sur le plan budgétaire, a annoncé la ministre adjointe aux Affaires étrangères, Cornelia Pieper.
Bouleversements en Afrique du Nord
M. Westerwelle a également évoqué les évolutions en Afrique du Nord et au Proche-Orient dans son discours général devant le Bundestag, le 7 septembre. « La mondialisation, qui était à l’origine un processus économique, se mue de manière croissante en une mondialisation des valeurs, des points de vue, de l’État de droit. C’est l’une des évolutions les plus réjouissantes de notre époque », a-t-il souligné. L’Allemagne a ainsi proposé aux pays d’Afrique du Nord un partenariat pour la transformation afin de les aider à prendre un nouveau départ sur une base démocratique.
M. Westerwelle a réaffirmé que la politique étrangère allemande demeurait une politique axée sur la promotion de la paix. L’Allemagne souhaite, par exemple, retirer progressivement ses troupes d’Afghanistan à l’horizon 2014 dans un esprit de « responsabilité », a souligné le ministre. Elle accueillera, par ailleurs, à la fin de cette année une conférence sur l’Afghanistan.
Crise des dettes : plus ou moins d’Europe ?
La politique étrangère allemande demeure, enfin, ancrée dans le cadre européen. À l’heure de la crise des dettes en Europe, le sujet a provoqué un débat entre majorité et opposition au Bundestag. M. Westerwelle a clairement posé les enjeux : « la question qui se pose est celle-ci : à quoi l’Europe devra-t-elle ressembler à l’issue de cette crise ? […] Notre réponse [à la crise] sera-t-elle plus ou moins d’Europe ? ». M. Westerwelle a tracé une limite : « Nous ne voulons pas une union de dettes en Europe, nous voulons une union de stabilité. Telle est notre boussole ».