Je réagis à mon tour sur le thème;langues,dialectes,patois.
Du temps où j’étais encore en exercice,l’APLV (pour les non-initiés;Association des profs de langues vivantes) organisait à Reims des conférences extremement interessantes sur des tas de sujets ayant trait,bien sûr,aux langues vivantes.
Je me souviens, entre autres,d’une conférence qu’avait donné André Marcovitch ,spécialiste de la traduction littéraire du russe vers le Français(Tolstoi,Dostoewski etc…),et reconnu comme un des grands de la traduction littéraire.(Sonka le connait certainement!)
Il avait,à un moment de sa conférence,parlé d’un linguiste qui recherchait les noms vernaculaires de toutes les plantes dans les différents dialectes de la langue bretonne(Cornouaille,Trégor,Léon,Vannetais),ce qui avait eu pour effet de déclencher des rires condescendants parmi les auditeurs,ce qui m’avait profondément choqué(je m’interessais déjà alors aux langues celtiques et principalement au breton.)
Marcovitch s’était tout de suite rendu compte de la situation et avait très courtoisement remis les rieurs à leur place.
J’en avais alors déduit que même chez des gens censés avoir un minimum de connaissances linguistiques,ce genre de préjugés avait la peau dure,donc,à plus forte raison chez les non-linguistes.
A propos du mot patois,que Maiwenn mentionne et qui n’a aucune valeur linguistique(tout à fait d’accord avec elle),je voudrais,là encore ,rappeler un souvenir.
J’ai bien connu,jusqu’à sa mort,le menuisier d’un petit village du Périgord noir.Il habitait en face de chez moi et parlait constamment sa langue maternelle l’Occitan,dialecte du Limousin(la langue des troubadours).A moi,qui ne comprenais pas l’Occitan,il me parlait bien sûr en Français.Mais le pire,et je m’en suis rendu compte retrospectivement,c’est que lorsqu’il parlait de sa langue maternelle,il disait toujours « le patois » et ceci d’ailleurs sans aucun complexe d’infériorité.On lui avait enseigné une bonne fois pour toutes que sa langue était un « patois »(des gens plus diplomés que lui)donc,il l’avait cru en toute confiance et continuait de parler son « patois ».
Je pense que nous,Français,constituons en Europe occidentale une sorte d’exception dans la manière de considérer les langues parlées sur le territoire,autres que la langue nationale.
Il me semble également que nous sommes les seuls a avoir mis dans notre constitution que « le Français est la langue de la République! »,mais je n’en suis pas tout à fait certain,ce qui ,parait-il ,nous empècherait de signer la Charte des langues minoritaires!