permanent.nouvelobs.com/ 19 juillet 2006
[i]La chancelière allemande Angela Merkel a pris mardi la défense de la réforme du système de santé négociée avec ses partenaires sociaux-démocrates, réforme très critiquée par les commentateurs et les partenaires sociaux.
« C’était le meilleur accord possible qui de mon point de vue était viable », a-t-elle affirmé lors d’une conférence de presse.
L’accord obtenu lundi matin après une nuit de négociations entre les chrétiens démocrates de la CDU-CSU et le SPD devait être l’une des réformes maîtresses de la législature. Mais pour la presse allemande, le compte n’y est pas.
Le patronat, les assurances et l’industrie pharmaceutique ont également attaqué cette réforme que des économistes disent inadaptée et insuffisante compte tenu de la gravité de la situation.
Avec le vieillissement de la population allemande, la faiblesse des naissances et le niveau élevé du chômage, les finances des caisses d’assurance maladie sont dans le rouge. Le déficit devrait atteindre 7 milliards d’euros en 2007.
L’accord prévoit d’augmenter de 0,5 point à partir de 2007 la contribution des salariés et des employeurs au financement du système. Pendant la campagne, la CDU de Merkel avait pourtant promis de réduire les coûts non-salariaux du travail.
« La réforme de la santé défavorise tout le monde », résume le titre à la Une du Financial Times Deutschland. « Grands projets, demi-réponses », écrit de son côté le Süddeutsche Zeitung.
« Une promesse rompue de plus ! Les contributions en hausse pour la réforme de la santé ! », s’insurge Bild, le quotidien le plus diffusé en Allemagne. « Deux semaines à peine après la plus forte augmentation d’impôts de tous les temps, la grande coalition nous fait encore les poches », ajoute le journal.
Cette réforme suit en effet le ralliement du Bundesrat, la chambre haute du parlement, à l’augmentation de la TVA, qui devrait passer de 16 à 19% dès le 1er janvier prochain.
A en croire les premiers sondages, l’opinion publique semble aussi sceptique que la presse allemande. Selon une étude diffusée par la chaîne de télévision N-TV et réalisée auprès de 593 personnes, ils ne sont que 1% à juger la réforme efficace contre 99% pour lesquels cette réforme ne règlera pas les problèmes de financement de la santé.
Au sein du SPD, certains députés se disent également prêts à lutter contre la réforme.
Edmund Stoiber, de la CSU, la branche bavaroise de la CDU, a souligné que cet accord ne constituait qu’un premier pas.
« De nombreuses divergences nous opposaient et les surmonter a été un processus difficile », a dit le ministre-président du land de Bavière. « Nous avons réussi à lancer une réforme majeure de la santé, même si je souligne qu’il ne s’agit que d’un départ. »[/i]