Angela Merkel ou le triomphe de la discrétion

Source: L’Express du 26/01/2006

Angela Merkel ou le triomphe de la discrétion
par Blandine Milcent

Face aux hommes politiques qui étalent leur vie privée, la nouvelle chancelière a préféré se tenir sur la réserve. Et cela lui réussit.

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Tout le monde lui trouve des vertus a cette brave dame. Mais il ne faut pas se voiler la face: politiquement, elle est tenue par les gros bras du SPD qui lui font avaler dans l’accord de coalition ce dont elle ne voulait pas entendre parler il y a quelques mois a peine, et les gros bras de la CDU ou a peu pres tout le monde espere qu’elle se plantera pour la presenter comme traitre a la cause liberalo-conservatrice lors des prochaines elections et mettre un elephant du parti controle par Schäuble a sa place. Sans parler de la CSU qui souhaite ouvertement sa mort politique.

La seule chose de feminin dans cette histoire, c’est sa garde robe. Pour le reste, elle illustre a merveille que la politique est sexuellement neutre. Et rien que pour ca, je ne la deteste pas.

Et encore… tu es gentil en disant cela. :laughing: :laughing: :laughing:
Je sais, je suis mauvaise langue sur ce coup-là… :stuck_out_tongue: :laughing: :laughing:

Plus sérieusement : Je ne sais pas si tu te souviens d’elle quand elle a commencé en politique. Moi je m’en souviens très bien. Et il est vrai que quand on se souvient des images d’elle il y a 20 ans ou plus encore, et qu’on les compare à aujourd’hui, la différence est nette. Très nette. Et c’est bien naturel, car ils l’ont « breafé »… Peut-on pour autant dire qu’il s’agisse d’une garde-robe féminine ? Hum…

En tout cas, c’est vrai qu’il ne faut pas attacher trop d’importance à ces détails extérieurs, et que ce qui compte n’est pas la couleur de son tailleur, etc. Et niveau compétences (je n’ai pas dit opinions politiques !!!), il est vrai que c’est une bosseuse, et que personne ne peut contester qu’elle ait de véritables compétences. Ceci dit, il y a fort à craindre que ce n’est pas sous son gouvernement que la cause de la femme avancera en Allemagne, et c’est vraiment regrettable. Car la situation des femmes en Allemagne est réellement catastrophique (parmi les plus importants écarts de salaires en Europe, bien pire qu’en France… pas de choix réel de poursuite de carrière quand le 1er enfant arrive, car les places de crèches sont hyper rares, les « nounous » ne sont pas légion, etc, etc, etc). Sur différents aspects les femmes des autres pays, notamment la France, ont beaucoup de chances de pouvoir concilier travail et famille par exemple. Et je ne parle même pas des autres aspects qui font que la condition féminine en Allemagne est réellement catastrophique. :frowning:

Donc, on verra bien. Mais les espoirs sont minces…

Et comme tu le dis, Elie, tout le monde l’attend au tournant, autant dans son camp que dans les autres partis… Ce qui n’est pas non plus propice à créer une bonne ambiance de travail, et cela augmente encore la pression et les attentes. Et sur ce point, elle n’a pas de chances, c’est vrai.
Mais avec son caractère, et quand on voit son parcours, je ne sais pas si quand on a un caractère comme elle, on tient vraiment compte des attentes et pressions extérieures…

Ah bon ? Il y a eu un reportage au JT de France 2 la semaine dernière qui parlait du taux de fécondité catastrophique en Allemagne et qui montrait la Ministre des Affaires Familiales bien décidée à changer la situation de la Femme en Allemagne afin que les femmes actives puissent concilier travail et famille.

D’ailleurs, Ursula von der Leyen, la Ministre de la Famille est un cas à part : Mère de 7 enfants, elle est l’exemple même de la femme qui réussit à concilier famille et carrière professionnelle.

N’y a-t-il pas de chances qu’elle puisse faire avancer la cause de la femme ?

Nous sommes en train d’aborder ce thème en allemand avec un texte extrait d’un roman de Brigitte Sauzay intitulé Retour à Berlin : ein deutsches Tagebuch. L’extrait a pour titre « Rabenmütter » (mais attendez, ce n’est pas le point de vue Brigitte Sauzay :smiley:). Dans l’extrait étudié, elle raconte comment les mères françaises sont vues chez les Allemands (à mons avis chez les Allemandes en particulier), d’où le titre de l’extrait :wink:. A partir de ce texte, nous avons comparé les mères allemandes des mères françaises.

Là, vous vous trompez un peu, car en allemagne il vaut mieux que la femme ne travaille pas, tout le systeme est fait pour qu’il soit plus rentable qu’une personne de la famille reste à la maison (homme ou femme pour ne pas etre macho). par contre il est prouve qu’aujourd’hui la femme à la maison a un taux d’enfant inferieur à la norme, donc il faut que ces petites femmes aillent travaillees. hors avec un taux de chomage à 10%, c’est pas pres d’arriver! de plus regarder le nombre d’employe dans les magasins et vous verrez qu’en allemagne les gens sont payes à pas grand chose (ex ce matin à la pharmacie j’ai compte 10, pour pas gd monde !), bien souvent ce sont aussi des apprentis payes à 350euro/par mois (l’allemagne le pays des apprentis !!!). l’allemagne est pour moi en plus mauvaise posture que la france (heureusement que par contre les allemands face au travail ne sont pas les francais), je ne citerai aucun exemple des nouveaux cas allucinants de L’ANPE allemande envers des chomeurs (je pense que mon arbre prefere sera d’accord avec moi). ET dire qu’une majoritee de femme l’ont vote, question: « merkel » est elle un futur presage pour la france?

Oui, c’est vrai ce que tu dis Francis : Comme il n’y a pas de SMIC en Allemagne, de nombreux employé(e)s sont exploité(e)s et payés une misère (suffit de voir combien gagne une Artzhelferin, qui est donc une aide médicale qui travaille dans un cabinet de médecin… c’est une horreur… pareil dans les cabinets d’avocats…). Et c’est la même chose pour les jeunes Lehrlinge (personnes en apprentissage).

Ceci dit le système de l’apprentissage comporte aussi des avantages, notamment que les jeunes sont confrontés très tôt au monde du travail et qu’ils peuvent alterner période de formation et travail. Donc, c’est difficile de juger si c’est bien ou pas bien. Il y a des pour et des contre.

Oui le « système allemand » est concu de manière à forcer indirectement un des conjoints à rester à la maison pour s’occuper de(s) l’enfant(s), et qu’il vaut donc presque mieux que l’un des deux ne travaille pas.

Mais ce ne sont pas les hommes qui restent à la maison, mais les femmes la plupart du temps…

Et personnellement je ne partage pas ce genre de valeurs. Je respecte celles et ceux qui sont de l’avis qu’une mère doit rester à la maison s’occuper de ses enfants, mais je ne partage pas pour autant cette façon de voir les choses… car je trouve cela anachronique.

Là c’est tirer des plans sur la comète… :laughing: :wink:

C’est vrai. D’accord, j’ai fait mon expérience dans une ville peu dynamique, où il est presque impossible de décrocher un contrat de travail autre qu’une Aushilfe, sauf accepter d’etre embauché(e) par un salon de massages érotiques. Je me doute que toute l’Allemagne n’en est pas là. Mais d’une manière générale les chiffres relatifs au marché du travail sont décourageants.

En 2005 l’Allemagne a encore perdu des emplois. Le seul secteur qui ait progressé au point de vue de l’occupation est celui des Dienstleistungsfirmen, donc des sortes d’agences qui embauchent du personnel avec un contrat d’Aushilfe et qui fournissent la main-d’oeuvre à d’autres entreprises, ayant besoin de boucher les trous pour des geringere Tätigkeiten. Le salaire d’un Sevicemitarbeiter en contrat d’Aushilfe ne peut en aucun cas excéder les 400 Euros par mois. Aucune cotisation sociale n’est prévue pour ces salariés, qui donc non seulement doivent se contenter d’un revenu dérisoire, mais aussi bénéficient de garanties sociales minimales.

Je n’ai connaissance d’aucun projet viable pour relancer l’occupation. Le gouvernement allemand s’inquiète bien évidemment de se montrer efficace, ce qui revient à améliorer ses statistiques. Une femme qui renonce à travailler est un demandeur d’emploi en moins. Beaucoup de femmes qui prennent la meme décision font baisser le pourcentage de chomeurs. Favoriser le développement du temps partiel permet parfois d’employer deux salariés, là où autrefois on employait une seule personne (modèle britannique). Compte tenu des consequences que tout cela peut avoir sur les revenus des travailleurs dépendants, la consommation devra etre alimentée artificiellement par l’endettement des ménages (modèle américain). C’est batir l’édifice de la croissance sur du sable.

Peut-etre je force un peu le trait, mais j’ai l’impression que c’est la voie qu’on emprunte - et non seulement en Allemagne. :confused:

Alors, oui, il faut bien rendre à César ce qui lui revient… donc il serait malhonnête de dire que la nouvelle Familienministerin ne fait rien. Elle a effectivement lancé une série des mesures pour changer les choses. Il était grand temps…

Mais le doute est permis car que peut bien faire une Ministre seule (vue qu’elle n’est même pas soutenue par tout le Gouvernement, ni même par une part importante de son propre parti…) si ce qui serait nécessaire ce ne sont pas de nouvelles lois mais un véritable changement radical dans les mentalités allemandes ? C’est l’inverse du dicton allemand « mit Kanonen auf Spatzen schießen »… c’est plutôt la petite Ministre face à un défi de taille qui ressemble à une montagne…

Ne soyons pas dupe. :wink:
Comment crois-tu qu’elle a fait pour concilier carrière professionnelle et vie familiale ? :wink: Tu as vu son parcours professionnel ? Et ses origines (filles d’un homme politique) ?

Ce n’est pas dans une famille allemande « normale » que ceci serait possible…

Donc, dire qu’elle est un cas exemplaire me parait très discutable… et je suis surpris que Libé se permette ce genre de déclarations.

Je n’ai pas dit ça. J’ai dit qu’il y a fort à craindre que ce ne soit pas le cas… nuance. :wink:

Alors, faut-il y croire et en rêver ? Je ne sais pas. Car le problème est grave. La situation des femmes en Allemagne est véritablement catastrophique.

Certains seront rassurés de voir que Ursula von der Leyen le dit elle-même : «un changement urgent de mentalité est indispensable afin que les femmes puissent enfin concilier travail et famille».

Donc, au moins nous avons franchi le premier pas : la prise de conscience du problème.

Mais il y a encore beaucoup de chemin à faire maintenant…

Appelqvist, pourrais-tu nous en dire un peu plus STP ?

Par exemple : Quel regard portent les mères allemandes sur les mères françaises ? Et quelles ont été vos observations -et/ou conclusions- lorsque vous avez tenté de comparer les mères allemandes et les mères françaises ?

D’avance merci.

Ursula von der Leyen est une grande bourgeoise, et tout le monde n’a pas ses moyens financiers. Si une mère allemande n’a que l’offre publique abordable à sa disposition, elle ne peut pas travailler.

Si von der Leyen daigne s’intéresser au petit peuple, tant mieux. Mais j’attends de voir. Sa situation personnelle n’est en rien transposable en programme politique.

Quant à Merkel, vu la catastrophe esthétique qu’elle était il y a quelques années encore, le résultat actuel est spectaculaire. Pour un chef de gouvernement, pour une Allemande et pour un cas aussi difficile, je trouve que sa garde-robe et sa coiffure sont très réussies. Bravo aux conseillers.

Bien d’accord avec toi.

Par contre, pour l’absence de smic et de protection sociale pour certains, je ne savais pas… Merci à tous pour vos interventions, c’est très intéressant comme sujet.

PS : pour le look de Merkel, je suis d’accord avec vous. Ceci dit, là où on voit que le machisme a toujours de beaux jours devant lui, c’est qu’il y a tout plein d’hommes politiques moches et mal habillés et eux, personne ne les critique… :unamused: Et de même par rapport à ce que vous avez dit sur les adversaires qui l’attendent au tournant : bien-sûr ça arrive aussi aux hommes, mais quand c’est une femme, on a toujours l’impression qu’on vous attend deux ois plus au tournant…

MOI ! Le ridicule de certains qui ont américanisé leur look en Europe fait mal aux yeux. Les chaussettes de Balladur ont été largement commentées, et rarement en termes flateurs. Le folklorisme vertimentaire de Stoiber et autres CSU en irrite plus d’un à Berlin.

Il y a un uniforme pour les hommes : le costard. Il n’existe pas pour les femmes, alors forcément, ça donne plus d’occasions. Le fait que les hommes de la profession l’attendent au tournant, je ne vois pas vraiment en quoi sa situation est pire que celle de Villepin :unamused:

La seule preuve de machisme, à mon avis, c’est le zèle de certains à critiquer systématiquement, alors qu’ils ciblent plus pour attaquer un homme. Ceci était vrai aussi pour Edith Cresson, qui en a bien plus pris dans les dents en treize mois que Merkel ne devra en supporter de toute sa vie.

C’est exactement ce que je voulais dire.

Elle n’est pas « une grande bourgeoise », elle descend de l’aristocratie, nuance. Donc c’est « encore pire »…

Absolument.

:laughing: C’est pas gentil ça… :wink:

Eh oui… malheureusement.

Qu’il s’agisse de la situation d’un Villepin, d’un Schröder ou de n’importe quel autre Chef de gouvernement, ce serait une gageur que de vouloir comparer ce qui n’est pas vraiment comparable… :wink:

Mais si déjà tu parles de Villepin, je voudrais te rappeler deux choses (entre autres) :

  • Villepin a réussi son pari (« 100 premiers jours ») alors que Merkel en est encore loin, très loin…
  • Villepin est un homme (c’est triste à dire, mais c’est comme ça : nous vivons dans un monde de machistes, et cela joue un rôle).
    Donc dire que la situation de Merkel ne te parait pas pire que celle d’un Villepin me parait un ch’tit peu rapide Elie. :wink:

Surtout que tu sais pertinement, et tu l’as dit je crois, que c’est justement parce que c’est une femme que beaucoup l’attendent au tournant. Donc tu te contredis en quelque sorte… :laughing: :wink:

Exact. Tu vois ! :laughing: :wink: