Apprendre l’allemand à Oulan-Bator

[i]Très loin de l’Allemagne, des élèves mongols apprennent la langue de Goethe à l’école. Une incongruité qui date de l’époque où une partie de l’Allemagne était communiste et avait noué des liens avec ce lointain pays frère en Asie, relate la Frankfurter Rundschau.

Le drapeau de la République fédérale plane sur une grande affiche au-dessus des garçons et des filles de la Humboldt-Schule d’Oulan-Bator. Sur le mur d’en face, on peut lire en grandes lettres noir-rouge-or : “L’allemand, c’est sympa.” La salle de classe donne l’impression qu’un Allemand en visite officielle peut en franchir la porte à tout moment. Angela Merkel est venue à Oulan-Bator [en octobre] dans le but de conclure un contrat portant sur les richesses minières avec le gouvernement mongol. A cette occasion, on a peut-être raconté à la chancelière ce que les gens d’Oulan-Bator, de l’homme de la rue au plus haut responsable politique, rapportent fièrement : 30 000 Mongols parlent allemand. C’est-à-dire 1 à 2 % de la population, un record du monde en dehors de l’Allemagne, de l’Autriche et de la Suisse.

Cette connaissance de l’allemand vient de l’époque à laquelle une partie de l’Allemagne d’aujourd’hui était considérée comme un pays frère socialiste. Des milliers de Mongols ont fait des études dans ce qui était alors la RDA communiste, à Karl-Marx-Stadt, aujourd’hui Chemnitz, à Leipzig, Dresde et Berlin-Est. Aujourd’hui, avec leurs souvenirs et leurs histoires, ils alimentent chez leurs enfants le désir d’aller se former dans l’Allemagne réunifiée. Néanmoins, ceux qui y parviennent sont rares. [/i]

courrierinternational.com/ar … ulan-bator

Si 1 à 2% de la population, c’est un record du monde, alors c’est hors de l’Europe, et pas seulement hors Allemagne-Autriche-Suisse.

Oui honnêtement j’ai tiqué aussi sur ce chiffre !

A titre de comparaison, quel est en France le pourcentage de personnes sachant l’allemand (rapporté à une population de 60 millions) ?
Attention : je ne parle pas des gens ayant l’allemand ou un quelconque dialecte germanique comme langue maternelle !
A propos, j’aimerais savoir comment se dit « l’allemand c’est sympa » : Deutsch ist geil ? Ou « Deutsch ist flott » ? :mrgreen: Ou plus moderne encore : « Deutsch is voll krass geil, ey Alda! » :bad:

Le site de l’ "Alexander von Humboldt- Schule " de Ullaanbaatar (ça s’écrit comme ça en mongol!)

Le mongol s’écrit en caractères cyrilliques ? :question:

En République populaire de Mongolie, oui.Beaucoup de langues non slaves de l’ex Union soviétique s’écrivaient en alphabet cyrillique (mais pas toutes.).

S’écrivait. Depuis 1990, le cyrillique a été abrogé, mais ce site est une preuve de plus qu’il ne suffit pas qu’un gouvernement décrète pour que la population applique.

:open_mouth: Et ils l’ont dit à la population ?

A noter l’auteur Galsan Tschinag qui a étudié la germanistique à Leipzig, du temps de la RDA. Cet auteur mongol est assez connu en Allemagne par ses livres de contes de son peuple, dans un allemand subtil et poétique.

J’avais un extrait de son livre « Der blaue Himmel » en cours, une très belle écriture. Pour ceux qui veulent en savoir plus: fr.wikipedia.org/wiki/Galsan_Tschinag

Et bien merci Dresden.
Il m’était complétement inconnu. :wink:

Le passage à un nouvel alphabet est toujours une question de génération. Si le régime soviétique ou, dans le cas de la Mongolie, le régime d’obédience communiste avaient imposé l’usage de l’alphabet cyrillique pour alphabétiser* rapidement les masses dans leur langue locale et en russe en les endoctrinant, il s’est produit le phénomène inverse lors de la chute du régime communiste ou l’éclatement de l’URSS. Les Moldaves, qui parlent roumain, ont pris l’alphabet latin avec les signes diacritiques propres au roumain (qui s’écrivait autrefois… en cyrillique !). Dans les républiques d’Asie centrale, on a créé un subtil mélange d’alphabet latin et cyrillique pour tenir compte des sonorités locales. Même chose en Azerbaïdjan, de langue turcique, qui a pris l’alphabet latin « alla turca ».
Mais l’ancienne génération qui avait été scolarisée avec l’alphabet cyrillique et qui avait appris le russe comme langue véhiculaire ne pouvait pas se familiariser du jour au lendemain avec le nouvel alphabet latin. C’est pourquoi, dans les bazars de province et à Bakou, la capitale, les commerçants affichent leurs produits en langue azérie, mais en caractères cyrilliques comme ils en ont toujours eu l’habitude. Et dans les bazars des stations de métro, on trouve toujours des livres de poche brochés à bas prix en russe ou en azéri, mais en cyrillique, et souvent en gros caractères, pour tenir compte de la vue déficiente de la vieille génération. Moi-même, si je pouvais très facilement m’entrenir en russe avec les personnes de ma génération, j’avais plus de mal avec les jeunes, qui préféraient passer par l’anglais comme langue véhiculaire**.

  • A noter qu’au Caucase, la Géorgie et l’Arménie, pays christianisés et largement alphabétisés, avaient conservé jusqu’à aujourd’hui leur alphabet assez original, même après l’instauration du régime soviétique. Tandis que l’empire ottoman et les pays du Caucase et de l’Asie centrale conquis sur l’empire iranien utilisaient l’alphabet arabe qui était totalement ignoré des masses. C’est pourquoi l’alphabétisation s’est faite automatiquement avec l’instauration de la scolarité obligatoire, en alphabet latin en Turquie, et en alphabet cyrillique dans les pays d’obédience soviétique, y compris la Mongolie.
    **Néanmoins, les universités russes, Moscou notamment, ont conservé un certain prestige dans les milieux qui utilisaient habituellement le russe comme langue véhiculaire, sans être Russes pour autant.

Donc si je comprend bien ce que tu as écris Andergassen, l’allemand parlé en URSS aurait pu s’écrire en alphabet cyrillique ? :question:

Non, il n’y avait pas besoin d’alphabétiser les Allemands, qui vivaient depuis des siècles sur le territoire russe, et auxquels le régime soviétique, au départ, avait même accordé le statut de république autonome, avec écoles allemandes, presse allemande, etc. Comme je l’ai dit plus haut, les pays chrétiens du Caucase ont conservé eux aussi leur propre alphabet.
Il y avait aussi une revue en allemand, « Neue Zeit », et des journaux en allemand. Mais c’était pour la propagande, pour faire croire que les Allemands étaient une « nationalité » (ethnie) comme une autre, en réalité, depuis leur déportation au cours de la guerre vers le Kazakhstan et ailleurs, les Allemands étaient souvent très mal vus du reste de la population, et exposés à des représailles s’ils étaient pris à parler allemand. Aussi l’usage de l’allemand, même en famille, s’est-il perdu au fil des générations, si bien que les personnes d’ethnie allemande rapatriées en Allemagne, surtout les jeunes, ne parlaient souvent plus que le russe, avec les difficultés que l’on conçoit pour s’intégrer dans le moule allemand et… occidental.

Oui d’accord j’ai compris.
Merci Andergassen. :wink:

ce qui est surtout inquiétant en Mongolie, c’est l’émergence d’une extrême-droite qui se revandique l’héritage du IIIe Reich (dans des proportions hallucinantes).
J’aimerais savoir dans quelle mesure l’engouement pour la langue allemande et ce phénomène sont … déconnectés.