Comme en Allemagne, 2013 est une année électorale chargée pour l’Autriche.
Le calendrier:
20.01: référendum sur l’abandon sur service militaire et du Zivildienst (et donc le passage à une armée professionnelle)
03.03: élections régionales anticipée en Carinthie (suite à diverses affaires de corruption)
03.03: élections régionales en Basse-Autriche
28.04: élections régionales au Tyrol
Avril/Mai: élections régionales anticipée à Salzbourg (suite à un scandal financier)
Fin septembre: élections législatives
Les résultats du référendum sur l’abandon du service militaire et Zivildienst commencent à arriver.
Avec une participation étonnamment haute qui pourrait dépasser les 50%, environ 60% des votants se seraient prononcé pour le maintien du service militaire.
Résultats définitifs attendus vers 19h.
Au Sud-Tyrol, nous subissons le contre-coup de la suppression du service militaire. Du fait qu’il n’y a plus l’option du service civil, on manque de personnel pour les soins aux personnes dépendantes. Et là, il faut faire appel à la main-d’oeuvre immigrée…
Par ailleurs (et je suis le premier à la dire), la suppression du service militaire était en fin de compte une grave erreur. C’était souvent un filet de rattrapage pour des jeunes en perdition à la recherche de repères éducatifs et sociaux inexistants (la discipline !) sans parler de la possibilité d’alphabétisation, d’apprendre un métier, et surtout de passer le permis de conduire. Et surtout, une bonne école de camaraderie, d’entraide et d’émulation. Mais c’est mon point de vue, hein, et mon fils a rapporté lui aussi de bons souvenirs de ses 10 mois de « naja » parmi les « plumes noires ». La vie sportive au grand air des montagnes !
1- Carinthie, sud. Elections anticipées suite à des affaires de corruption. Le Land était gouverné par l’extrême droite depuis 1999. D’abord par Jörg Haider au sein du FPÖ. Celui-ci a fait secession et a créé son BZÖ, qui a pris la relève en Carinthie mais ne s’est jamais imposé ailleurs. En 2010, la majeure partie de ce BZÖ s’est rapproché du FPÖ en créant le FPK. L’enjeu était donc de savoir quel serait le poids de ce « nouveau » FPK, et ce qui resterait du BZÖ.
Résultats: Le FPK s’effondre à 17% (-27.8 pt), le BZÖ se place à 6.5%. Les sociaux-démocrates sont les grands gagnants avec 37.1% (+8.1 pt), ils devraient reprendre les rennes du Land. Les conservateurs ÖVP 14.2% (-2.6), les verts 11.8% (+6.6), Stronach 11.3 (voire plus bas)
2- Basse-Autriche, autour de Vienne. Le Land est un traditionnel bastion conservateur. Petit nouveau dans la partie: Frank Stronach, industriel austro-canadien revenu d’Amérique pour sauver son pays. Populisto-conservateur, il espère récuperer des voix partout, et surtout à droite. Il se présentait lui-même comme tête de liste dans ce Land.
Résultats: ÖVP conserve la majorité absolue avec 51% (-3.5), les sociaux-démocrates 21.6% (-3.9), Stronach 9.8, FPÖ 8.3 (-2.2), les verts 7.9 (+1).
La presse autrichienne et la presse allemandes soulignent à l’occasion des élections au landtag de Carinthie le recul de l’idéologie sulfureuse et du fond de commerce xénophobe de Jörg Haider, le défunt Landeshauptmann de ce land. La « Badische Zeitung " parle même de » fin du Haiderisme = Ende der Haiderei". Elle avance même l’argument:
« Entretemps, les descendants de la clientèle de base de ce parti, qui ont cotoyé sur les bancs de l’école des petits camarades bosniaques, turcs et arabes, ont moins peur d’une prétendue prise de pouvoir de l’Islam. » Article de la BZ
On continue notre tourisme électoral en Autriche, avec ce dimanche, le Tyrol.
Pas de surprise, ni de gros bouleversement du côté des partis traditionnels: les conservateurs de l’ÖVP conservent la 1e place avec 39.6% (-09), le SPÖ 13.8 (-1.6), les verts 12.1 (+1.4), FPÖ 9.6 (-2.8).
Ca bouge un peu du côté des listes alternatives, qui, à force de divisions, n’arrivent cependant pas à s’imposer durablement. Cette fois-ci, aucune n’atteint les 10%.
Dernière étape régionale avant les législatives de cet automne: le Land de Salzbourg
Les élections ayant été anticipées suite à un scandal financier touchant le gouvernement régional, il n’est pas étonnant que les deux partis au pouvoir en coalition accusent une lourde perte: le SPÖ perd la première place avec 23.6% des voix (-15.8), l’ÖVP récupère donc la première place avec 29.2% malgré une perte de 7.3 points.
Logiquement, les autres partis profitent tous de ce recul: les verts 19.9 (+12.5), le FPÖ 17.3 (+4.3) et le petit nouveau Frank Stronach réussit son entrée au parlement régional avec 8.4%
Dernier épisode de cette année électorale chargée pour l’Autriche, les élections législatives.
L’ordre d’arrivée des partis ne change pas.
SPÖ (sociaux-démocrates) 27.1% (-2.2)
ÖVP (conservateurs) 23.8% (-2.2)
FPÖ (extrême-droite) 21.4% (+3.9)
die grünen (verts) 11.5 (+1.1)
Deux petits nouveaux font leur entrée au parlement
Frank Stronach 5.8%
Neos (libéraux) 4.8%
Le BZÖ, autre parti d’extrême droite, n’atteint pas les 4% nécessaires à son maintien au parlement. 3.6% (-7.1).
On s’achemine très probablement vers la reconduction de la coalition SPÖ-ÖVP en place, malgré les presque 5 points de perte et la majorité cette fois-ci très courte.
Ici les résultats détaillés.
A noter: les pertes plus importantes des 2 partis de coalition en Styrie, et donc les bons scores du FPÖ dans cette région, s’expliquent en partie par l’appel de certains élus locaux SPÖ et ÖVP à ne pas voter pour leurs propres partis, pour protester contre une réforme de fusion de certaines communes…
Team Stronach für Österreich, qu’il s’appelle officiellement…
L’extrême droite est plus forte en Autriche qu’en France. Avec le BZÖ et Stronach, ça fait 30%.
Et le gros danger, c’est qu’en Autriche, l’extrême droite est acceptée. L’ÖVP souhaite négocier avec le FPÖ pour une éventuelle coalition, et le SPÖ a annoncé qu’ils collaboreraient avec le FPÖ au parlement pour avoir une majorité la plus large possible lors des votes.
Enfin, les analyses des votes montrent que le FPÖ a un électorat de jeunes (23% des -29 ans, 1e parti dans cette catégorie d’âge), tandis que le SPÖ un électorat de retraités (33% des +60 ans). Résultat, plus le temps passe, plus le rapport de force est en faveur du FPÖ. Rendez-vous en 2018.
Vive le culte de la personnalité, c’est pire que Merkel…
Merci pour tes infos Mislep. Je réitère, c’est effrayant de voir une extrême-droite totalement acceptée, surtout par les jeunes (cela dit le FN aussi monte chez les jeunes). Je te souhaite bien du courage pour supporter cela…
Combien de temps va durer les transactions pour un nouveau gouvernement, ou est-ce déjà chose faite?
Ca y est, c’est fait. Un « nouveau » gouvernement a été mis en place. Même chancelier, en grande partie mêmes têtes, mais à des postes plus ou moins différents. A noter Sebastian Kurz (ÖVP), 27 ans seulement, est nommé ministre des affaires étrangères.
Exactement. Mitterrand a nommé Laurent Fabius en 1984 comme le plus jeune premier ministre. Mais il était 37 ans et il a travaillé dejá depuis 11 ans dans plusieurs functions (aussi comme ministre) pour l’etat francais.
Il se murmure que la nomination d’un jeune beau-gosse à un poste d’une telle importance devrait servir à faire concurrence au chef de l’extrême-droite aux yeux bleus et aux dents parfaites, HC Strache, qui arrivent à attirer l’électorat jeune par son look et son attitude cool… Qu’ils aient « sacrifié » les affaires étrangères pour ça n’est pas si étonnant: sur la scène internationale, l’Autriche brille par son absence. Même à l’heure où chaque pays se faisait un devoir d’être représenté à la cérémonie d’hommage à Mandela, l’Autriche n’a envoyé que Reinhardt Todt, président du Bundesrat et inconnu du grand public.