Beate Uhse ou l'histoire d'une "féministe" d'après-guerre

bon… sujet pas évident… mais je me lance… je viens de découvrir Beate Uhse.
Certains vont faire des yeux comme ça :astonished: en pensant de suite… à la marque de lingerie féminine (voir à tendance pornographique) qui fait fureur en allemagne.
On va laisser cette partie de côté si vous le voulez bien… tout le monde sait qu’ici, nous ne sommes pas tous majeurs :wink: :wink:

(je me réserve le droit de faire disparaître ce topic au fin fond des messages en quarantaine si je trouve qu’il prend une mauvaise pente)

Alors Beate Uhse, née le 25 octobre 1919, décédée le 17 Juillet 2001.
(extrait de ce lien liberation.fr/portrait/01011 … mperatrice)

Fille d’un grand propriétaire terrien et d’une des premières femmes pédiatres, Beate a grandi en Prusse orientale et très tôt rêve de métiers de garçon. A 17 ans, elle passe son brevet de pilote d’avion. Enrôlée pendant la guerre dans la Luftwaffe, elle sert le Reich nazi jusqu’à ses tout derniers jours. Elle ne s’enfuit de Berlin, en avion, que devant l’arrivée imminente des troupes russes, en avril 1945. «Quand j’étais jeune, j’étais bien sûr enthousiaste, glisse-t-elle, pressée de ne pas s’attarder sur ce chapitre de sa vie. Je me suis laissé éblouir par Hitler, comme des millions d’autres Allemands à l’époque.»

Avec la même énergie qu’elle avait mise à devenir pilote sous le IIIe Reich, Beate Uhse se reconvertit vite au monde nouveau de l’après-guerre et au marché noir. «La guerre m’avait tout pris: mon mari, tué au combat, mes parents, tués par les Russes, et mon métier de pilote, puisque les Allemands étaient interdits de vol après la guerre. C’est là que j’ai appris que dans toute perte se trouve aussi une chance de recommencer quelque chose de nouveau.» Dans le village du Schleswig-Holstein où elle a atterri en fuyant Berlin, les campagnardes s’adressent à elle, femme éduquée venant de la ville, pour demander comment ne pas tomber enceinte au retour de leurs maris. Beate Uhse se souvient de la méthode Ogino, dont sa mère lui avait parlé. Elle emprunte le livre dans une bibliothèque, le photocopie et le vend à l’exemplaire, 2 Reichsmarks: «Voilà comment tout a commencé.»

Pour «satisfaire les demandes de ses clients», Beate Uhse se charge de leur procurer préservatifs ou manuels d’information sexuelle et démarre ainsi une petite «maison de vente par correspondance pour l’hygiène du couple». Dans les années 50, elle sillonne l’Allemagne au volant de sa petite voiture chargée de «colis de plaisir», pour réduire ses frais d’expédition. Dans les années 60, elle s’initie aux règles du marketing moderne, aux Etats-Unis. Parcourt «des mètres et des mètres» de thèses sur le management. «Le succès ne m’est pas tombé du ciel», soupire-t-elle.(…)

Etonnant non la vie de cette femme, qui sert le IIIème Reich, qui quitte l’allemagne, qui y revient, qui porte aide aux femmes sur un sujet aussi difficile que la contraception en période d’après-guerre, et qui en fait un réel business à tel point que son entreprise fonctionne toujours et encore !

sa vie en quelques dates (toujours issus du même lien)

Beate Uhse
née le 25 octobre 1919. Naît à Wargenau (Prusse-Orientale).
1936. Obtient son diplôme de pilote d’avion.
1945. Sert jusqu’en avril dans les rangs de la Luftwaffe.
1948. Vend 32.000 exemplaires de la méthode de contraception Ogino.
1962. Ouvre son premier sex-shop, à Flensburg.
1993. Franchit le seuil des 100 millions de marks (350 millions de francs) de chiffre d’affaires.
1994. Obtient son diplôme de plongée en haute mer.
Décédée le 17 Juillet 2001.

bref… l’histoire d’une femme libérée dans l’allemagne d’après guerre.

:astonished: Tu fais une blague toi ou quoi :smiley:
Beate Uhse ? Une féministe ? :laughing:
Peut-être ce mot en français dit autre chose qu’en allemand. :unamused:
Normalement c’est/était l’habitude des féministes d’ici de casser les fênetres des sexs shops de Beate Uhse. :tomato:

je pensais au terme « féministe » dans le sens « ayant fait avancer les femmes » (sur un plan sexuel et contraception) :wink:

mais je peux mettre « histoire d’une FEMME d’après-guerre » si tu veux :wink:

Pas à cause de moi… mais si les féministes militantes arriveront chez nous… :tomato: elles vont jeter des tomates :stuck_out_tongue:
Quant à la Madame Uhse. Elle était bien sûr une femme très éclairé qui doit lutter contre la pruderie pour…
… yep gagner bcp de fric en satisfaisant et en stimulant notament les phantasies :olympic: des hommes…

j’étais sûre que tu ne retiendrais que le côté « fantaisie sexuelle »…

mais franchement… une femme dans les années 50 qui distribuent des préservatifs et des manuels d’information sexuelle… fallait oser non ??

Je ne la connais pas, mais je suis le même raisonnement que Kissou… Peut-être un point de vue franco-français (= non traumatisé par le féminisme poussé à l’extrême) ?

Bien sûr qu’il fallait oser, à cette époque la sexualité c’était tabou!

Uhse, c’était un peu « l’orgasme pour toutes ». Démarche proche des féministes intellectuelles françaises. Les « Emanzen » à l’allemande, c’est largement plus radical. Le refus de la pornographie est la partie émergée de l’iceberg. Les ultraféministes germaines étaient à l’époque carrément anti-hommes. Contrairement à Uhse qui trouvait la sexualité formidable pour tous et toutes, les ultraféministes ont avant tout voulu détruire les repères anciens, se déféminiser au sens où le perçoit les hommes. Uhse s’y opposait en posant le problème autrement : femme aimant les hommes, c’est dans la sexualité partagée que l’orgasme pour toutes devient possible. Les Ultraféministes, elles, ne revendiquent pas l’orgasme mais l’égalité socio-économique en oubliant le reste.

Personnellement, je trouve que l’un n’exclus pas l’autre. On peut être femme, avoir un compte en banque correct et des orgasmes satisfaisants.

je ne croit pas que l´on peut la classée de feministe, car le feminisme refuse la pornografie, mais plutot « d´esprit libre ». ça demarche , n´est pas neutre, elle a vite compris qu´il y avait un crénau á prendre apres la guerre. je dirais qu´elle est une libertine libérée, l´egalitée sexuelle de la femme oui,mais sans plus. Elle n´a pas ecrit des livres sur les droits de la femme comme Simone de Beauvoir par ex.

jean luc :wink:

Bien j’ai pas de idée et experiences concernant la féminisme à la française, ses « influences sociales » et certaines différences francoallemand
Mais je ne crois vraiment pas que un mouvement animé par Simone de Beauvoir avait une autre « base », des autres raisons, autres effets que la féminisme crée au autre côté de la Rhin.
Mais Ca sera une discussion bien interessante. A suivre sur BF ou ici :unamused:

Quand même je crois que la féminisme en rapport avec Beate Uhse : ce sont trop des mérites pour une femme qui avait seulement « dans sa tête » son compte en banque. Ca serait une « insulte » de toutes les vraies féministes à la façon Clara Zetkin, Rosa Luxemburg, Simone de Beauvoir qui ont lutté pour les égalités de droits fundamentale… pas reduit seulement sur un contexte sexuel. Acheter des préservatifs c’est trop peu pour se trouver parmi les vraies grandes dames de la féminisme !!!

:merci: cristo.

Je suis moi-même très choquée que l’on puisse qualifier de féministe une femme comme Uhse, dont l’émancipation, la libération des femmes était le cadet des soucis !!! le fric et c’est tout ! D’ailleurs qu’attendre d’autre d’une fervente admiratrice de Hitler qui se lance dans le marché noir après la guerre avant de trouver LE filon ?!

Qu’à la rigueur, on la qualifie de provocatrice ou de femme libérée, passe encore… mais de féministe !!! Ne galvaudons pas des mots qui ont une valeur tout à fait respectable, n’en déplaise aux détracteurs ou détractrices du féminisme !

bon… j’avais écris « féministe » au sens large… mais je vois que la plupart d’entre vous bloque sur ce terme… (j’ai bien dit que je pouvais l’enlever ! ) …

Pour ma part, le mot « féministe » dans son sens large, concerne une femme qui a aidé à faire avancer la cause des femmes.
Beate Uhse en conseillant ses voisines sur les méthodes contraceptives de cette époque, en leur expliquant leur féminité, a contribué à faire avancer la cause des femmes d’après-guerre, et en cela elle m’apparaît comme une féministe.

sa double face de « je soutiens Hitler / je crée une entreprise de sous vêtements féminins (qui vire ensuite au porno) » n’entre pas en ligne de compte dans le côté féministe que je lui trouve !

Je découvre, et je vous fais découvrir, une femme à 2 facettes, une femme qui a choisi d’émanciper une certaines catégories de femmes, de relations sexuelles forcées, et d’enfants non désirés.
Certes, elle en a fait un business… et ce côté m’épate tout autant que son « discours » sur la contraception. A l’heure où certaines femmes se seraient tapies dans l’ombre pour faire oublier leur fanatisme envers Hitler, celle-ci a choisi de se montrer au grand jour, de défendre les femmes, jusqu’à en faire un business… qui… fonctionne encore aujourd’hui !
Cela démontre, s’il était besoin, que les femmes d’après-guerre pouvaient avoir de la suite dans les idées :wink:

Certes elle n’arrive pas à la cheville d’une Simone de Beauvoir (personnellement… je n’ai aucune admiration pour Beauvoir…)et encore moins d’une Simone Veil (que j’admire… au contraire de Beauvoir), mais je trouve simplement que Beate Uhse a sa place sur ce forum :wink:

Je mets de ce pas « féministe » entre guillemets :wink:

Navré de vous énerver, mais je trouve au contraire que la revendication d’indépendance sexuelle est le début de tout féminisme. L’orgasme est le combat indispensable : seule une femme qui s’est réapproprié sont corps et s’émancipe de la tutelle du devoir conjugal sous dictat masculin peut prétendre à quelque liberté.
Uhse, c’est avant le féminisme au sens où vous l’entendez, mais c’est un passage obligé. De plus, c’est une prouesse visionnaire de réconsillier les femmes avec le sexe alors que des générations de maris se sont épuisés à les en dégoûter à coup de viols dans le lit conjugal. Une dimension socio-économique et culturel du féminisme est indispensable, certes, mais dénigrer la sexualité, c’est aliéner les femmes… souvent avec leur accord, d’ailleurs.

Pour une fois, on est d’accord! :smiley:
Pour nous, la contraception c’est limite « inné », a l’époque c’était tabou et c’est bien pour ça que les femmes avaient X enfants et qu’on pratiquait les avortements clandestins à la pelle… Elles étaient sous la domination de leur mari et n’étaient pas maîtresses de leur corps!

… ravie de voir qu’un homme et une femme partagent tout de même mon avis…

une femme qui se bat pour la cause des femmes, même si elle en tire profit, et toujours une féministe, que son « combat » se situe au 17ème siècle ou au 20ème siècle

Si je vous comprend bien les maris etaient, des violeurs, et les femmes des victimes. je trouve vos propos tres reducteur sur la vie des couples il y a 30 ou 40 ans.Je croit que la realitée etait plus complex que ça. Car la societée civile avance plus vite que la loi.

jean luc :wink:

Pas forcément des « violeurs » mais quand ils avaient envie, fallait que la femme s’exécute! Et ça, ma grand-mère le confirme! Elle a eu 3 enfants et 8 avortements (clandestins), tout ça parce qu’ils n’avaient aucun moyen de contraception et que papy aimait bien le sport de chambre! :mrgreen:

je prefére ça, lá on est d´accord. Petite precision á cette epoque la loi disait qu´il y avait pas viol entre epoux. :wink: La contraception a etait legalisé en 1967.Quand á Beate Uhse wikipedia parle d´une femme qui a fait beaucoup pour l´education sexuelle, mais jamais comme feministe, les deux chose ne sont pas incompatible, mais fort differente.L´education sexuelle c´est epanouissement de la femme par le sex, le feminisme c´est l´épanouissement par les même droits que les hommes.
de.wikipedia.org/wiki/Beate_Uhse

jean luc :wink:

:smiley: vraiment ?

je suis presque d’accord avec toi mais je dirais quand même plutôt que cela peut en faire partie (ne tombons pas non plus dans le piège d’une autre forme de pensée unique bien branchée). Quoi qu’il en soit, Il n’y a que les détracteurs du féminisme pour penser que les féministes politiques soient juste des « mal baisées », comme cela est dit si vulgairement bien souvent.

Mais, à mon sens ce n’est pas le sujet. Ou, plus précisément ce n’est pas une relation strictement symétrique. Il ne suffit pas d’être une femme sexuellement épanouie pour être une féministe ! Et la pornographie, quant à elle, est à mon sens parfaitement incompatible avec le féminisme.

Mais bon, je ne vais pas continuer à polémiquer sur le personnage, qui m’est tout à fait antipathique et dont je trouve qu’elle dessert la cause des femmes bien plus qu’elle ne la sert : je sors. :coucou:

C’est pas une question de loi. La loi, elle suit les pratiques de la société. Autrefois, la loi elle mettait les homos en prisons, doit-on en déduire que c’était une bonne chose parce que c’était dans la loi ?
Donc on ouvre le dictionnaire au mot viol et on lit : « Rapport sexuel imposé à quelqu’un par la violence, obtenu par la contrainte ». En somme, tout rapport sexuel non désiré.

Bah et l’épanouissement sexuel, c’est pas un droit ?

Mais si j’en crois Wikipédia, Uhse n’a rien à voir avec la pornographie ?