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Cinquante ans après son édification, la capitale allemande ne laisse plus aux seuls marchands du temple le soin de faire revivre les vestiges d’un passé qui l’a durablement meurtrie.
Potsdamer Platz, un après-midi d’août. Les touristes attendent sagement leur tour devant le petit homme qui transpire dans son uniforme de soldat est-allemand au vert passé, aux coudes éculés. Sur les marchés aux puces de Berlin, les surplus de la Volksarmee, l’armée populaire de RDA, se dénichent encore facilement et sont vite rentabilisés. Sur cette place cernée par les buildings, l’homme engoncé dans son costume monnaye deux euros le coup de tampon sur le passeport. Les touristes sont contents, ils repartent avec le visa du secteur soviétique à l’encre bleu pétrole.
En 1989, le Mur tombe mais Berlin reste meurtri. «Comme ces prisonniers qui veulent se débarrasser de leurs habits de détenu à leur libération, les Berlinois ont voulu se débarrasser du Mur. Le plus vite possible. C’est normal. En 1789, quand les Parisiens prennent la Bastille, ce n’est pas pour en garder des bouts», décrypte Axel Klausmeier, historien, qui dirige la Fondation du mur de Berlin. La quasi-totalité du monstre de béton a disparu. Sur ses 155 kilomètres, on a laissé 1 200 mètres le long de la rivière : c’est l’East Side Gallery, recouverte de fresques d’artistes du monde entier. Lifté, le «mur de protection antifasciste» dont Walter Ulbricht a voulu l’édification en août 1961 devient esthétique.[/i]
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Je suis sur la Potdamer Platz, devant moi le Mur : La RDA. Derrière moi Berlin-Ouest : La liberté.
Je me dis :"Je fais au cauchemar ? Oui, car je suis à Berlin mais nous sommes le 09 novembre 2009.
Je suis un Parisien sur la Potsdamer Platz. Je regarde la ligne, cette ligne qui autrefois séparait. Elle est tout autre à mes yeux maintenant. Cette ligne est comme un fil conducteur de ma propre vie. Désormais je peux nouer les deux lignes ensemble. Deux expériences différentes, mais d’une seule et même Histoire, voici ce qu’elles dessinent sur le sol de Paris et de Berlin. Toutes deux parlent de liberté, d’égalité, de fraternité, de responsabilité. Une mémoire partagée. Un présent uni. L’Histoire nous a autrefois séparés. La mémoire nous réunit. C’est ce que nous pouvons lire entre les lignes du passé.
Je ferme les yeux, mais je le sais maintenant : une partie de moi est resté à Berlin-Ouest ce fameux jour du 09 novembre 1989.
Je ferme les yeux, mais je le sais désormais : une partie de moi est devenue citoyen de cette ville de Berlin-Ouest le 09 novembre 1989.
'Sie verlassen jetzt West-Berlin ».
En hommage à Peter Fechter (1944-1962).
Une croix a été placée du côté ouest, près de l’endroit où Peter Fechter reçu le coup de feu et est mort.