Vous allez dire que les Parigots ont de la chance, et la germanophile cinéphile que je suis ne dira pas le contraire.
Le Christian Petzold, de il n’y a pas longtemps à Paris, c’était le portrait splendide de Barbara, film qui a enthousiasmé pas mal de gens ici, je crois, hein
Le Christian Petzold d’aujourd’hui à Paris c’était dans le cadre des manifestations autour de l’exposition de l’Allemagne du Louvre. Le rapport avec l’exposition, je ne l’ai pas vraiment compris, par contre j’étais très contente d’assister à la présentation du film Fantômes (Gespenter) en sa présence.
L’homme, le réalisateur, un garçon très spontané, à la gentille cinquantaine, un physique de brun ténébreux au le regard pétillant et surtout une réelle simplicité. L’interviewer, Pierre Gras un spécialiste du cinéma allemand qui a d’ailleurs entre autre beaucoup écrit sur Alexander Kluge et le livre « le cinéma allemand depuis la réunification ». Au début de la séance un échange de questions réponses entre les deux hommes et on apprend, si on ne le savait pas déjà que Petzold a été très influencé par Kluge, et a participé à des projets télévisuels avec ce cinéaste avant-gardiste des années 1960, toujours très actifs. De plus ils ont en commun l’intérêt envers les œuvres de Gerhard Richter. Après son film « contrôle d’identité » les spécialistes du cinéma le placent d’emblée comme chef de file de l’école de Berlin, « la Nouvelle Vague » allemande.
Maintenant venons en au film, il est le dernier dans une trilogie : contrôle d’identité (2001), l’ombre de l’enfant (2003). Parmi les acteurs se trouvent deux acteurs français, Marianne Bassler et Aurélien Recoing.
Françoise jouée par Marianne Bassler vient régulièrement à Berlin car elle espère retrouver sa fille, Marie, enlevée des années auparavant et portée disparue. Son mari Pierre (Aurélien Recoing) vient la rejoindre. Puis il y a Nina, une jeune femme à peine sortie de l’adolescente qui, faisant partie d’un groupe de jeunes gens encadrés, enlève les ordures du Tiergarten. Cette jeune fille vit dans un foyer pour jeune, passant de famille d’accueil en famille d’accueil.Soudain Nina assiste à une scène, une autre post-adolescente est violentée non loin d’elle et perd une de ses boucles d’oreilles. Elle arrive juste à temps pour que l’autre jeune fille, Toni ne soit pas plus agressée, elle l’aide et la conduit jusqu’à sa son centre d’accueil. Puis il y a une certaine Suzanne qu’elle doit rejoindre et elle laisse Nina. Pourtant elle revient et à partir de là se construit une amitié entre les deux jeunes femmes. Ensembles, elles volent des vêtements dans des magasins H et M. Et l’on voit la caméra de surveillance au moment où elles sortent du magasin. Mais ce n’est pas un agent de sécurité qui les arrête, mais Françoise qui croit reconnaître en Nina la fille disparue. Toni croit son amie menacée par une femme pervers, l’éloigne de son amie et lui prend son sac. Les deux jeunes filles se présentent à un casting, elles portent toutes deux un tee-shirt sur lequel est écrit « Freudinnen » et doivent raconter l’origine de leur amitié. Après de longue hésitation, Nina raconte au début avec une touche de vérité, puis elle fait de son amie, une héroïne de bal de collégiens. Ce récit émeut suffisamment celui dirigeant le casting pour inviter les deux jeunes filles à une soirée. Finalement Nina se retrouve seule, son amie est partie et elle retrouve Françoise. Elle s’identifie à l’enfant que Françoise recherche. Cependant Pierre coupe court à cela en déclarant « Marie ist tod » arrêtez tout cela, et ma femme est très malade.
Nina laisse le couple et retourne dans le parc où elle a laissé le sac à main volé et découvre que l’enfant recherché par mari lui ressemblait. Est-elle un fantôme de Marie.
Selon Christian Petzold
Ce qui m’a amusé dans le film : ce chassé croisé entre deux langues le français des deux parents meurtris, l’allemand étrangement parfait malgré un accent français bien présent de Françoise. L’amitié entre les deux jeunes filles, frisant l’homosexualité au prise aux regards voyeurs de l’organisateur du casting" soudainement corrigé par une gifle de sa femme. La scène suivant étant d’ailleurs le rire des deux post-adolescentes.
Je n’avais remarqué qu’il y avait autant de fantômes à Berlin, après ceux de Wim Wenders, voici ceux de Christian Petzold.
De plus je me suis demandée si C Petzold n’était pas intéressé par les rapports mère-fille entre une femme qui s’identifie à la mère de l’autre et l’autre que se prend d’amitié. Un peu comme la médecin Barbara offre sa place à la jeune meurtrie sur le bateau lui permettant de fuire à l’Ouest, Françoise pourrait être une lueur d’espoir pour Nina. Cela ne sera pas le cas, car Françoise est une femme qui ne vit qu’avec ses fantômes du passé.