Source: les Nouvelles d’Allemagne du 28/10/05. Photos: www.frauenkirche-dresden.org
Avec la consécration de la Frauenkirche, Dresde célébrera dimanche le dernier acte d’une reconstruction historique
Dresde aura, dimanche, rendez-vous avec l’Histoire. Avec celle de la ville, douloureuse et encore très présente dans les mémoires de ses habitants, avec celle de l’Allemagne et de l’Europe, mais aussi avec le symbole de réconciliation internationale qu’incarne désormais son Eglise Notre-Dame (Frauenkirche). Soixante ans après la destruction de ce joyau baroque dans un bombardement, quelque 100 000 personnes sont attendues pour la consécration de l’édifice fidèlement reconstruit dans le centre historique de la ville. La cérémonie officielle, en présence du président Horst Köhler et du chancelier Gerhard Schröder, sera le dernier acte d’une résurrection tardive, rendue en grande partie possible grâce à la générosité internationale.
Les 13 et 14 février 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, trois bombardements alliés détruisent en grande partie le centre-ville de Dresde, et font de très nombreuses victimes. Dans le magnifique centre historique baroque de la capitale saxonne, la Frauenkirche, ravagée par les flammes, se dresse encore près de deux jours durant, mais elle finit par s’effondrer à son tour. Un projet de reconstruction voit le jour après la guerre, mais il est vite abandonné. Pendant plusieurs décennies, la Frauenkirche laissera ainsi la place à un immense champ de ruines, que ne surplomberont plus que quelques éléments du chour et de la tour carrée située au nord-ouest.
A partir de 1982, en pleine Guerre froide, plusieurs milliers d’habitants de la ville commencent à se rassembler chaque année, le 13 février, autour des ruines de l’édifice. A la lumière des bougies, ces citoyens de RDA entendent protester contre la course au réarmement à l’est et à l’ouest. Ils transforment progressivement ce symbole de destruction en un symbole du mouvement de paix en RDA. Après la chute du Mur de Berlin, ils continuent à se rassembler. L’initiative citoyenne est emmenée par le trompettiste Ludwig Güttler. Le 12 février 1990 est lancé l’"appel de Dresde en faveur de la reconstruction de la Frauenkirche.
Bien que controversé à l’origine, cet appel va trouver un large écho auprès de nombreux donateurs dans le monde entier. 60 % (100 millions d’euros sur 179) du coût de la reconstruction a été supporté par des dons privés. En tout, 600 000 particuliers, entreprises ou institutions ont contribué. Grâce à eux, après l’évacuation des 22 000 mètres cubes de décombres, en 1993, la première pierre du nouvel édifice a pu être posée en mai 1994.
Objet d’un débat sur l’idée-même de reconstruire entièrement des édifices détruits, la Frauenkirche a été reconstituée à 43 % à l’aide de pierres historiques. 3539 éléments de la façade extérieure proviennent ainsi des 7110 éléments d’origine puisés dans les décombres de l’église construite entre 1726 et 1743 sur les plans de George Bähr. La reconstruction aura duré douze années en tout, et elle aura été suivie étape par étape par les habitants de la ville et par l’opinion publique. En juin 2003, des dizaines de milliers d’habitants de la ville se sont ainsi rassemblés pour entendre les cloches de leur église sonner pour la première fois après 58 ans de mutisme. Trois mois plus tard, les échafaudages disparaissaient, dégageant la vue sur la coupole de grès et replaçant enfin la silhouette de la Frauenkriche dans le paysage du centre historique. En avril et en juin 2004, la construction de l’extérieur du bâtiment s’achevait enfin, avec la pose de la dernière pierre, à 78 mètres de hauteur, et celle de la croix en haut du clocher. A la mi-septembre 2005, la mise en place du nouvel orgue marquait la dernière grande étape de la reconstruction intérieure.
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