corporations d'étudiants

Mon correspondant, à l’époque où il était étudiant à Heidelberg, faisait partie d’une « studentische Verbindung », en l’occurence une « schlagende Verbindung » répondant à un nom latin dont je ne me souviens plus, avec tout le folklore qui s’y rattache; Mensur (combat au sabre avec un rituel immuable), Studentenlieder (j’en ai appris des tonnes, à l’époque), couleurs, uniformes, etc, etc, etc…!
J’aimerais savoir si, aujourd’hui, ce type d’organisations perdure, si elles ont du succès auprès des étudiants, ou bien si elles sont un phénomène marginal.
:wink:

Sujet très interessant et … délicat, michelmau!

Chez nous en Suisse, ça existe, schlagend ou non, surtout dans le milieu des (futurs) juristes et économistes, ils ont (à tort ou à raison) la réputation d’être des grands buveurs de bière très conservateurs, souvent cathos, parfois nationalistes. Mais il parait que les relations faites au sein d’une Verbindung peuvent (pouvaient?) grandement faciliter une carrière professionelle. Mis à part les deux disciplines mentionnes, le phénomène reste marginal. L’étudiant « lambda » n’est pas membre d’une Verbindung quelconque. A l’époque, nous, on prenait soin de ne pas se mélanger avec eux. Eux, c`était eux, nous c’était les étudiants « normaux » :wink:

En Allemagne aussi, ça existe. Mais dû à l’histoire allemande, les Burschenschaften, Verbindungen etc trainent une réputation (encore) plus complexe. Les Verbindungen de Francfort par ex. ont sur leur site une page entière rien que pour se défendre contre les « préjugés »: Non, nous ne sommes ni nationalistes, ni racistes, normalement les étrangers sont admis, mais pas les femmes…

frankfurter-verbindungen.de/vorurteile/

Et des rassemblements de jeunes en groupes disciplinés et surtout en uniformes, ça passe mal pour beaucoup de gens, vu l’histoire récente…

« Ehre, Freiheit, Vaterland »

Historiquement, les Verbindungen jouaient un rôle important dans la periode des luttes contre les ancien régimes et les mouvements romantiques de formation de la nation allemande (en Suisse pareillement, pendant la « révolution » réussi! de 1847/8, qui est à la base de la constitution et de la république fédérale d’aujourd’hui).

Mais, en Allemagne, pendant la periode du Reich et de la Weimarer Republik, avant la prise de pouvoir par les Nazis, le rôle des Verbindungen était beaucoup plus contesté et contestable…

Aujourd’hui, de tous les étudiants aux universités allemandes les membres actifs d’une Verbindung ne seraient que env. 1 à 2%

Le défunt Jörg Haider était membre d’une « schlagende Verbindung ». C’est d’ailleurs dans ces milieux que se recrutent les meilleurs éléments de l’extrême-droite autrichienne (« Libéraux »).

Merci pour vos informations, qui confirment le positionnement franchement « droite nationaliste » de ces Burschenschaften.
Au temps de ses études, mon copain avait des positions politiques qui allaient dans ce sens.Heureusement, comme tout un chacun, il a évolué dans le bon sens,…enfin, dans ce que j’estime être le bon sens! :slight_smile:
:wink:

Martin Graf, député du FPÖ est membre de la « Wiener akademische Burschenschaft Olympia », connue pour ses liens avec les milieux néonazis… ce type vient d’être élu 2e vice président du Nationalrat (assemblée nationale) :unamused:

A Tübingen, les différentes Verbindungen défilent au flambeau (et se mettent sur la tronche à l’occasion) lors de la nuit de Walpurgis, le 30 avril.

Ca s’appelle le Maiensingen, dixit Wikipedia, soutien de ma défaillante mémoire. :wink:

Autre page wiki, très complète (allemand), sur les farbentragenden Studenten (= membres des Verbindungen) écrite par un amateur de la chose mais pas trop biaisée pour autant. Elle confirme l’évolution du mouvement:

  • contestataire et moteur de l’unification allemande avant 1848*
  • élitiste et pro-Reich sous la monarchie des W.
  • de droite (et droite extreme) pendant la Weimarer Republik
  • interdit (ou plutôt absorbé) par les nazis
  • interdit (d’abord) par les forces d’occupations
  • rétabli dans les années 50
  • marginalisé par les mouvements 68
  • fortement critiqué par la gauche
  • autodéclaré « neutre » :unamused: aujourd’hui

de.wikipedia.org/wiki/Couleur

*parmi les membres sont cités: Karl Marx, Heinrich Heine, Wilhelm Liebknecht

Parmi les attributs d’un étudiant appartenant à une Burschenschaft combattante, « der Schmiß », que je traduirais par la balafre.Le combat rituel au sabre était très réglementé et il consistait en « moulinets » executés au dessus de la tête, toujours dans le même sens.Les deux adversaires portaient une sorte de « grillage » sur la partie supérieure du visage afin de protéger les yeux et le nez.Le fin du fin était de donner ou de recevoir la balafre sur la joue (droite ou gauche), je ne me souviens plus exactement et cette balafre était un signe physique de reconnaissance entre membres de ces corporations et considéré comme une preuve de courage physique.En raison du rituel très strict du combat, la balafre était toujours du même côté!Malheur à celui qui, ayant été blessé au visage dans des circonstances toutes différentes et du mauvais côté, voulait faire passer sa cicatrice pour un souvenir de sa glorieuse vie d’étudiant…il devenait immédiatement le cible des railleries et du mépris.

Source; ce que m’avait raconté mon corres il y a très , très longtemps de cela.

:wink:

Avait-il lui-même un Schmiss?

Même pas! :wink:
:wink:

Pfff… mais un beau Vollwichs, au moins, j’espère… :wink:

Les nichtschlagenden ne sont pas tous de droite. Un but est: les vieux ouvrent les chemins professionels (ca se comprend?) pour les jeunes. Pour cette raison, il y a maintenant même des Studentinnenverbindungen, parce que les femmes sont exclues des Verbindungen traditionelles et surtout des schlagenden. Mais elle veulent aussi créer des « Netzwerke » (en francais?) pour s’entraider à trouver une bonne position.

En photo seulement! :cry:

Ca ressemble alors étrangement aux « sororities » des universités US.
:wink:

des réseaux.