KLaus Barbie, criminel de guerre nazi, a été livré à la France le 04 /02 /1983.
De 1942 à 1944, il commandait la GESTAPO de Lyon. C’est là qu ’ à l’Hôtel Terminus, il a , de sa propre main torturé des hommes, des femmes et même des enfants.Sur son ordre, plus de 14.000 juifs et résistants ont été déportés et assasinés dans les camps d’extermination des SS (parmi eux, les enfants juifs d’Izieu et Jean Moulin, chef de la résistance.) Pour ces motifs, un tribunal français l’avait condammné à mort par contumace, à la fin de la guerre…
La carrière nazie de Barbie avait commencé en 1935 (il avait alors 21 ans).En 1935, il devint membre des « services de sécurité » , corps d’élite de la SS.Dans la hierarchie national-socialiste, il accèda rapidement au grade d’ Obersturmführer SS (lieutenant).
En novembre 1942 , il fut affecté à Lyon où , alors âgé de 29 ans, il prit en charge le commandement de la police et du service de sécurité.
Peu avant la fin de la guerre, il se volatilisa dans la nature. En 1946, les alliés mirent le « boucher de Lyon » sur leur liste des personnes recherchées.Un an plus tard, il figurait pourtant sur la liste des salariés du Counter Intelligence Corps (CIC). Les services secrets de l’armée US avaient , en effet , réussi à le faire prisonnier et à l’engager , malgré son passé nazi, comme « informateur ». Selon Erhard Dabringhaus, l’officier US dont il dépendait au sein du CIC :" Barbie était un chasseur farouche de communistes ." Durant la guerre froide, il parut judicieux aux Américains d’utiliser les connaissances de Barbie en matière d’activités communistes en Europe.
Ses commanditaires américains protégèrent même Barbie lorsqu’en 1951 il s’enfuit en Amérique du sud - d’abord en Bolivie , où, sous le nom de Klaus Altmann, il se construisit une nouvelle vie.Il établit alors des contacts avec divers représentants des dictatures militaires.En 1952, cet ancien spécialiste des interrogatoires et de la torture hitlérienne contribua à la création de la police politique bolivienne. et devint accèssoirement fondateur et propriétaire d’une ligne de navigation maritime avec filiale à Hambourg. En outre, Barbie-Altmann vendait des armes et conseillait la lutte anti-guerilla.
En 1966, les services de renseignements allemands (Bundesnachrichtendienst _ BND) l’engagent comme agent (sous le pseudonyme de « Adler », matricule V-43118) et attestent qu’il a , à ce titre, touché des primes à la performance (Leistungsprämien).
Peter Hammerschmidt, historien à Mayence , a prouvé que « Barbie avait opéré en République Fédérale jusqu’en 1980, avait mis sur pieds des structures néo-fascistes et développé un traffic d’armes international ». Les documents laissent entendre qu’il aurait bénéficié, au cours de ses voyages en République Fédérale, de la protection directe ou indirecte de l’Office fédéral pour la protection de la constitution (Verfassungsschutz) affirme Hammerschmidt. D’après ses recherches, les services de renseignements extérieurs ouest-allemands auraient été , à l’époque, beaucoup plus infiltrés qu’on ne le pensait jusqu’alors par d’anciens membres de la SS et du NSDAP (parti national-socialiste.)
Klaus Barbie ne fut pas le seul nazi et SS convaincu a avoir travaillé pour le BND. Tous les historiens s’accordent aujourd’hui à reconnaitre qu’après 1949, d’anciens criminels nazis pouvaient faire carrière au sein des autorités de la jeune République Fédérale allemande.Dans les services et dans les administrations fédérales, la part d’anciens membres du NSDAP pouvait atteindre, dans les années 1950 deux tiers du personnel, voir plus. La politique du premier chancelier fédéral Konrad Adenauer avait ,en effet, pour but de rendre possible une réintégration sociale et économique des anciens membres du parti.
Il aura toutefois fallu 60 ans pour que le BND regarde ce passé en face.
Depuis 2011 , une commission indépendante d’historiens étudie les origines du service de renseignements , des organisations qui l’ont précédé ainsi que de son personnel ,du profil de ses activités et de sa façon de concevoir son passé. Ce travail de mémoire n’est d’ailleurs pas sans embûches. On a appris, il y a peu, que pas mal de documents personnels en relation avec le passé lié au régime nazi , de certains collaborateurs du BND étaient passés au destructeur de documents , parmi eux, certains qui indéniablement avaient exercé une activité .au sein de la SS, des services de sécurité ou de la GESTAPO.
Serge et Beate Klarsfelt s’étaient assigné pour mission de retrouver les criminels nazis où qu’ils soient. En 1972, le couple retrouve la trace de Barbie en Bolivie. Commence alors un long bras de fer politique avec ce pays où les services douteux d’un Barbie sont particulièrement appréciés. Il soutient même en 1980 un putsch militaire de droite et contribue à la formation d’une troupe spécialisée dans les techniques de l’espionnage et de la torture. Barbie n’était pas seulement , dans sa nouvelle patrie sud-américaine un homme de main, mais aussi, comme en ont témoigné des survivants de Lyon et de Bolivie, un sadique et un tortionnaire pervers.
Le 4 février 1983 , Barbie est livré par la Bolivie à la France , ce qui est rendu possible par l’élection démocratique d’un nouveau régime . Quatre années plus tard commence le procès contre le criminel de Lyon. Ce procès de Barbie suscite alors de vives controverses.Il y est , en effet , question de la collaboration avec les Allemands et de l’apparition d’une nouvelle vague d’antisémitisme.
Des historiens et des artistes mettent en relief le passé « brun » de nombreux policiers français qui, après la fin de la guerre travaillaient encore à la centrale française d’Interpol. Hommes de main du régime de Vichy, ils avaient travaillé durant l’occupation avec les nazis.
Ils furent très hostiles à ce travail de mémoire sur les crimes nazis de peur que leur propre implication ne soit mise à jour. Ce sont des policiers français qui , en juillet 1942 rassemblèrent 13.000 Juifs parisiens afin de les déporter à Auschwitz.
Barbie, pour sa part, boykotta la procédure , n’étant présent dans la salle du tribunal que lorsque des témoins devaient l’identifier.« Je n’ai rien à dire », déclara-t-il au tribunal. Il fut enfin condamné à la détention à perpétuité pour « crimes contre l’humanité » et mourut en 1996 d’un cancer, à l’hôpital de la prison.