Je voudrais aussi mettre mon grain de sel dans cette discussion.
En Europe les peuples souffrent et ils vont souffrir de plus en plus ; ils souffrent certes aussi ailleurs mais en l’occurrence le sujet est l’Europe. En Grèce, les plans d’austérité ont précipité toute une population dans la précarité la plus totale et ce n’est pas fini ; en France on y vient doucement. Ne parlons pas de l’Espagne, de l’Italie ni de la Grande Bretagne (hors zone euro). Et en Allemagne ? Dans ce pays, présenté, en France notamment, comme un modèle économique (ce sont les libéraux qui disent ça), j’apprends ce matin sur France-Culture que des chiffres sont sortis aujourd’hui en Allemagne qui indiquent que l’espérance de vie, depuis 10 ans, a reculé dans ce pays, à l’ouest de 2 ans et de 4 ans dans l’ex-RDA, chez les plus pauvres. Et tout ceci dans un pays qui compte environ 9,5 millions de précaires (chômeurs, petits boulots, mini-jobs,…) ; il est vrai que Hartz IV est l’œuvre d’un gouvernement SPD, c’est-à-dire théoriquement de gauche ; la droite n’a eu qu’a continuer le sale boulot… Mais il paraît que cette cure sociale fait décoller le pays (les pauvres apprécient).
Alors de quoi s’agit-il en fin de compte dans cette histoire de crise de la dette ? Les pays concernés étaient déjà endettés il y a, disons 5, 7 ans, mais la crise, entrainée par cette affaire des subprimes, est arrivée dans un contexte de baisse généralisée des rentrées fiscales (dans tous les pays européens) ; et au moment du renflouement des banque par les états, comme ceux-ci n’ont imposé aucune contrepartie (normal : c’est le même monde, les gouvernements sont au service des intérêts financiers et non des peuples), ces banques et autres fonds spéculatifs ont pu s’en donner à cœur joie dans la spéculation sur les dettes des états (voir un excellent petit bouquin d’Attac : « le piège de la dette publique »).
Tout ceci illustre bien que le fond du problème est la cupidité, la rapacité de ces financiers prédateurs et non les peuples : par exemple pour la Grèce, tel établissement se finance à 1% auprès de la banque centrale pour préter à ce pays à 7%. ; résultat : on se met 6% dans la poche sur le dos de ces Grecs qui n’ont qu’à se débrouiller, et ceci est calculé sur des milliards… Et maintenant, par des décisions absolument non démocratiques (voir les mises en place de financiers aux gouvernements en Grèce, en Italie et bientôt ailleurs), c’est la finance qui est au pouvoir, les voix du peuple ont été confisquées (au passé : les nons français et néerlandais au TCE en 2005 et au présent : la simple évocation d’un référendum en Grèce en 2011 a mis en fureur Merkosy).
Je reviens sur l’Allemagne : beaucoup d’économistes ou de personnes autorisées nous disent : il suffirait d’annoncer officiellement et solennellement que la BCE devienne prêteur en dernier ressort ou bien qu’elle achète – beaucoup plus que maintanant - de la dette souveraine (= planche à billets, mais peu importe) et alors la spéculation s’arrêterait tout de suite ; certains disent que même s’il y avait un peu d’émission de monnaie, on n’aurait pas d’inflation. C’est ce qui se passait en France jusqu’en 1973, année où Pompidou, ami des banquiers, a obligé le Trésor Public a emprunter auprès des marchés financiers (à taux élévé) au lieu de la banque de France, à taux très faible (cette histoire commence à être connue) et les différents textes européens, par la suite, ont entériné ce principe avec la BCE.
Et c’est là que Merkel et son gouvernement (je dis bien que je ne parle pas de la population allemande) pèsent d’une responsabilité écrasante. Ne parlons pas de Bismarck mais plutôt de Thatcher : c’est tout ce que ce gouvernement de droite veut imposer à l’Europe, c’est la destruction de l’état social, la négation de l’expression démocratique de chaque pays (règle d’or, etc…) ; c’est ce néolibéralisme qu’ils veulent graver dans le marbre des traités futurs, encore une fois sans que les peuples soient consultés, et tout ceci est relayé allègrement par les gouvernements de tous les pays, les Sarko et les autres.
Je n’ose pas parler pour finir de la montée inexorable des populismes, xénophobies, et autres nationalismes, déjà là, quasi au gouvernement dans plusieurs pays.
Pour qui faudra-t-il voter dans l’avenir ?