Le peintre néo-expressionniste allemand Jörg Immendorff, l’un des artistes allemands les plus renommés sur la scène mondiale, s’est éteint hier à l’âge de 61 ans d’un arrêt cardiaque. L’ancien élève de l’artiste iconoclaste Josef Beuys, ami de l’ancien chancelier Gerhard Schröder, souffrait depuis plusieurs années d’une sclérose latérale amyotrophique (maladie de Charcot) qui l’avait cloué sur un fauteuil. De nombreux hommages lui ont été rendus.
Le ministre délégué à la Culture et aux médias, Bernd Neumann, a salué « l’un des artistes plastiques les plus éminents de notre époque ». « Depuis les années 1970, il faisait partie des artistes allemands, peu nombreux, qui ont réussi à assurer une réputation internationale au jeune art allemand. En tant qu’élève de Josef Beuys, il a poursuivi le travail de ce dernier et lui a donné des impulsions importantes, respectées dans le monde ». Le ministre délégué a également mentionné le célèbre cycle « Café Deutschland », une série de toiles commencée en 1978, et la sculpture de la Porte de Brandebourg, présentée lors de l’exposition « documenta » en 1982. Ce sont « deux exemples impressionnants [illustrant] les thèmes centraux de son ouvre : la division de l’Allemagne ».
Jörg Immendorff était « l’un des très grands peintres allemands de l’après-guerre », a renchéri l’ancien chancelier Gerhard Schröder. « C’était un artiste politique, critique envers la société et un contemporain incommode qui n’avait de cesse de mettre à nu les contradictions et les points de rupture de l’histoire allemande », a-t-il déclaré. Le peintre avait souvent accompagné son ami le chancelier lors de ses déplacements. En mars dernier, il avait livré un portrait de M. Schröder, entièrement de couleur or, qui a rejoint la galerie des portraits officiels de la chancellerie allemande.
Jörg Immendorff était né le 14 juin 1945 à Bleckede, en Basse-Saxe, non loin de Lunebourg. Il avait étudié, puis longtemps enseigné à l’académie des Beaux-Arts de Düsseldorf. Il « demeurera et continuera à déployer ses effets au-delà même de sa mort », a commenté Jürgen Rüttgers, ministre-président de la Rhénanie-du-nord-Westphalie. « Il était clair pour lui que l’artiste ne peut se mettre en retrait derrière ses ouvres. C’était un homme très courageux, et une personnalité impressionnante », a déclaré de son côté Christoph Schlingensief. Le metteur en scène de théâtre berlinois a loué un artiste engagé ayant développé « une conception élargie de l’art ».