Der Deutsche Biomarkt

Voici un sujet dont nous avons déjà eu l’occasion de parler à plusieurs reprises sur le forum : le marché des produits bio en Allemagne.
Donc autant lui consacrer un « topic » à part entière sur le forum.

Et au-delà des « simples » produits bio, cela concerne bien entendu aussi la conscience écologique (Umweltbewusstsein) dans son ensemble.

Tous ceux qui suivent de près la presse allemande ont eu l’occasion de constater que les journaux et magazines consacrent de plus en plus de « unes », de dossiers et d’articles à cette « nouvelle tendance », à ce regain d’intérêt pour les produits bio (tendance qui s’est accelérée depuis les scandales alimentaires des derniers mois). Les magazines qui y consacrent des dossiers complets sont de plus en plus nombreux : Focus, Stern, Stiftung Warentest, Ökotest, et même le Spiegel en parle de plus en plus… alors que le Spiegel se consacre traditionnellement à d’autres thèmes/sujets…

De même, celles et ceux qui vivent/habitent en Allemagne le constatent dans leur vie quotidienne, en allant dans les magasins : les produits bio représentent une part de plus en plus importante dans les ventes alimentaires des magasins en Allemagne.

Petite parenthèse : De même d’ailleurs que les aliments « made in Germany » !
Exemple frappant : Edeka neukauf, l’une des plus importantes chaines de magasins en Allemagne (en raison de son implantation dans les petites villes ou villages, zones que toutes les autres chaines alimentaires ont abandonné, au fur et à mesure) vient de lancer une nouvelle série de produits : « Unsere Heimat - echt & gut ».
A ce sujet, il est intéressant de noter qu’en France aussi ce phénomène des « produits nationaux » a pris une grande ampleur ces dernières années : en lisant récemment quelques publicités françaises de grandes chaines comme Auchan, Carrefour, Leclerc, etc, j’ai pu constaté que les produits estampillés « made in France » occupent de plus en plus de place dans ces publicités.

Mais pour revenir aux produits bio, le Handelsblatt, dans un article daté de mercredi dernier parle d’un « Statussymbol: Ökobewusstsein » en constatant que ce phénomène connait un regain d’intérêt depuis 2 ans. D’ailleurs, n’oublions pas que, même si la population dans son ensemble y est de plus en plus sensible, dans les faits cela ne concerne pas grand monde, comme le rappelle l’auteur de l’article : « Überdurchschnittlich gut verdienende Personen in reichen Wohngegenden, von den Soziologen als „Post-Materialisten“ bezeichnet, gelten als besonders engagiert und frequentieren oft und gerne neue, schicke Öko-Shops. »
Mais ce qui est intéressant, c’est qu’il pose une question très pertinente : « Ist Ökobewusstsein zum Statussymbol geworden? » à laquelle Udo Kuckartz de l’université de Marburg répond clairement par oui : „Ja, genauso kommt es aus den USA herüber“, sagt Kuckartz. Natürlich spiele Werbung eine Rolle, aber die Hauptmotivation komme von innen: „Öko-Begeisterung ist ein Merkmal der sozialen Hierarchie.“
Michael Wehrspaun va même plus loin : „Die neuen ,Ökos’ gehören zur neuen Mitte“, bestätigt auch Michael Wehrspaun, sozialwissenschaftlicher Angestellter im Umweltbundesamt Dessau. Sie hätten einen hohen Bildungsstand und ein ebensolches Einkommen: „Überdurchschnittlich umweltengagierte Deutsche neigen zu Toleranz, Solidarität und zu Kreativität.“ Diese „Post-Materialisten“ propagierten den so genannten gesunden Wohlstand.
Mais, plutôt que de continuer ou de vous résumer cet article, je vous laisse vous faire votre propre opinion en lisant cet article très intéressant.

Sinon, voici encore une sélection de quelques autres articles très intéressants :
Rasantes Wachstum am Bio-Markt
Zeitenwende beim Lebensmittelkauf
Mehr Bio für Börsianer
Der Deutsche Biomarkt boomt

:merci: merci pour ce lien, AOS ! Je trouve cet article intéressant. Je ne sais pas si le concept de post matérialiste est déjà répandu en Allemagne moi, il m’était inconnu. pourtant, je le trouve assez pertinent.

Ce qui me gêne un peu dans cet article :frowning: , c’est la critique sous-jacente qu’on entend depuis quelques temps à l’encontre de cette « nouvelle » (?)catégorie de personnes. En France, la critique est plus dure encore puisque depuis quelques années, ces gens sont ridiculisés sous le sobriquet de « bobo » (diminutif de « bourgeois bohême »)

Même le chanteur Renaud crache dans la soupe en se permettant (après Vincent Delerm, dont la chanson « tes parents » était passée plus inaperçue) de ridiculiser les gens qui, certes, ne sont pas des pauvres (mais qui n’ont pas non plus le niveau de vie des chanteurs connus, des journalistes en vue et des animateurs télé et radio qui se moquent d’eux)mais qui essaient de mettre un peu de moralité dans leur vie au lieu de la laisser être dominée par un consumérisme forcené.

Ce débat qui s’amplifie me semble être un règlement de comptes de la part de gens qui occupent une position dominante parce qu’ils ont le pouvoir médiatique. Ont-ils peur de se voir détrôner ? N’aiment-ils pas la remise en cause de leur mode vie induit par les valeurs morales des post-matérialistes ? Ne supportent-ils pas de voir d’autres idées que les leurs devenir poulaires ? :question: Mystère ! En tous les cas, de leur part à eux, il est quand même bien démagogique d’insister sur le fait que ce mode de vie n’est pas accessible à tous. Cela est en partie vrai mais ce ne sont pas ceux qui tentent de discréditer les post-matérialistes qui sont concernés ! Par ailleurs, même si je suis tout à fait consciente que c’est une situation assez exceptionnelle, dans ma campagne, je connais un grand nombre (vraiment un grand nombre) de RMIstes, de chômeurs, d’agriculteurs et d’ouvriers qui ont décidé de (ou été contraints par leur situation économique à) vivre autrement, qui consomment bio ou local, qui construisent ou restaurent leur maison (achetée à très bas prix à l’epoque, c’est vrai) avec des matériaux sains. Il y a deux semaines, Pierre Rabbhi a fait une conférence dans notre petite ville et il y avait plus de 200 personnes à y assister. Tous n’étaient pas des « bobos » ! :smiley:

C’est mon épouse qui va être très triste/décue de l’apprendre car elle aime bien ce chanteur français.

Nous connaissons aussi des gens qui sont très loin de vivre dans l’allegresse ou le confort matériel et qui, malgré tout, ont décidé de vivre autrement en faisant des « sacrifices » (je dis « sacrifices », mais je devrais plutôt dire efforts, car ne pas suivre bêtement ce que nous propose notre société de consommation demande des efforts et malheureusement beaucoup de gens préfèrent cèder à la facilité en se laissant séduire par tous les produits, biens ou services que proposent nos sociétés obstinées par la consommation).

Les exemples de ces autres façons de vivre sont nombreux : cela va des petites choses comme consommer des produits biologiques vendues par les paysans de notre région, ou faire attention à sa consommation quotidienne en électricité (éteindre les lumières inutiles, ne pas laisser la tv et les autres appareils électriques sur « veille » car cela consomme beaucoup de courant), en eau (se rincer les dents le matin avec un verre d’eau et non pas en laissant couler l’eau du robinet en continu, ne pas faire tourner le lave-vaisselle à moitié vide, rationaliser les machines de linge à laver), ne pas prendre la voiture pour les petits trajets,… à des choses moins « petites » ou quotidiennes comme installer des chaudières à bois/Pelletz, ou ne pas acheter n’importe quel vêtement ou n’importe quelle chaussure simplement à cause du prix ou parce que c’est une marque (les vêtements pas chers provenant de pays lointains où ils sont notamment fabriquaient dans des usines qui emploient des enfants… c’est d’ailleurs pareil pour les marques qui fabriquent des chaussures dont rafolent les jeunes comme Nike et autres…).

D’ailleurs, à ce sujet, ma fille m’a dit il y a quelques jours qu’elle était très étonnée d’avoir constaté cet été que ses amis qui vivent en France sont encore plus consuméristes que elle et ses amis/amies en Allemagne.

Mais, pour revenir à ce que tu disais, les fameux « bobo » (bourgeois bohêmes), ils ont également fait l’object de sévère critique en Allemagne, notamment dans les années 90. Si je retrouve dans mes archives l’article (dans le Spiegel) dont je viens de me souvenir en t’entendant parler de « bobo », je te donnerai la référence car c’est très intéressant (comme souvent d’ailleurs avec les articles du Spiegel).

Pour revenir au sujet d’origine, voici encore quelques informations supplémentaires :

Tout d’abord il faut savoir que le Professeur Udo Kuckartz, donc celui qui a été interrogé dans l’article du Handelsblatt dont j’ai parlé ci-dessus, n’est pas n’importe qui… c’est l’un des responsables de la fameuse étude intitulée « Umweltbewusstwein in Deutschland », une étude publiée par le BMU (Bundesministerium für Umwelt, Naturschutz und Reaktorsicherheit), autrement dit notre Ministère de l’écologie/environnement.

Si cela intéresse quelqu’un, en voici la dernière version (c’est long mais très très intéressant).

A ce sujet, il est inquiétant de constater, comme ils le notent également sur le site officiel, qu’il y a une chute vertigineuse d’intérêt dans la population allemande pour les thèmes relatifs à l’environnement/la conscience écologique/environnementale, comme le montre malheureusement très bien cette courbe :

Ensuite, voici un autre document, intitulé Food-Trends, et qui explique bien les différentes tendances en Allemagne comme le « Megatrend Health », le « Functional Food », le « Convenience-Trend », ou le « Hybriden Konsum », et bien sûr aussi le Bio-Trend (donc la tendance des produits biologiques) dans tout ça…

Autre document : Preuve que le consommateur se sent parfois perdu dans ses choix/achats : selon une étude demandée par l’hebdomadaire Die Zeit, la moitié des Allemands ne savent pas comment faire pour se nourrir correctement. Voici l’article en question : Die Hälfte der Deutschen weiß nicht, wie man sich gesund ernährt

Autre document (j’arrête après, car sinon je vais vous saouler… :laughing: :laughing: :laughing: :wink: :

Voici comment se répartie la vente de produits bio selon le type de magasin en Allemagne : graphique
car, en effet, en Allemagne on distingue différents types de magasins et d’endroits où on peut trouver/acheter des produits bio : il y a bien sûr les fameux Bioläden (dont on a déjà parlé), très connus (même à l’étranger), mais il y a également les Hofläden, les Naturkostläden, les Reformhäuser, les Biosupermärkte, et puis bien sûr les Wochenmärkte, etc, etc. Ces différents termes étant difficiles à traduire, j’expliquerai ce que c’est, si cela intéresse quelqu’un sur le forum.

mais Renaud avoue aussi… en fin de chanson… Qu’il les critique… Bien qu’il fasse lui aussi, partie des bobos… :wink: :laughing: Rendons à César, ce qui appartient à César (histoire que la femme de AOS ne soit pas déçue :wink: )