"Der Hals der Giraffe: Bildungsroman"- Judith Schalansky

Les recommandations ne valent pas toujours le crédit qu’on accorde à ceux qui les font, mais pour une fois, je suis très reconnaissant d’avoir été vivement encouragé à lire ce roman d’une auteure pas tout à fait débutante et qui commence à se faire une petite place dans la littérature actuelle allemande sur la scène berlinoise.

Traduit en français sous le titre (judicieux) de : L’inconstance de l’espèce, Actes sud.

Une prof de biologie (et sport) dans un lycée de Poméranie occidentale, dans le coin tout en haut à l’est de l’Allemagne, observe la déliquescence de son époque avec des yeux de biologiste, un peu cruelle comme la nature, un peu tendre comme une prof, un peu paumée comme une Ossie aussi. La métaphore de l’évolution pèse un peu à la lecture mais n’est-ce pas ce poids insoutenable de l’absurde nécessité de la nature qui pèse infiniment trop lourd sur les épaules de cette jeune génération d’élèves mi-perdus mi-sauvés par cette école qui va fermer dans quatre ans, faute d’enfants dans la région. Les ravages de la dénatalité, oui, mais aussi les steppes désolées d’une vie vécue en double : l’avant et l’après du grand « virage » de la réunification, et tous les petits virages d’une vie de femme qui a peut-être raté le train de l’Allemagne d’aujourd’hui mais qui croit en Darwin comme d’autres en l’avenir. Il y a tant de phrases qu’elle a du mal à finir. Tant de syntagmes perdus et saccadés, modernes tellement ils sont violents et pourtant en pointillé dans un texte qui pèche souvent par de longs cours magistraux de biologie explicative dont le sens métaphorique se perd au fur et à mesure que sa sincérité se dévoile. Exprès ou pas, c’est un ton sans concession, pas vraiment le discours béat attendu et exigé de tout enseignant de nos jours. Un livre de prof, un livre d’Ossi, un livre de femme, et peut-être bien un livre de survivante d’une génération qui a appris autrement et pour d’autres idéaux. L’ajout de « Bildungsroman » au titre n’est pas qu’un jeu de mot. C’est même assez sérieux.

Le début du livre pour vous faire une idée, en allemand :
litrix.de/mmo/priv/33719-WEB.pdf

Rien que ce paragraphe, ça vaut déjà le détour. Je m’imagine Elie le dégustant à la petite cuiller : :mrgreen:

Stille. Schließlich meldete sich der Pferdeschwanz in der ersten Reihe, und Inge Lohmark tat ihm den Gefallen. Natürlich wusste sie es. So eine gab es immer. So ein Pferdeschwanzpferdchen, das den Unterrichtskarren aus dem Dreck zog. Für diese Mädchen wurden die Schulbücher geschrieben. Gierig nach abgepacktem Wissen. Merksätze, die sie mit Glitzerstift in ihre Hefte schrieben. Die ließen sich noch einschüchtern vom Rotstift des Lehrers. Albernes Instrument scheinbar grenzenloser Macht.

A ton article Elie je rajouterai l’échantillon de lecture en français qui couvre à peu près le même passage http://www.actes-sud.fr/sites/default/files/9782868692146_extrait.pdf,
sauf celui de la gentille petite élève à la queue de cheval, du 1er rang. Au fait, l’auteure a oublié de préciser : elle portait aussi des grosses lunettes et est devenue prof d’allemand :laughing: :wink:
Amusant aussi de voir la couverture du livre « une autruche au long cou » alors que le titre original prêterait plutôt à penser à une girafe.
Sans doute, pour reprendre le résumé fait par les éditeurs sur
"L'inconstance de l'espèce" de Judith Schalansky chez Actes Sud (Arles, France)
est-ce une allusion au métier improvisé du mari de l’héroïne.

Ce livre, me tente. … Ne serait-ce que pour découvrir le rapport avec la girafe… :wink: :wink:

15 mai - Je profite du mode édition pour rajouter quelques nouveaux éléments au message d´hier :wink: .
http://www.youtube.com/watch?v=VWOxXcqufuc sur ce site, vous pouvez écouter l’auteure lire plus de 30 minutes du roman en allemand et sur celui-ci vous trouvez des passages de lecture plus longs, en allemand toujours
Der Hals der Giraffe. Buch von Judith Schalansky (Suhrkamp Verlag)