Nés des mouvements écologistes et alternatifs qui regroupèrent, à la fin des années 1970, des défenseurs de l’environnement, des militants antinucléaires et des pacifistes, les Verts allemands ont fêté dimanche leur 30e anniversaire. Une célébration était organisée à Berlin en présence de responsables d’autres partis, de droite comme de gauche. Fondé le 13 janvier 1980 à Karlsruhe, l’ancien « parti des anti-partis » est devenu une force politique à part entière sur l’échiquier politique allemand et européen.
Habitudes politiques bousculées
Entrés au Bundestag pour la première fois en 1983, les Verts allemands ont bousculé les habitudes politiques allemandes. Leur style vestimentaire -jean, baskets- a fait couler de l’encre. Mais surtout, leur existence a perturbé la mécanique bien huilée des alliances gouvernementales. Le système politique avait reposé jusqu’alors sur la domination de deux grands partis (chrétien-démocrate et social-démocrate), auquel un « petit » parti (les libéraux du FDP) assurait tour à tour une majorité. La présence des Verts y a ouvert une brèche nouvelle.
Ainsi, les Verts allemands se sont peu à peu frayé le chemin du pouvoir en offrant une nouvelle possibilité d’alliance à gauche, d’abord dans les Länder, puis au niveau national. Le premier gouvernement rouge-vert (SPD-Verts) a vu le jour le 12 décembre 1985 en Hesse, avec Joschka Fischer au portefeuille de l’Environnement. Figure charismatique du parti, ce dernier deviendra ministre fédéral des Affaires étrangères et vice-chancelier lorsque les Verts formeront avec le SPD la première coalition rouge-verte au niveau national, entre 1998 et 2005.
Parti de gouvernement
Au gouvernement, les Verts ont fait avancer un certain nombre de dossiers qui leur tenaient à cœur : fiscalité écologique, sortie du nucléaire et promotion des énergies renouvelables, droits des femmes et des minorités, création du « pacs » allemand. Leur programme s’est élargi bien au-delà des thématiques environnementales. Après des années de débats d’orientation entre « Fundis » et « Realos », ils ont également parachevé leur mutation idéologique. La décision la plus emblématique fut prise en 1999 : viscéralement pacifiste, les Verts finiront par approuver la participation de l’Allemagne à l’intervention militaire au Kosovo, prise par le gouvernement de Gerhard Schröder et Joschka Fischer. En 2001, en revanche, quatre députés Verts refuseront d’approuver l’engagement allemand contre le terrorisme en Afghanistan.
De retour sur les bancs de l’opposition depuis 2005, les Verts allemands nourrissent l’ambition de revenir au pouvoir. En septembre 2009, ils ont obtenu le meilleur score de leur histoire (10,7%) lors des élections législatives nationales. Leurs deux présidents, Cem Özdemir et Claudia Roth, plaident pour un « New Deal vert », une vaste mutation économique, écologique et sociale qui permette de lutter contre le réchauffement climatique et les inégalités sociales.
Nouvelles alliances
Pour se faire, les Verts semblent s’ouvrir à de nouvelles possibilités d’alliances. Les Länder, qui servent souvent de laboratoire à la politique allemande, offrent déjà plus d’un exemple de coalition avec la droite. Les Verts gouvernent avec les chrétiens-démocrates à Hambourg. Depuis l’automne 2009, ils gouvernent également avec les chrétiens-démocrates et les libéraux en Sarre.