Universitaire spécialiste de la question allemande, Gilbert Casasus décrypte l’élection laborieuse de Christian Wulff, le candidat de la CDU, à la présidence de l’Allemagne. Selon lui, Die Linke a joué la politique du pire en appelant à l’abstention.
La situation politique de l’Allemagne n’est pas bonne. C’est là le principal enseignement à tirer après l’élection au troisième tour de scrutin du nouveau Président de la République fédérale, Christian Wulff. Ce jeune, mais néanmoins expérimenté chrétien-démocrate n’est pas la cause de l’état lamentable dans lequel se trouve la coalition chrétienne-libérale. En place depuis moins d’une année, celle-ci déçoit un électorat qui lui avait accordé une solide majorité en septembre 2009. S’il fallait désigner une responsable, le choix se porterait très vite sur Angela Merkel. Celle qui manifeste son assurance, voire son arrogance, sur la scène internationale, fait pâle figure sur le plan intérieur. Assez à l’aise à l’époque de « la Grande Coalition » avec les sociaux-démocrates entre 2005 et 2009, elle n’arrive désormais plus à gouverner son pays avec cette indispensable maîtrise que l’on attend de la part de tout chef de gouvernement. Bref, Angela Merkel n’est plus tout à fait à la hauteur de sa fonction de chancelière.
Cet article me pose un petit problème. On va d’abord citer un passage :
Comme il y va, le grand spécialiste universitaire !! On peut tout de même avoir un regard critique sans aucune nostalgie sans être toujours d’accord avec M. Gauk. Celui-ci est issu du milieu des Églises (je les mets au pluriel car peut importe son nom, c’est son rôle qui compte). Hors, on devrait pouvoir librement refuser de prendre à son compte la lecture historique des Églises tout en faisant un travail de mémoire adequat sur la RDA ! La religion n’a pas le monopole de la force intellectuelle, pour reprendre les termes du reproche fait dans l’article.
Il ne faut pas tomber dans le piège que je nomme « polonais ». Derrière le rideau de fer comme dans le post-communisme réunificateur, il est profondément inepte de ne s’en tenir qu’à une dychotomie communistes/Églises. D’abord, la ligne entre les deux n’a jamais été imperméable, et que la dissidence politique citoyenne n’a pas été uniquement religieuse. Les Polonais se libèrent d’ailleurs lentement de la religion en politique, comme le montre les deux dernières élections ; il serait bien que personne ne s’amuse comme notre spécialiste universitaire dans cet article a recréer artificiellement cette opposition exclusive fantasmée chez les voisins allemands.
La Linke n’a pas besoin de leçon de cathéchisme pour devenir un parti démocratique moderne, elle a par contre encore besoin de quelques leçons de pluralisme pour son inventaire, mais personne n’a à déclarer « intellectuellement faible » le processus consistant à le faire sans les Églises.
La suite de l’article fait croire que la Linke devrait viser une coalition avec le SPD et les Verts. C’est une vision comptable des élections qui ne prend pas en compte un fait très simple : si la Linke et le SPD pouvait se mettre d’accord, il n’y aurait pas de Linke, ils seraient simplement membres de la SPD version gauchisante. Ne pas se rendre compte du schisme à gauche, c’est avoir raté des épisodes, notamment du côté de la Sarre… du coup, c’est cet universitaire que je trouve intellectuellement faible.