Des diables effrayants, des sorcières intimidantes et de cocasses fous du roi émergent dans le sud-ouest de l’Allemagne pour le carnaval souabe-alémanique, la ‹ Fastnacht ›. Lors des défilés, plusieurs milliers de personnages masqués paradent à travers les villes et les villages avec force tintamarre au son des tambourins et des tambours, souvent même la nuit.
La ‹ Fastnacht › observe des règles strictes : en général, seuls les citoyens vivant dans la commune depuis au moins quinze ans ont le droit d’y participer. Les masques et le « Häs » (le costume) se conforment à des modèles historiques, ce qui les distingue du carnaval de Cologne ou de Mayence. Chaque corporation de ‹ fous › (participants) arbore ses propres masques, souvent transmis en héritage d’une génération à l’autre. Ces masques, qu’on appelle aussi « Larven » ou « Schemmen », sont pour la plupart taillés dans le bois.
La ‹ Fastnacht › ou ‹ Fasnet › remonte au Moyen-Age. Au 19ème siècle, elle fut supplantée par le carnaval rhénan, dont les bals, les défilés costumés et les pièces de théâtre étaient alors considérés comme plus cultivés. Ce n’est qu’au début du 20ème siècle que les populations du sud-ouest ont fait revivre les anciennes traditions.
La Fédération des corporations de ‹ fous › souabes-alémaniques fut fondée en 1924 afin de contrecarrer les influences du carnaval rhénan. Cette fédération rassemble aujourd’hui 69 corporations, soit 40.000 membres.
Mais, dans la tradition chrétienne, le carnaval s’achève la veille du mercredi des Cendres qui marque le début du Carême, période de jeûne avant Pâques. Les Chrétiens se préparent alors durant quarante jours à la fête de la résurrection du Christ après sa crucifixion, le Vendredi saint. Le jour des Cendres, le prêtre catholique marque le front des croyants d’un signe de croix tracé à la cendre en signe de pénitence. Ce signe rappelle que tout est éphémère.
L’Eglise catholique appelle les croyants à ne pas manger de viande et à jeûner ce mercredi ainsi que le Vendredi saint. Durant le Carême, ils sont en outre encouragés à donner l’aumône aux pauvres. Durant ces « sept semaines sans », comme on appelle parfois le Carême en Allemagne, certains tentent de renoncer à quelque chose, comme aux sucreries, à l’alcool, à la télévision ou aux jeux vidéo.
Le carnaval honore les Cendres par un repas de hareng ou d’autres rites régionaux qui achèvent la période des fêtes. Dans le nord de la Hesse, plusieurs villages ont gardé la tradition huguenote de ‹ la journée de l’ours en paille ›, durant laquelle les jeunes hommes couverts de paille sont paradés à travers le village par les jeunes filles. La paille est ensuite brûlée pour faire fuir l’hiver.
Les partis politiques célèbrent les Cendres en réglant verbalement le compte de leurs adversaires. Un moment toujours très attendu que l’on appelle ‹ les Cendres politiques ›.
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Source: www.amb-allemagne.fr