BERLIN - Moins bien payée que ses homologues masculins, quasi-absente de la direction des entreprises, souvent contrainte au temps partiel: la condition de la femme sur le marché du travail allemand n’est pas un modèle pour l’Europe.
L’Allemagne détient le record européen de l’inégalité salariale entre hommes et femmes, selon un récent rapport de l’OCDE. Les Allemandes à temps plein gagnent en moyenne 21% de moins que leurs collègues masculins contre un écart moyen de 16% parmi les pays de l’OCDE, selon ces chiffres basés sur l’année 2010.
Le bilan de la première économie européenne n’est pas glorieux non plus en ce qui concerne la présence de femmes à des postes de direction. Elles n’étaient que 3% dans les directoires des entreprises allemandes en 2009 contre 38% en Norvège et 10% en moyenne dans l’OCDE.
Et d’après une étude publiée mercredi par l’institut allemand des statistiques Destatis, l’Allemagne fait partie des pays de l’UE où le temps partiel féminin est le plus développé.
Parmi les femmes entre 20 et 64 ans travaillant en Allemagne, 45,6% ne sont pas à temps plein, près de 15 points de plus que la moyenne européenne (30,8%), selon cette étude qui reprend des données de l’institut européen Eurostat. Seuls les Pays-Bas déclassent l’Allemagne avec 74,7% de femmes à temps partiel.
Les Allemandes expliquent leur travail à temps partiel par le fait qu’elles ont également d’autres tâches, comme la garde de leurs enfants ou les soins prodigués aux personnes âgées dépendantes dans leur famille (51,3%).
Seulement un peu moins d’un cinquième (18,9%) dit travailler à temps partiel, faute de trouver un emploi à temps plein.
« Il est moins facile de concilier emploi et famille en Allemagne », constate Reinhard Bispinck, chercheur de la fondation Hans Böckler, proche des syndicats, basé à Düsseldorf.
« Le modèle familial traditionnel est plus résistant en Allemagne qu’en France, par exemple », renchérit Arnaud Le Chevalier, chercheur du centre franco-allemand Marc Bloch à Berlin. Des générations d’Allemands de l’Ouest ont été élevés dans l’idée que le très jeune enfant ne peut s’épanouir pleinement que s’il est gardé par sa mère. Une tradition culturelle qui persiste encore largement dans le sud catholique de l’Allemagne.