Elections régionales en Autriche: automne 2015 mouvementé

Après la pause estivale, le cycle des élections régionales reprend en Autriche. Ce dimanche, c’était au tour de la Haute-Autriche d’élire son parlement.

Le contexte: la région, très marquée à droite, était dirigée depuis 2009 par une coalition des conservateurs et des verts. Au plan national: un chômage qui augmente, une crise des migrants (qui passent par centaines de milliers depuis des semaines), une coalition conservateurs-sociaux-démocrates qui bat de l’aile, deux élections régionales au printemps derniers qui ont vu une nette progression de l’extrême-droite et un recul des partis de gouvernement.

Ce dimanche, une fois de plus, les résultats sont sans appel, avec une participation de plus de 81%. Les conservateurs (ÖVP) conservent la 1ere place avec 36,4%, soit une perte de 10,4 points. L’extrême-droite (FPÖ) prend la 2ème place en doublant score (30,4%), le SPÖ se contente d’une troisième place et d’une perte de 6,6 points (18,4). Les verts réussissent à augmenter d’un peu plus d’un point (10,3%).

Les conservateurs font face à une perte historique dans la région, enregistrant leur plus mauvaise score. De même pour le SPÖ qui poursuit son tour d’Autriche des défaites électorales: depuis qu’il dirige le gouvernement (2007), il a perdu des voix, souvent massivement, à 16 des 17 élections régionales organisées… Le maintient des Verts ne suffira pas à reconduire la coalition en place. Grand gagnant, on commence à en avoir l’habitude: l’extrême-droite qui réalise son meilleur score régional, comme il l’avait fait lors des deux autres élections régionales du printemps.

L’inquiétude grandit en Autriche: l’extrême-droite ne semble plus pouvoir être arrêtée. Dans deux semaines ont lieu les élections régionales/municipales à Vienne. On annonce déjà une autre défaite cuisante pour le SPÖ (pourtant presque hégémonique à Vienne). Il se murmure même que le FPÖ pourrait conquérir la capitale… A suivre!

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Pas rassurant tout ça… :frowning:

Non ce n’est pas du tout rassurant!!! Où est la solution ?
Je ne pense pas que diaboliser ou faire de débiles ces personnes votant pour l’Extrême droite, comme le font actuellement la pseudo Gauche au pouvoir en France, soit la meilleure.

Je ne sais pas. En tout cas, depuis qu’on cesse de diaboliser l’extrême-droite, celle-ci bat ses propres records à chaque nouvelle élection. En France comme en Autriche…

Le problème , à mon sens , c’est que « la gauche » , en Europe occidentale , n’est plus à gauche. :frowning: . Plus de points de repère.) Vive l’« économie de marché ! » :smiling_imp: :gun:

Je crainds hélas que tu aies raison.Dans mon adolescence, je croyais naïvement que socialiste voulait dire privilégier les mesures sociales pour aider les plus démunis. Cela fait longtemps que j’ai compris que ce n’était plus cela.
Et les personnes qui se sentent laisser pour compte se tournent vers des politiques plus populistes, bref une politique sociale donnant une priorité national. Et c’est le terrain de jeu par excellence de l’extrême droite. Petite réflexion amère, le nazisme c’était bien sûr le Nationalsozialismus et pas sûr que cela soit la pure haine des Juifs qui aient encouragé les gens à adhérer à ce parti.

En ce moment commence à se poser le débat suivant pourquoi aider les migrants non encore arrivés, alors qu’il y a des Français qui sont expulsés de leur logement ou vivent bien en dessous du seuil de pauvreté. Il ne faut pas croire qu’il n’y ait que les Français de pure souche qui votent extrême droite… Je ne connais pas la situation en Autriche mais je suppose que dans un pays qui accueille bien plus de réfugiés que la France, ce débat doit se faire de plus en sentir et peut expliquer les résultats des élections.

L’Autriche n’accueille pratiquement pas de réfugiés, elle les voit juste passer. Seule une très faible minorité demande l’asile en Autriche; les autres repartent tous pour l’Allemagne.

Cela dit, tu as raison: la crise des réfugiés semble avoir été le principal motif des électeurs de l’extrême-droite. Etrange dans une région plutôt épargnée par cette crise (à l’inverse de Vienne, de Salzburg, d’Innsbruck, ou du Burgenland…)

C’est toujours les « on-dit » qui sont les plus dangereux et qui ouvrent la porte à toutes les perceptions déformées.
C’est comme en mai 1968, il suffisait de montrer sous le bon angle une voiture qui brûlait au pied d’une barricade à Paris pour persuader le bon peuple de la province que Paris était à feu et à sang et en proie à la guerre civile.
Quelques photos d’un affrontement entre réfugiés et forces de police à la frontière, et ce sont des hordes barbares avides d’en découdre, avec un potentiel de violence impressionnant qui justifie la mobilisation des forces armées aux points chauds.

Et tu parles de 68 Andergassen, alors pour rester dans l’'époque, à la question des fugitifs si on pense à l’époque du Mur de Berlin, j’en ai froid dans le dos…A espérer que les autorités hongroises ne sont pas nostalgiques de cette époque :frowning:. D’ailleurs même si peu de migrants s’arrêtent en Autriche, ils ont encore bien moins envie de s’arrêter en Hongrie!!!
@Mislep: mis à part le fait qu’ils venaient de l’Empire austro-hongrois les migrants vers Vienne, c’est l’histoire qui se répète plus ou moins, non? Si l’on considère ce qui s’est passé à la fin de la Première Guerre mondiale avec la Galicie. J’avais vu une expo à Vienne cet été sur ce problème et vu la situation actuelle de la gestion des réfugiés ça m’avait marquée.

Le plus drôle dans l’histoire, c’est que ce sont justement les Hongrois qui, en 1989, ont ouvert le « rideau de fer » à la frontière autrichienne pour permettre d’évacuer les Allemands de l’Est qui squattaient l’ambassade de RFA à Budapest. Sic transit…
Quant aux migrants affluant à Vienne sous l’empire austro-hongrois, c’était le lot de toute capitale dans un pays en train de se créer. L’Autriche avait été virée de l’ensemble germanique avec pertes et fracas en 1866 et Vienne se construisait comme capitale prestigieuse d’un nouvel Empire, comme le feront ensuite Berlin devenue capitale d’un Empire unifié en 1871 et Budapest, ville créée sous ce nom comme capitale du nouveau royaume de Hongrie qui voudra dépasser sa rivale cisleithanienne en splendeur. Il y a donc un grand besoin de main-d’oeuvre, qui afflue de toutes les parties rurales de l’empire. Parallèlement, un pays moderne a besoin aussi et surtout de voies de communication, et la construction d’un réseau ferré cohérent bat son plein, surtout dans les régions montagneuses dont la topographie exige des ouvrages d’art nombreux et importants, ponts, tunnels… D’où un mélange de populations quand les ouvriers venus d’un peu partout s’établissent sur place et fondent des familles avec des femmes du cru.
Quant aux régions à fort peuplement juif (Galicie, Haute-Hongrie, Russie subcarpatique, Bucovine), les métropoles appellent surtout les intellectuels (musiciens, écrivains, scientifiques), tandis que la plupart des migrants voient surtout leurs perspectives dans l’émigration en Amérique. La plupart des gloires d’Hollywood sont originaires de ces régions, après avoir adopté un nom qui passait mieux dans la suspension.

Merci d’avoir rappelé tous ces points de l’histoire, Andergassen…
J’en profite pour donner le lien de l’exposition que j’ai vu à Vienne par hasard: Mythos Galizien…C’était d’autant plus intéressant que l’histoire de cette région aujourd’hui disparue m’était totalement inconnue et que le jeune étudiant historien m’a laissée suivre la visite guidée avec son groupe, sinon je n’aurais pas eu les clés pour comprendre. Hélas l’expo est terminée depuis longtemps et le livre de l’expo n’est plus disponible.
http://www.wienmuseum.at/de/aktuelle-ausstellungen/ansicht/mythos-galizien.html.

Quant aux migrants issus des milieux intellectuels juifs, c’est clair le cinéma américain leur doit beaucoup!!!

Cette phrase me rappelle une interview de Konstantin Wecker , il y a longtemps et dans laquelle il déclarait , entre autres,:« …et Hitler a fait aux Américains le plus beau cadeau qu’il pouvait leur faire :NOS Juifs. »

Enfin, l’événement politique tant attendu cet automne a eu lieu: les élections régionales/municipales à Vienne. Ces dernières semaines, la campagne s’est transformée en un duel personnel opposant le maire sortant social-démocrate Michael Häupl et le président du parti d’extrême-droite Hans-Christian Strache. Les sondages donnaient les deux partis au coude à coude. Finalement, il n’en fut rien. Mais la duelisation de la campagne se reflète dans les résultats:

SPÖ 39,5% (-4,8 par rapport à 2010). Victoire donc des sociaux-démocrates à qui on prédisait bien pire. La coalition avec les verts devrait être reconduite.
FPÖ 31% (+5,3). Le FPÖ atteint son objectif de dépasser les 30%; il pourrait même réussir à conquérir quelques mairies d’arrondissement. Il échoue cependant à approcher, voire dépasser, le SPÖ.
Les autres partis se partagent les miettes
Grünen 11,6% (-1)
ÖVP 9,2% (-4,8). Pire résultat des conservateurs à une élection dans l’histoire de la 2e République.
NEOS 6,2. Ce nouveau parti libéral réussit son pari en dépassant les 5% nécessaires pour siéger au Conseil municipal.

derstandard.at/2000023540500/Ab- … -Wien-Wahl

youtube.com/watch?v=WoXlBigi62Q

Les conséquences des élections régionales commencent à se faire sentir. En Haute-Autriche, les conservateurs s’allient à l’extrême-droite. C’est la deuxième fois en un an (après le Burgenland au printemps) que l’extrême-droite entre dans un gouvernement régional. A noter: le gouvernement régional sera exclusivement masculin, confirmant du même coup la faible place laissée aux femmes dans la politique en Autriche.

Dans ses cartons, l’extrême-droite amène aussi quelques mesures phares acceptées par les conservateurs: obligation de parler l’allemand pour obtenir un logement social; obligation pour les élèves de parler allemand à l’école, même dans la cour; suppression des aides sociales à qui ne fait pas d’efforts d’intégration…

derstandard.at/2000024286234/Obe … -Blau-fest

derstandard.at/2000024332060/Sch … reinkommen