Source : Les Nouvelles d’Allemagne du 23.03.06 publiées par le CIDAL
Pour le gouvernement allemand, une coopération européenne est nécessaire dans le secteur de l’énergie
La chancelière allemande Angela Merkel plaidera ce soir, lors de l’ouverture du conseil européen à Bruxelles, pour une coopération européenne dans le secteur de l’énergie. « Les Etats-membres [de l’Union européenne] ont des conceptions très différentes du degré de coopération dans le secteur énergétique, a déclaré aujourd’hui Mme Merkel. Le sujet sera débattu de manière exhaustive, et j’y livrerai aussi ce soir une contribution du point de vue allemand ». La chancelière souhaite inciter ses partenaires à développer des stratégies européennes communes pour contrecarrer la dépendance envers les importations pétrolières et gazières. Une coopération européenne est, selon elle, nécessaire pour renforcer l’efficacité énergétique et pour faire progresser les énergies renouvelables.
Pays à la fois pauvre en ressources énergétiques et en pointe dans les énergies renouvelables, l’Allemagne entend apporter sa contribution au débat international sur les questions actuelles touchant à la sécurité de l’approvisionnement énergétique. Pour le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, l’enjeu n’est autre que d’assurer une transition pacifique vers l’ère de l’après-pétrole. « Les questions de sécurité énergétique vont déterminer de manière fondamentale l’agenda sécuritaire global au 21ème siècle », rappelle-t-il aujourd’hui dans une tribune publiée par le quotidien économique « Handelsblatt ». Face à la raréfaction prévisible des ressources pétrolières, aux besoins croissants de pays émergents comme la Chine et l’Inde et à la concentration croissante des ressources disponibles dans des zones du monde en proie à l’instabilité, il faut tout faire, selon lui, pour empêcher que l’énergie ne se transforme en un instrument de pouvoir dans les relations internationales.
M Steinmeier plaide dans cette perspective pour un dialogue entre les pays producteurs d’énergie, les pays consommateurs, les pays de transit et le secteur privé. « Nous avons besoin d’une stratégie de coopération sur la sécurité énergétique », explique-t-il. Laisser le champ libre à la confrontation, à l’exemple du récent conflit gazier entre la Russie et l’Ukraine, « serait faire fausse route selon des schémas de pensée révolus ».
Au niveau européen, M. Steinmeier propose de revitaliser les formes existantes de coopération et de les réorienter davantage en fonction des nouveaux défis. Il suggère notamment de renforcer la charte sur l’énergie, ratifiée par 40 pays, principalement européens et asiatiques, et entrée en vigueur en 1998. Il faut, selon lui, y faire entrer de nouveaux pays, en particulier la Russie. « Ratifier la Charte de l’énergie l’année de la présidence russe du G8 et conclure les négociations relatives au protocole de transit de cette Charte serait donc une déclaration manifeste, de la part du plus grand fournisseur d’énergie de l’Europe, en faveur d’un ensemble de dispositions applicables dans toute l’Europe ». M. Steinmeier propose, par ailleurs, de soutenir les coopérations régionales sur l’énergie avec le voisinage de l’Union européenne et d’intensifier le dialogue entre cette dernière et les grands pays consommateurs d’énergie comme les Etats-Unis, la Chine et l’Inde.
La tribune du ministre allemand des Affaires étrangères est consultable à l’adresse : www.auswaertiges-amt.de/www/de/ausgabe_archivéarchiv_id=8210