Enfants de l'immigration et déficit maitrise de l'allemand

« Dans de nombreuses familles d’immigrés on parle peu voir pas du tout allemand à la maison. Conséquences ,; les connaissances langagières des enfants d’immigrés sont insuffisantes pour qu’ils puissent suivre l’enseignement scolaire. »

Selon Maria Böhmer , ministre CDU chargée de l’intégration au sein du gouvernement fédéral, Selon elle , dans tous les länder confondus , presqu’un enfant sur deux a besoin d’une aide ciblée.
Un enfant sur trois en dessous de l’âge de 5 ans appartient à une famille issue de l’immigration.Leur déficit langagier se manifeste dès la maternelle et se répercute dans le primaire.

Quelques exemples ;
Hambourg
23 % des élèves de primaire parlent à peine allemand chez eux.
Une étude du "Landesinstitut für Lehrerbildung und Schulentwicklung " datant de 2011 révèle que 85 % des élèves ayant des déficits en langue importants , viennent de familles issues de l’immigration.

Bavière
Selon une estimation du ministère bavarois de l’éducation , chez 14,7 des élèves de primaire , la langue de communication au sein de la famille n’est pas l’allemand.

Rhénanie-Palatinat
11, 1 % des élèves de primaire parlent à peine allemand à la maison après les cours.(Ministère de l’éducation de RP.)

Nord Rhénanie-Westphalie
Dans ce land , le plus peuplé d’Allemagne, la situation n’est pas différente ; pour 18 % des élèves de primaire , la langue de communication au sein de la famille n’est pas l’allemand.

Il est donc , selon la ministre de l’éducation ,absolument indispensable de faire tous les efforts possibles pour aider ces enfants à acquérir la maitrise de la langue du pays dans lequel ils vivent.C’est là une condition sine qua non à leur intégration .
Source:

L’article vient de « Bild » (oui, je sais) :mrgreen: , mais il a été repris par des journeaux plus « sérieux ».

Et bien ils ont eu tort.

Voila exactement le genre de raccourci idiot qui me met en rage. Non, ce n’est pas la faute du bilinguisme familial. C’est l’isolement communautaire qui fait qu’ils ne développent pas leur compétence langagières avec les enfants et les jeunes de leur âge qui eux ont l’allemand comme langue première. La mixité sociale est la condition nécessaire à tout bilinguisme. Personne n’en veut aujourd’hui par nationalisme idiot, mais ce n’est certainement pas avec des parents turcophones, russophones ou autre que les enfants vont apprendre l’allemand. Les Danois du Schleswig parlent très bien l’allemand alors que la langue familiale est en général exclusivement le danois. Sauf que eux, ils partagent leur vie sociale avec des Allemands germanophones. CQFD et 1-0 pour Elie.

D’ailleurs, hier, le « Tatort » se passait à Schleswig, le lieu du crime était l’école de la minorité danoise, et l’intrigue avait son origine dans les années d’après-guerre, avec les antagonismes des enfants danois, allemands et silésiens qui avaient été « rapatriés » et qui étaient plus ou moins bien acceptés par les autres communautés.

On n’a apparemment pas compris l’article de la même façon. Les enfants d’immigrés dont il est question ici ont la chance d’être bilingues , c’est certain , mais , me semble-t-il , avec un certain déséquilibre , voir un déséquilibre certain entre les deux langues ; celle des parents , de la famille dans le sens le plus large du terme et de la communauté à laquelle ils appartiennent et celle dans laquelle ils reçoivent leur enseignement.
Alors si ces gamins peuvent bénéficier d’un sérieux coup de pouce pour être au même niveau de langue que leurs camarades autochtones , même si le niveau desdits autochtones n’est pas forcément brillant , je ne vois rien de répréhensible, bien au contraire.

Merci Elie, ça remet les pendules à l’heure.
D’ailleurs ce constat est drôle, il ne faut pas être choqué quand on finance les projets allemand langue seconde avec très peu d’argent. Il existe très peu d’écoles en Allemagne avec des professeurs agrées d’allemand langue seconde, alors que certains quartiers des plus grandes villes en auraient besoin.
Ben oui, un élève qui a l’allemand langue seconde a besoin d’un cours de géographie spécial, avec un prof qui arrive à lui faire comprendre la Fachsprache. Et la langue qu’ils parlent à la maison, on s’en fiche…

Alors ma chère Maria, au lieu de faire des manuels d’Orientierungskurse un peu débiles, finance des projets bien plus efficaces pour l’intégration…

C’est un sujet extrêmement brûlant en Autriche et particulièrement dans la capitale. A Vienne,70% des enfants en école maternelle n’ont pas l’allemand comme langue maternelle. Ils sont 53% dans les Volksschulen (écoles primaires) et 64% dans les Hauptschulen… (ots.at/presseaussendung/OTS_ … tersprache)

D’après diverses études, le déficit langagier en allemand est plus faible chez les enfants qui ont fréquenté l’école maternelle en allemand que chez ceux qui n’ont été scolarisé qu’à partir de la primaire.
Pour remédier à ce déficit, de plus en plus de Muttersprachliche Unterrichte sont proposés. Selon la « Schwellenhypothese », il faut atteindre un certain niveau dans sa langue maternelle pour pouvoir apprendre une autre langue. Pour bien des immigrés, ce niveau n’est pas atteint dans leur langue maternelle, et c’est ça qui les empêcherait de suivre les cours en allemand. En proposant à l’école primaire des cours de BSK, turc, arabe etc, l’Autriche espère que les élèves acquerront le niveau dans leur langue maternelle qui leur permettra de comprendre et maîtriser le vocabulaire spécifique à chaque matière et qui leur fait défaut dans leur propre langue.

C’est quoi , BSK ? Première lecture trop rapide , sans aucun doute , j’avais lu , DSK . :mrgreen:

BSK : Bosnisch-Serbisch-Kroatisch, anciennement serbo-croate, quand il n’y avait pas tout ce bordel nationaliste ridicule. :smiling_imp:

:merci: , Andergassen !

Michel, je pense qu’il n’y a qu’une interprétation directe à l’article, la tienne, mais on peut comprendre qu’il y a un sous-entendu ou qu’il n’y en a pas, et c’est le sous-entendu que dénonce Elie…
Mislep, je ne connaissais pas cette Schwellenhypothese, intéressant ! Vont-ils mesurer les résultats formellement ? Et si oui, quand espèrent-ils les premières retombées ?

Je suis assez d’accord avec Michelmau sur le fond: le bilinguisme, c’est formidable mais il ne se fait pas tout seul. Renforcer l’accès à l’allemand des non-germanophones, oui, j’applaudis des deux mains… mais en effet, j’y vois un sous-entendu très malsain : ne demandez pas aux parents de changer de langue, non seulement il ne peuvent rien pour le niveau d’allemand de leur progéniture, mais c’est aussi un coup bas au bilinguisme en visant l’accès principal à l’autre langue. C’est rageant… surtout que ceux qui défendent « l’allemand à la maison » pensent toujours aux immigrés des Balkans ou du sud, mais jamais les anglophones qui s’enferment dans des écoles privées tout en anglais dont la bourgeoisie locale se régale parce que c’est tellement chic.

Surtout que ce qui aide le plus pour apprendre l’allemand à l’école, c’est de maitriser son autre langue à un bon niveau. Dans les bilingues précoces (les cas général des immigrés nés dans le pays), il y a relativement peu de déséquilibre… ils sont soit bons dans les deux langues, soit moyens dans les deux. En tout cas, j’ai assez de bilingues devant moi tous les jours depuis des années pour oser l’affirmer sans autre forme de référence.