Erreurs ou mutations grammaticales de l'allemand

Une bonne nouvelle pour ceux qui comme moi font des fautes de grammaire, vous pourrez dire sans rougir qu’il s’agit de variation grammaticale :wink:

Vous trouverez ci-dessous le début de la traduction de l’article intitulé Fehler oder Variante? – Die grammatische Variation im Standarddeutschen de
qu’a Janna Degener écrit pour le Goethe Institut, vous pourrez lire l’article dans son entier et sa langue originale à

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Doit on dire “Schweinebraten” ou “Schweinsbraten”'? “Zugsverbindung” ou “Zugverbindung”? “Die Parks”, “die Pärke” ou “die Parke”?. Toutes ces formes sont correctes, selon Stephan Elspaß, spécialiste des études germaniques, qui dans le cadre d’un projet international, observe de près les variations de la grammaire de l’allemand standard. Stephan Elspaß enseigne l’allemand en qualité de professeur d’université et a vécu dans toutes les régions germanophones de l’Europe: de l’Allemagne à la Suisse et du nord lointain jusqu’au sud profond. Lorsqu’il ouvrait son journal du matin à Zurich, il s’agissait souvent des Suisses confrontés à une « Entscheid » (décision, jugement) tandis que le journal de Munster parlait de « Entscheidung » qui signifie la même chose.

Für” au lieu de “auf
Quand les collègues du professeur Stephan Elspaß commandaient leur repas à la cafétéria, certains disaient “Schweinebraten” et d’autres “Schweinsbraten". Tandis que les étudiants de Kiel disaient souvent qu’ils étudiaient “für eine Prüfung” , ceux d’ Augsburg disaient qu’ils étudiaient “auf eine Prüfung”.Le spécialiste qu’est Stephan Elspaß s’est rapidement aperçu que non seulement les mots et les accents variaient selon les régions certes, mais que parfois la grammaire aussi différait de manière notable parmi les locuteurs et scripteurs d’une même région. Il était clair pour lui qu’il ne s’agissait ni de formes dialectales ni de fautes d’oral ou d’écrit. Elles étaient le fait de variations de l’allemand standard.

En bon sudiste, je dis « Ich bin gestanden, gelegen, gesessen », alors que l’allemand standard préconise l’auxiliaire « haben ». Pour les Allemands du Sud et les Autrichiens (comme dans le midi de la France ou en Corse d’ailleurs), rester immobile constitue quand même un mouvement. Les fonctionnaires apprécieront… :mrgreen:
Et puis, ça évite des malentendus : quand je dis Zuerst hat er gestanden, dann hat er gesessen, je parle d’un prévenu qui a avoué et qui a été écroué. :stuck_out_tongue:

Ah ah la torpille anti-fonctionnaires :laughing:

Moi je n’utilise que le prétérit comme ça j’ai bon partout en Allemagne :mrgreen:

A condition de savoir l’utiliser à bon escient. Certaines formes sont assez alambiquées… :mrgreen:

Il enfonce des portes ouvertes. Il y a toujours eu des variantes du haut-allemand, au point qu’on trouve même un trotzdem conjonction chez Kafka:
"Trotzdem K. gerade jetzt nicht daran gedacht hatte, sagte er sofort: “Gewiss, ich muss fortgehn.” (Le procès)

Le genre de certains mots change selon la région sans qu’on n’y puisse grand chose, au point de voir un Souabe écrire sans complexe Butter au masculin ou un Autrichien Teller au neutre. Il y a même des subtilités dans l’emploi du double infinitif. Certains suive la règle du double infinitif avec werden, d’autres la règle normale. On trouve aussi des différences de préposition, des -s- qui apparaissent et disparaissent de Miet(s)haus sans crier gare, des verbes forts archaïques ou ambivalents comme hier soir gepflogen à la télé autrichienne ou même un frug archaïque tout naturel chez un babyboomer du nord dans le train la semaine dernière. Et je ne vous parle même pas des variations dans le vocabulaire car il n’y a pas que les helvétismes et les austriacismes, il faut aussi compter avec une sorte de Ossi-Deutsch en plus des classiques allemand du nord des publications de Hamburg et allemand du sud des publications de Munich.

Il y a de tout, il y a toujours eu de tout et ce n’est d’autant plus palpable aujourd’hui que de par l’absence de volonté normative et normatrice dans les institutions qui se penchent sur le sors de la langue allemande. Même la réforme de l’orthographe a fini en listes interminables de doubles formes acceptées comme équivalentes. Il en est maintenant de même avec toutes les variations de la langue car la mode n’est pas à la grammaire normative. Personne n’ose plus trancher, alors la diversité prend la place qu’elle peut prendre. Il se trouve qu’en ce moment, c’est pratiquement toute la place. C’est ni bien ni mal, c’est comme ça.

C’est épouvantable les réformes de grammaire et d’orthographe.
Du coup personne ne sait plus ce qui est vraiment correct.
Sous prétexte de simplifier, on complique !!!

Bah non. Ce qui complique les choses, ce n’est pas la réforme, mais ceux qui s’y opposent ! A cause de leurs protestations, on finit par tout accepter, et là, ça devient le bazar…

Avis tout à fait perso, qui n’engage donc que moi;il me semble que , quand tous les gens, qui, comme moi, ont appris à écrire l’allemand avant ladite réforme et continuent d’écrire selon les normes qu’ils ont apprises sans se soucier le moins du monde des nouvelles normes…et il existe encore pas mal de gens de cette espèce…donc quand tous ces gens auront disparu…et que tous les textes des grands écrivains auront été réimprimés selon les nouvelles normes…je sais, ça fait beaucoup de « quand », la nouvelle façon d’écrire s’imposera d’elle-même.Comme disait l’autre :« Il faut donner du temps au temps. »
Je souhaite bien du plaisir à tous les enseignants qui ont à jongler entre ancienne norme et nouvelle norme dans leur quotidien. :mrgreen:
Goethe ne se posait même pas la question de l’orthographe. Un peu hors-sujet, mais pour l’amusement et l’édification des masses laborieuses :

Oui, tout à fait.
Pour s’opposer comme tu dis Mislep, il faut d’abord qu’on soit au courant de toutes les modifications.
On continue à utiliser la bonne vieille orthographe, parce que c’est celle que l’on a apprise à l’école.
Si je n’avais pas suivi quelques cours, je ne serais au courant de RIEN !!!
Et beaucoup d’allemands eux-mêmes sont comme moi.*

En français,
vous écrivez coût ou cout ?
entraîner ou entrainer ?
médecin ou medecin ?
porte-monnaie ou portemonnaie ?
Corole ou corolle ?
aiguë ou aigüe ?

le plus dur pour moi c’est de voir

je les ai laissées partir ou lieu de je les ai laissé partir !!!
mes yeux font carrément mal, mais c’est la réforme de la grammaire !!!

ah oui, on écrit aussi maintenant les médias et non plus les média. Medium, media, sans s c’était déjà un pluriel, mais maintenant on met le s (de mon temps c’était une preuve d’inculture de mettre un s). c’est le seul cas où je trouve que c’est une bonne chose de changer l’orthographe.

Si on pouvait rester dans le sujet, ce serait bien aussi.

C’est tout à fait le sujet.
Le fait que les gens que ce soient en Allemagne ou en France ne connaissent pas forcément les mutations de la nouvelles orthographes/grammaires, parce qu’ils n’en ont jamais entendu parler.
J’ai donné ces exemples pour voir si vous vous connaissez le contenu de la réforme en France, pour montrer qu’il n’y a pas plus de raisons qu’elles soient connues en Allemagne.
Et que celles les mutations « naturelles » (comme en France média qui devient médias) sont légitimes.
On parle bien de l’évolution des langues ?
Ou c’est moi qui est mal lu ?

Les variations comme exposées par Valdok et la réforme de l’orthographe sont pour moi 2 choses différentes. On peut tout à fait ouvrir un autre fil spécifique.

Non justement, ce n’est pas le sujet, car il ne s’agit en fait pas d’une nouvelle grammaire du tout, mais simplement d’un changement d’attitude face à des déviations et variantes qu’il y a toujours eu. Il n’y a rien de nouveau là-dedans. Les éditeurs ont beaucoup plus de poids dans les choix normatifs de la langue que n’importe quel institut de la langue n’en aura jamais. Or, c’est leur attitude qui a changé, journaux compris: ils ont tous leur politique linguistique maison. La référence à une norme internationale agréée entre les pays germanophone a pratiquement disparu et l’institut de la langue allemande qui centralise justement ce travail de normalisation pour l’Allemagne a baissé les bras face à deux phénomènes:

  • les linguistes sont de plus en plus pragmatistes, formés à des écoles linguistiques descriptives et non normatives,
  • l’influence des utilisateurs de la langue est de plus en plus grande, éditeurs et internet compris et rien ne se fera plus sans l’adhésion du grand public car celui-ci n’écoute plus religieusement les maîtres d’école.
    On a donc par définition un n’importe quoi pragmatico-utilitariste et c’est la faute des linguistes eux-mêmes qui ont lancé et fini par faire accepter au grand public que la langue écrite doit se moderniser en s’appuyant sur la langue orale. C’est techniquement faux: rien n’oblige personne à changer quoi que ce soit car une langue n’évolue par fondamentalement en un siècle, le style oui, la grammaire non. Mais ça, ne comptez pas sur la génération de linguiste actuelle pour faire la différence. Ils ne l’ont pas apprise.

Bien sûr que si il y a des raisons. C’est qu’en Allemagne, quand la réforme est sortie, la nouvelle orthographe était censée remplacer l’ancienne (= ancienne totalement abandonnée) et être appliquée partout et tout le temps (ce qui ne s’est finalement pas fait). Alors qu’en France, on a juste autorisé à écrire les mots de deux manières différentes (= on a le choix), ce qui est tout à fait autre chose. Ca veut dire qu’un Français qui écrit à l’ancienne a juste, un Allemand qui écrit à l’ancienne a (ou aurait dû avoir si le projet s’était imposé) faux. Et la conséquence, c’est qu’il y a eu un battage médiatique énormissime autour de ça en Allemagne, et ça remonte à environ 15 ans, donc à mon avis les Allemands qui ne sont pas au courant vivent sur une autre planète (que par contre ils n’aient aucune envie d’apprendre les règles, c’est un autre problème : pas d’ignorance médiatique, mais de résistance idéologique ou de flemme).

Du coup, ma femme et moi, nous sommes toujours en train de consulter le Duden (et de préférence la dernière édition, qui tient justement compte de toutes les tolérances fruit de la contre-réforme et de la réforme de la contre-réforme).