Étoile des neiges / Fliege mit mir in die Heimat

Sonka · Avril 19, 2013, 4:04

On évoquait il n’y a pas si longtemps « Étoile des neiges » ici-même… Mais saviez-vous que cette chanson était d’origine autrichienne ?
Rien à voir, d’ailleurs, avec la neige :

Étoile des neiges est une chanson composée et enregistrée à la radio une première fois en 1944 par l’Autrichien Franz Winkler (1906-1962), alors musicien aux armées, et sa soeur Albertine1. En 1948 il enregistra à nouveau la chanson, cette fois avec son épouse Ingeborg, pour Decca (7/48 Decca 16006). Cette chanson sentimentale, exprimant au plus haut point le mal du pays, eut un grand succès, en particulier parmi les millions d’Allemands expulsés des territoires perdus de l’Est et du centre de l’Europe. Le texte de la chanson allemande se compose de deux strophes et d’un refrain: la mélodie des couplets sera celle du refrain des adaptations anglo-saxonne et française et celle du refrain deviendra celle des couplets… Les couplets rapportent l’histoire, peu vraisemblable, d’un aviateur allemand survolant Rio alors qu’une petite fille crie sur la plage son mal du pays: il l’emmène au pays, le seul bruit des moteurs, c’est déjà le pays. Telle qu’elle s’est imposée dans les mémoires, la chanson perd le couplet des moteurs, ne restent plus que Rio, l’aviateur et la petite fille. Le refrain: « Envole-toi avec moi vers notre pays, monte dans l’avion, envole-toi avec moi dans le ciel… » En novembre de la même année, Malia Rosa écrit des paroles en anglais sous le titre For ever and ever, afin que Gracie Fields l’interprète dans cette langue. Cette fois, la chanson devient un texte à la fois simplet et contradictoire: deux amants qui se sont séparés se jurent un nouvel amour qui durera sans doute ce que ça dure. La chanson remporte un grand succès au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. L’année suivante Jacques Hélian, puis Line Renaud ont fait de la chanson un succès francophone, repris bien plus tard par le groupe de rock Simon et les Modanais. Dans la France du début des Trente Glorieuses, en proie à une crise de croissance, notamment dans le domaine de l’immobilier, l’histoire du petit Savoyard et de sa fiancée annonçait des lendemains meilleurs, la constitution d’une famille nucléaire autonome, un logement décent (le futur F3 des HLM) et un avenir dans la grande ville. Line Renaud incarnait les idéaux de la génération des Baby Boomers alors qu’une Edith Piaf perpétuait la fille perdue de l’univers chansonnier de l’entre-deux-guerres. La chanson exprimait un kitsch moderne - mais lié à un passé mythifié, qui faisait allusion au personnage du petit Savoyard et au conte d’Andersen « La Bergère et le Ramoneur ». La Savoie, dont l’industrie et le tourisme se développaient, s’est identifiée à ce kitsch français qui a fait oublier le kitsch originel, où s’exprimait une Allemagne désireuse de se replier sur elle-même, renonçant une bonne fois pour toutes aux vastes espaces d’Europe de l’Est, d’Asie et d’Afrique. C’est cette même Allemagne qui s’identifie tout au long des années 1950 à l’idylle artificielle du Heimatfilm, dont au fond le cadre pseudo-régional n’est guère différent de celui de l’adaptation française.

fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89toile_des_neiges

On peut l’entendre ici par exemple :
youtube.com/watch?v=_cn3EnvML6c
Et franchement, j’avoue que cet arrangement m’évoque beaucoup plus facilement Rio que la Savoie !

michelmau · Avril 19, 2013, 4:21

Merci pour l’info ; je suis sûr que beacoup de savoyards vont être plus qu’étonnés d’apprendre que leur hymne officieux est l’oeuvre d’un Autrichien.
Ca me fait d’ailleurs penser à la chanson révolutionnaire italienne :« Bella ciao » dont on peut retrouver la mélodie du début (parte iniziale ) dans le folklore yiddish :
Bella ciao - melodia di origine yiddish? - YouTube (Mais là , il ne s’agit que de réminiscences.

valdok · Avril 19, 2013, 4:51

Ah le kitsch cela fait vraiment pas de mal!!!. Et ce miroir dans le clip, mimi tout plein qui fait apparaître le gramophone où tourne le disque. J’aurais bien vu la photo de Romy Schneider et du (toujours aussi) charmant Karlheinz Böhm dans les Sissis.
Je ne connaissais même pas le titre de la chanson en allemand, alors le nom de son créateur encore moins Franz Winkler . Je croyais que c’était un truc de Line Renaud, comme la « Cabane au Canada ». Et des gens mettent sur internet des enregistrements d’époque, 1940!!!, pas mal la performance .
Mais c’est surtout la version de Simon et des Modanais, que j’aimais bien, à cause de la dérision.