Le colonialisme et l’internationalisme, ça se paie. Faut assumer, c’est pas facile. Je me souviens d’avoir vu régulièrement passer dans mes jeunes années un sergent noir de l’Armée nationale populaire à la station de métro Alexanderplatz à Berlin, à la mi-journée. Ca faisait curieux, mais bon, la RDA était du bon côté, au plan internationalisme, pas vrai ? Je m’étais posé la question "Quel effet ça ferait, un garde-frontière noir de la RDA, qui demande son passeport à un Allemand de l’Ouest ou autre citoyen occidental à Marienborn ou à Drewitz, ou au Check-point Charlie ? " Mais au fond, je savais que le sergent en question ne devait pas avoir la vie facile, et que s’il avait été blanc, il aurait été certainement promu plus rapidement. J’étais parfaitement au courant de ce qui se passait dans les petites villes de province, les bagarres n’étaient pas rares avec la jeunesse locale qui craignait que les jeunes travailleurs immigrés sous contrat d’apprentissage (Angola, Mozambique, Cuba, Algérie, Vietnam, etc.) leur piquent leurs nanas. Jusqu’à 500 étrangers parqués dans un foyer en bordure d’une ville de 5.000 habitants avec une industrie spécialisée (machines agricoles, contruction mécanique), vous voyez le topo. Et les incendies de foyers d’immigrés après la réunification n’étaient en fin de compte qu’une continuité, un peu plus voyant, certes, puisqu’il n’y avait plus d’embargo de la Stasi sur l’information.
Si je ne me trompes pas, il y avait beaucoup d’échanges entre étudiants de pays communistes à l’époque de l’Union Soviétique et des pays communistes alliés. De ce fait beaucoup d’étudiants de pays africains sont venus en RDA, mais aussi en Pologne et en Russie, pour ce que j’en sais. Certains ont eu des relations amoureuses avec les femmes du pays et sont plus ou moins restés, ont fondé une famille.
Sincèrement je pense malgré cela qu’il est plus facile d’ëtre 'Noir" , né et éduqué en France, un pays au long passé colonial en passant par l’esclavagisme, que dans les pays d’Europe centrale ou de l’Est ou même qu’en Allemagne… Mais ces faits s’améliorent petit à petit. De plus je voudrais dire aussi qu’il est par contre très facile (bien sûr à condition de ne pas se confronter à des gens ouvertement racistes et haineux!!!) de se faire des amis et d’être bien accueillis en tant que Française noire.
Le secret est très simple : pouvoir communiquer avec les gens dans leur langue… Même si encore pour le polonais et encore plus pour le russe mes connaissances sont très balbutiantes…Cela fait sourire les gens et ils sont très contents. Dans mon université j’ai plus d’amis polonais, ukrainiens et biélarus sur lesquels je peux compter que d’Allemands. Ma meilleure amie est une jeune femme Biélarus et notre langue de communication est le polonais.
Après pour l’Allemagne Nazie, c’est une autre histoire , cette Allemagne était déjà profondément raciste envers les Slaves , les Juifs, donc des dits Blancs et pour les Slaves, beaucoup de « Blonds-Aux-Yeux-Bleus » alors comment imaginer que cette Allemagne détestable ait pu accepter des Noirs??? Le nationalisme simplement et non le National Socialisme aurait pu les admettre, puisqu’il y a des familles dites noires en Allemagne (en nombre extrêmement faible) depuis le colonialisme allemand, et d’ailleurs des familles se sentant (et étant de fait) parfaitement allemandes, mais l’idéologie raciste nazi en aucun cas. J’ai du mal à comprendre que ces personnes ait décidé de rester en Allemagne malgré cela. Ce qui m’étonne aussi c’est qu’actuellement peu de recherches s’intéressent au sort des Noirs allemands à l’Epoque nazi.
Personnellement, je ne veux pas faire des recherches là-dessus, même si le sujet m’intéresse, car j’ai une sainte horreur des étiquettes que l’on colle naturellement aux personnes parce qu’elle correspondent à leur couleur de peau ou leur pays d’origine. Il y a plus d’étudiants « noirs » inscrits en "colonial studies’ qu’en Kultur Geschichte Mittel- und Osteuropa . A vrai dire je suis la seule Il
C’est sans doute aussi un peu pour cela que j’aime les langues et les cultures allemande et polonaise, ainsi que des cultures en grande partie russophone, parce que je suis là où on ne m’attend pas… Et j’aimerais aussi rendre compte d’une image positivie mais non naïve. Voici pourquoi je vous ai envoyé ce lien