« La mode en RDA ». Le sujet semble aussi gris que la fumée d’une cheminée d’usine. D’ailleurs, la mode était-elle seulement possible dans une économie régie par l’impératif du plan quinquennal ? C’est pourtant le thème d’une stimulante exposition qui vient d’ouvrir ses portes au musée d’histoire de la ville de Leipzig. À la rigueur du plan, les Allemands de l’Est opposaient pragmatisme, créativité et désir d’affirmation de soi.
La créativité vestimentaire en RDA
Le titre de l’exposition, présentée jusqu’au 8 janvier 2012, en résume l’ambition. « Malimo&Co. – La mode en RDA entre rêve et réalité » lève le voile sur la variété des manières de s’habiller observées en Allemagne de l’Est entre 1949 et 1989.
Ainsi, le plan limitait le choix en termes de modèles, matières et coloris. Mais il n’empêchait pas le désir. Bien au contraire : il semblait plutôt stimuler l’envie de se distinguer ou de s’affirmer à travers le vêtement. Dans les foyers, la machine à coudre n’était donc jamais bien loin. Et les jeans ou bas nylons reçus dans les colis de l’Ouest étaient aussi les bienvenus !
À l’écoute des « tendances »
La mode en ex-RDA était ainsi bien plus originale qu’on ne l’imagine. Un bref coup d’œil jeté dans les friperies de Berlin montre qu’elle pouvait même être très colorée. Plusieurs magazines de mode, et même des émissions de télévision débattaient des dernières « tendances ». Ils entretenaient les aspirations et permettaient à chacun de rester au goût du jour.
Le musée d’histoire de la ville de Leipzig s’attarde sur les grandes « tendances ». Elles portèrent les noms de « Malimo » (tissu en fibre de verre), « Dederon » (nylon de l’ex-RDA, utilisé pour la fabrication de blouses et tabliers, par exemple) et « Präsent 20 ». Ce dernier textile doit son nom au fait qu’il avait été « offert » au peuple par les dirigeants socialistes à l’occasion du vingtième anniversaire de la RDA…
Au total, le musée de l’histoire de la ville de Leipzig présente une cinquantaine de vêtements, ainsi que des accessoires, des dessins de mode, des magazines, des catalogues de vente par correspondance, des films et des photographies de mode.
C’est un voyage plein de charme dans une autre époque, qui avait aussi ses vertus. Ainsi, les vêtements étaient faits pour durer. Littéralement inusables, certains sont, sans nul doute, encore parfois portés aujourd’hui.