Foot et hymne allemand

Lors de la retransmission, lundi dernier, dans le cadre de l’Euro 2008, du match opposant l’Allemagne à l’Autriche, la SRG (chaine de télé suisse) a sous-titré l’hymne national allemand, non pas avec le texte de la 3ème strophe (Einigkeit und Recht und Freiheit),qui est la seule officielle, mais avec la première strophe (Deutschland, Deutschland über alles), paragraphe très nationaliste avec des revendications territoriales précises, qui était chanté à l’époque du IIIème Reich.
Après enquête, les 2 documentalistes qui avaient cherché sur Internet les paroles de l’hymne pour le service de sous-titrage pour les sourds et muets, avaient des connaissances plus que lacunaires dans le domaine de l’histoire contemporaine.

 :wink: 

tf1.lci.fr/infos/euro-2008/0,38 … oire-.html

Peinlich, peinlich! (Qu’est-ce qu’on dirait en francais? Gaffe?)

Genau,cri-zi! :wink:

Je ne sais pas si c’est rassurant de savoir qu’il n’y a pas qu’en France que les journalistes sont mauvais…
Navrant, c’est tout…

En Allemagne, chanter la première strophe peut être interprété comme activité anticonstitutionnelle (en clair: néonazisme). Juridiquement, c’est laissé à l’appréciation du procureur qui saura identifier la nature des intentions de l’intéressé.

Hm… Ouais un peu naze (mais plus rien ne m’étonne de la part des journalistes…)
Mais pourquoi l’Allemagne n’a-t-elle pas changé plus radicalement d’hymne ? Garder le même hymne, changer les paroles, et considérer ensuite les anciennes paroles comme anticonstitutionnelles, c’est pas un peu pousser au crime aussi ?

Moi aussi, j’aurais préféré un nouvel hymne, la « Wiedervereinigung » aurait été une bonne occasion de changer. (Il y a un très beau texte de Brecht.) Mais la troisième strophe de l’ancienne hymne fait l’affaire, et ils n’avaient pas le courage de le changer - c’était un gouvernement conservateur à ce moment-là. `Son texte peut être lu comme l’expression du désir de la « Wiedervereinigung », c’est pour ca qu’ils y tiennent. (Ils - les conservateurs). Moi, dans les années cinquante, j’ai encore appris tout le texte, 3 strophes, à l’école élementaire.
Au fond, le texte imite une chanson de Walther von der Vogelweide à qui personne ne reprocherait d’être nazi.
Comme peu de gens connaissent le texte de la 3ième et encore moins les deux autres, on n’est pas poussé vers le crime.

Je confirme, la seule phrase célèbre est la première, à cause du sloggan nazi, mais si tu demandes à un néonazi même parmi les moins ignards, ça m’étonnerait qu’il y en ait un pour te donner les frontières citées dans la première strophe. Ce qui m’a toujours épaté, c’est que même les nazis ne voulaient pas des Suisses allemands. :stuck_out_tongue:

La deuxième strophe est amusante : du vin, des femmes…

Pour ceux qui ne connaissent ni la génèse ni les paroles de l’hymne allemand, voir cet interessant article de wiki sur le sujet avec texte et traduction en Français des trois strophes.

@Elie,la Suisse alémanique n’était-elle pas comprise implicitement dans la référence territoriale nord-sud (Petit Belt-Adige)?

:wink:

Dans mon esprit, l’Adige, c’est la revendication de l’Empire Autrichien. Etant en Suisse, je ne me sens pas vraiment concerné. Ce serait une formule éminemment éliptique pour prendre la Suisse au passage.

Attention, à l’origine, les paroles ne sont nullement « nazi »: comme le lien de michelmau l’indique, Fallersleben les avait écrit dans une autre époque, avec d’autres intentions. Les fleuves (et détroits) cités dans la première strophe désignent à l’époque approximativement les frontières effectives du territoire germanophone, pour deux d’entre eux les frontières effectives du « Deutscher Bund » (Autriche incluse), première entité sur le long chemin de l’unification allemande (démocratique - dans l’ésprit de l’époque…).

« Fallersleben avait écrit ces paroles pendant son exil, à une époque où l’Allemagne n’était encore formée que de royaumes et principautés qui bataillaient les uns contre les autres. Il voulait exprimer son désir d’une Allemagne forte et unie. La ligne Deutschland, Deutschland über alles, über alles in der Welt doit dans ce contexte être comprise comme un appel aux souverains allemands à mettre de côté leurs querelles et à concentrer leurs efforts pour créer une Allemagne unie. À l’époque de Fallersleben, ce texte avait aussi une connotation révolutionnaire et libérale, car l’aspiration à une Allemagne unie allait souvent de pair avec la réclamation de la liberté de la presse et d’autres droits de l’homme. Ainsi, les frontières de la « patrie allemande » que décrivent le premier couplet (…) décrivent les limites de la langue et de la civilisation allemande. »

cit. wiki

de.wikipedia.org/wiki/Bild:Deutscher_Bund.png

Mais ce qui n’est pas évoqué dans WIKI, c’est ce que je viens de dire: à l’origine du texte, il y a un texte de Walther von der Vogelweide: « Ihr sult sprechen willekomen », et Fallersleben s’est inspiré de ce texte du moyen âge. Walther a pris comme frontière « Elbe », « Rhein » et « Ungarland »= Hongrie.

Merci, cri-zi, pour cette indication très interessante.C’est vrai que lorsqu’on lit le texte de Walther von der Vogelweide, on se rend tout de suite compte que Fallersleben n’a pas conçu son texte ex nihilo, la parenté est vraiment très évidente.

Je me permets de mettre un lien avec le texte du Minnesänger et sa traduction en Allemand d’aujourd’hui.

:wink: