Je suis étonné que personne n’ait encore évoqué le désastre de ce début de semaine en Allemagne:
« Agé de 18 ans, un ancien élève a semé hier matin la terreur dans un collège du nord-ouest de l’Allemagne avant de se donner la mort. 27 personnes ont été blessées au cours de l’agression. »
On a déjà vu ce genre d’évènement tragique aux Etats-Unis, mais si cela reste rare en Europe, ce n’est pas vraiment une première en Allemagne. Rappelons nous la tragédie d’Erfurt en 2002. Les deux évènements n’ont sans doute aucun lien, sinon leur côté dramatique, mais je me demande ce qui peut pousser ces adolescents à de tels actes!?
Autre question, qu’en est-il de la legislation allemande sur le port d’arme? Dans le cas d’Ensdetten, le jeune était tout de même ceinturé d’explosif en plus de posséder une arme à feu!!
Pour ma part, si je n’en ai pas parlé c’est pour la simple et bonne raison que j’ai décidé de ne plus trop parler de sujets tristes ou trop sérieux sur l’actualité, la politique, l’économie,… cf ici.
(tiens, je viens de me rendre compte que je viens de répondre presque automatiquement à 2 « topics » sur la politique et l’économie… décidément, les mauvaises habitudes reviennent… )
C’est dommage car ta grande culture dans ces domaines est souvent très intéressante…
Pour ce qui est de la fusillade en Allemagne, je trouve cela deplorable et je me pose la même question Foojtee concernant la loi sur le port d’armes en Allemagne. Bien que les lois ne suffisent pas pour éviter ces sinistres actes de démence.
Peut-être. Bien que, tu sais, ma soi-disante « grande culture »… faut pas non plus exagérer… je connais un peu l’Allemagne parce que ça fait un peu plus de quarante ans que j’y vis. Et cependant il y a toujours encore beaucoup de choses que j’ai du mal à comprendre parfois.
Si j’ai décidé de ne plus trop parler de sujets sérieux c’est parce que ces sujets sérieux décrivent souvent une réalité très dure, et je ne sais pas si c’est très bon de ne parler que des choses négatives. Nos forumeurs sont quasiment tous/toutes très jeunes. Ils sont donc encore plein d’espoirs, de rêves, d’envies de choses à réaliser dans leurs vies. Si je me souviens de mes 20 ans, je n’avais pas envie non plus qu’on me parle que de la dureté de la vie. Il faut donc leur parler de choses plus positives. Les enthousiasmer plutôt que les décourager. Leur montrer que tout n’est pas noir et qu’ils ont leur vie en main, que leur bonheur ne dépend pas tant de l’état de nos économies que de leur courage individuel.
Et en plus, en étant en Allemagne, tu es au courant de bien plus de choses que nous (en tous les cas que de moi au fin fond de ma forêt de Brocéliande) et j’apprécie toujours tes explications, que je lis avec beaucoup d’intérêt, même si je ne poste pas forcément de réponses car je n’ai pas forcément quelque chose à dire sur des sujets que je ne maîtrise pas.
mais bon, comme tu l’as écrit à Cristobal récemment, bien entendu que du allein sollst entscheiden…
Je poste deux réponses différentes car mon état d’esprit n’est pas du tout le même pour les deux parties de mon message.
Pour revenir à cet évènement épouvantable, je me demande, à chaque fois que cela arrive, quelle somme de violence psychologique peut avoir enduré un forcené pour ne plus avoir d’autre moyen que la destruction spectaculaire afin d’exprimer sa colère, transformée en haine absolue. Il me semble que ce besoin d’être vu et entendu à tout prix, au point de recourir à la barbarie, a quelque chose de vraiment crucial pour notre société.
Mais pour les victimes de cette violence aveugle et leurs proches, je crois qu’on ne peut pas, même avec la meilleure empathie du monde, imaginer la souffrance, l’incompréhension et les conséquences, matérielles et psychologiques d’un tel accès de haine et de folie.
Je crois que le concept de folie, c’est ce qui a été inventé pour qualifier ce qui dépasse notre entendement car il n’était pas supportable de ne pas pouvoir mettre de mot sur l’incompréhensible.
Moi non plus je n’ai pas de mots pour comprendre ou expliquer une chose pareille.
Ce qui me semble inquiétant c’est que ce ne sont plus des « épiphénomènes » (évènements exceptionnels ou rarissimes), mais quelque chose qui se généralise dans nos sociétés.
Et tout aussi inquiétant me semble être : 1. l’indifférence générale d’une majeur partie de l’opinion publique (comme l’explique très bien Franz Kadell dans son article), et 2. lorsque j’en ai parlé à ma fille, sais-tu ce qu’elle m’a dit ? « Ben c’est comme ça. Les jeunes sont comme ça de nos jours. »
J’étais scotché… je ne savais plus quoi dire.
Alors, est-ce que tous ces phénomènes, dont fait également partie le « happy slaping » (tu sais, ces jeux grotesques que pratiquent les jeunes et qui consistent à filmer sur son portable d’autres jeunes qui se tapent dessus), tous ces phénomènes sont des indices de l’évolution de nos sociétés ?
C’est d’ailleurs un peu la même chose quand je constate (quand j’observe ce qui fait rire beaucoup de jeunes de l’âge de ma fille) que les vidéos sur Internet sur lesquels ont se moquent de tout le monde, dans le seul but de rigoler…
Et franchement, je ne trouve pas ça marrant du tout. Mais alors pas du tout. Surtout quand il s’agit de regarder des gens se casser un bras ou une jambe dans une vidéo sur les sites comme youtube, et d’en rire ! ou quand, comme dans le cas présent, encore pire, il s’agit non seulement d’observer (en allemand, on dit gaffen) une jeune femme en haut d’un immeuble qui est sur le point de se suicider, mais en plus de l’enjoindre en criant qu’elle doit sauter !!!
C’est ça la jeunesse d’aujourd’hui ?
J’aurai aimé pouvoir dire que non, mais la réalité nous rattrape vite quand on lit ce genre de nouvelles (cet évènement à Lörrach).
Autre chose (toujours à propos de ce qui s’est passé à Lörrach il y a quelques jours) :
Que faut-il penser du fait que ce sont seulement les Obdachlose (donc des SDF) qui aient été les seuls à faire preuve de Zivilcourage ? alors qu’il y avait plusieurs centaines de personnes sur la place entrain de regarder ce qui se passait et qui n’osaient rien dire à ces jeunes qui criaient à la fille de sauter du toit ?!
On dit souvent que la violence est le résultat de la misère économique et sociale, mais que penser alors dans le cas présent, sachant que Lörrach est une petite ville prospère (la plus importante d’ailleurs dans le Markgräflerland), qu’il n’y a aucun gueto à Lörrach et que le chômage ne dépasse pas les 5% ?
Sommes-nous vraiment arrivé aussi loin que ce que dit ce commentateur allemand : « Die Verachtung menschlicher Würde und des menschlichen Lebens hat eine neue Qualität bekommen. » ??
« Was läuft falsch in einem Land, wenn eine Gruppe Obdachloser, die weder etwas besitzen noch etwas von unserer Gesellschaft zu erwarten haben mehr Anteilnahme und soziales Verhalten zeigen als eine Gruppe Jugendlicher. » ??
=> Voilà probablement l’une des questions qu’il faut que nous nous posions.
Ces jeunes ne sont-ils donc que voyeuristisch-sensationsgeil ? Y a que ça qui compte pour eux ?
J’aimerai bien que nos forumeurs/euses donnent un peu leur avis et leur sentiment par rapport à ce qui s’est passé à Lörrach.
Ou alors notre jeunesse moderne préfère-t-elle taire les sujets sensibles ou en faire des tabous de sociétés ? Quand je vois comment les jeunes Français(es) sont capables de faire preuve de courage pour se mobiliser contre le CPE par exemple, j’ose espérer que nous avons également de ces jeunes Français et Françaises courageux/euses sur le forum et qui oseront dire ce qu’ils pensent ou ressentent face à ce qui s’est passé à Lörrach.
Cette histoire est assez déplorable. Comment peut-on crier « Vas-y saute ! » à quelqu’un sur le point de se suicider …Les gens qui regarde et ne font rien ne sont pas beaucoup mieux…Heureusement qu’il y a encore des gens censés comme ces SDF qui interviennent pour clouer le bec à ces enc… de jeunes qui trouvent ça drôle de pousser au suicide la jeune femme sur le toit…
Là je peux pas répondre car je comprends pas les questions…
Il ne faut pas généraliser, tous les jeunes ne sont pas comme ça et heureusement. Mais effectivement en voyant ce genre d’évènement, il y a de quoi ce poser des questions…mais ça c’est une autre histoire…
Désolée AOM, mais personnellement, je pense que les manifs anti-CPE n’ont rien avoir avec le courage… Mais enfin, on pourrait trouver de meilleurs exemples, peu importe.
Vous savez, ce qui s’est passé à Lörrach m’inspire une réflexion : dans l’absolu, et s’il n’y avait pas une vie humaine en jeu, ce serait intéressant de pouvoir observer les effets de cette situation. Parce qu’il est bien connu que l’être humain aime contrarier son prochain, que plus on interdit qc à qn, plus il a envie de braver l’interdit… Et que les suicidaires ne demandent majoritairement qu’une chose : qu’on les implore de ne pas sauter. Donc, je me demande si l’encourager à sauter pourrait avoir des effets salvateurs ?
Ceci dit, je doute fortement que ces jeunes aient eu cette démarche…
Sinon, ben, oui c’est choquant, mais je dois dire qu’il y a des choses qui me choquent plus que ça… Surtout que je n’ai pas beaucoup de sympathie pour les suicidaire, je suis sans doute encore trop jeune…
Difficile de répondre ou d’expliquer un événement comme celui-ci qui nous amène à nous poser tout un tas de questions sur l’évolution de notre société!!
3 choses me viennent à l’esprit pour le moment pour tenter de comprendre (sans toutefois justifier ce geste) :
Notre société est devenue éminemment médiatique (là, je ne vous apprends rien).
Toute la journée, nous sommes constamment agréssés par la violence de la TV, de la pub (affichage, radio, tv), d’internet (mise à disposition sans aucun contrôle d’une infinité d’images parfois très douteuses)… en somme de l’image.
Le journal TV nous montre chaque soir à 20h la mort, la haine, l’horreur, le « bordel » international en quasi direct (l’exemple de l’attentat du World Trade Center est éloquent). Plus l’info est morbide, mieux elle sera placée dans le journal.
Je sais un peu de quoi je parle pour travailler dans la com. Je fais notamment la promo du mag GEO. Je prends l’exemple d’un super dossier qui est sorti sur l’Inde d’aujourd’hui. Et ben, pour en faire la promo, c’est coton… à moins qu’une bombe explose en Inde le jour de la sortie du mag!! No comment!
Le problème de l’image, c’est qu’il est facile de s’en détacher, de prendre de la distance… bref elle n’incite pas à l’empathie surtout quand on en est submergée. En somme : trop d’image tue l’image!
Toutes ces images d’horreur sont devenues tellement banales qu’elles ont du mal à nous impressionner. La violence devient alors elle aussi banale et familière (même dans des endroits où il y a peu de délinquance ou de violence comme à Lörrach).
Par ailleurs, nous sommes aujourd’hui confrontés à une dictature de l’image. On ne peut exister que par l’image alors qu’auparavant on existait pas son oeuvre (culturelle ou artisanale peu importe) c’est à dire qu’on existait par ce qu’on faisait et non par ce qu’on montrait.
De plus, la pub envahit notre quotidien (il parait qu’ à Paris - si on prend bien évidemment les transports en commun - on voit près de 300 pubs par jour!!!). Et la pub, c’est le culte de la performance : être (ou plutôt paraître) plus beau, plus, fort, plus jeune, plus intelligent… C’est également le mythe de la facilité.
Lorsque cet élève allemand à Ensdetten dit que la seule chose qu’il ait appris l’école, c’est qu’il était nul… c’est, qu’en fait l’école l’a ramené à la réalité : pour réussir il faut bosser… tout ne tombe pas du ciel comme par miracle (comme dans la pub ou ces émissions de télé réalité débiles)
Notre société se virtualise
De plus en plus de jeunes passent des heures à jouer sur leurs consoles. Le design de ces jeux est quant à lui de plus en plus réel.
Certains jeunes ont, je pense, des difficultés à faire la part des choses entre ce qui est vrai (tangible) et ce qui est virtuel. Et ça n’ira pas en s’arrangeant. Prenez l’exemple des jeunes marseillais qui ont mis le feu à un bus dans lequel se trouvait une jeune fille. Pour leur défense, ils ont dit qu’il pensait que c’était un jeu!!! En gros, la jeune fille est en train de brûler vive mais il suffit de faire « Reset » pour redémarrer une nouvelle partie!!
Notre société s’individualise
Autrefois, la société fonctionnait sur la base du groupe (la famille, l’entreprise…). Aujourd’hui, la cellule familiale a explosé et on ne reste plus toute sa vie dans la même boîte…on pense en priorité à soi (son avenir, son bonheur…) avant de penser à l’intérêt du groupe.
Nous perdons nos valeurs de groupe (entraide, empathie, convivialité) ou profit de valeurs individualistes.
Je suis attérée de voir qu’aujourd’hui les gens ne sont solidaires que dans la difficulté c’est à dire quand il y a une catastrophe écologique, une tempête… Lorsque tout va bien, chacun reste chez soi et ne parle pas au voisin.
Alors, évidemment mettre tout sur le dos de la société… c’est un peu facile (on peut peut-être voir du côté de l’éduction).
Je ne sais pas si ce groupe de jeunes à Lörrach était dans le même état d’esprit que celui de Marseille. Etait-ce un jeu pour eux, avient-ils réellement conscience que cette femme pouvait mourir en sautant du toit? (je sais que ma question paraît tirée par les cheveux mais pour avoir également travaillé avec des jeunes en difficulté pendant mes vacances lorsque j’étais étudiante… je vous assure que ce n’est pas si bizarre que ça)
Et finalement, je me dis que si les SDF sont les seuls à avoir réagi, c’est parce qu’ils connaissent véritablement (et malheureusement pour eux vu leurs conditions de vie!!) la valeur et la réalité de la vie. Ils connaissent le sens des mots solidarité et désaroi humain.
Je viens de relire ce que j’ai écrit et je me dis… wouah, c’est vachement noir et pessimiste!!
Alors il faut relativiser un peu quand même. Je pense qu’on parle plus de ces faits divers qu’auparavant. Est ce à dire qu’ils sont plus nombreux?
Regardez les affaires de pédophilie, je pense qu’autrefois il y en avait tout autant mais qu’on en parlait moins donc évidemment ca avait moins d’impact sur la population.
Je sais pas si c’est très optimiste ce que je viens de dire mais bon… …
Autres questions : Est il nécessaire de parler autant de ces faits divers sordides qui, je pense, sont en fait très marginaux (enfin, j’espère)? Est ce que ça ne donne pas du crédit à ces jeunes? Ne sont-ils pas arrivés à leurs fins de cette manière… c’est à dire qu’on parle d’eux?
Je ne vais pas faire de grand discours pour exprimer ce que je ressens…
Juste poser 2-3 questions:
Quel age avait cet enfant qui a ouvert le feu sur ses camarades ?
Car ne s’agissait-il pas encore d’un enfant ?
Je n’aprecie pas beaucoup les chansons de rammstein pour ses paroles mais pour ses melodies, or une m’a beaucoup choqué dans leur dernier album rosenroth;
Cette chanson s’apelle « Spring »
J’en laisse un extrait:
Comment parvient-on a ignorer ce qui nous genes et a le critiquer seul a haute voix devant le JT ?
Derniere chose cette mode , car c’est triste mais c’est bien une mode…
Le « happy slaping » dont vous parlez, cette ignominie venue d’Angleterre n’est que le resultat du Jackass americains…
L’hummanité ne manquera jamais de ce qu’elle n’a pas connue… si il aura fallu 10 000 generations pour arriver a 2 Milliard de personnes sur la terre et seulement la vie des enfant du « babyboom » pour arriver a 9…
La seule chose qui soudait les peuples et les hommes entres eux etait bien la preservation de la vie, mais que se passerait-il si cette derniere etait abondante au point d’en devenir « nuisible » ?
La chanson de Rammstein, aussi choquante quelle puisse être, n’illustre que la triste vérité, et on l’a vu à Lörrach. Ce que fait souvent Rammstein (et c’est pas les seuls), c’est au travers de leurs chansons dénoncer quelque chose…Dans leur chanson « America », il dénoncait le monopole des produits américains un peu partout dans le monde.
Pour ce qui est du rest, je suis d’accord avec tout le monde et il ne faut pas en faire un fromage pour un fait divers mais je pense qu’il est néccéssaire d’en parler mais pas trop.
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