Georg Kreisler est mort

Merci à Andergassen de m’avoir fait connaitre ce personnage hors norme dont j’ai appris le décés en même temps que l’existence. Une personnalité très attachante. Je résume très rapidement les étapes principales de sa vie .
Né en 1922 à Vienne au sein d’une famille juive aisée, il est mort mardi dernier 22 novembre à Salzburg.
Etudes de musique (violon, piano, théorie musicale) il doit quitter son pays en 1938 en raison du rattachement de l’Autriche à l’Allemagne et des lois raciales. Il émigre aux USA dont il prendra la nationalité. Travail comme pianiste dans des cabarets et des bars.
Fin de la guerre, il revient en Europe sous l’uniforme américain, ou il servira d’interprète pour l’interrogatoire de Julius Streicher, directeur du « Stürmer », une feuille violemment antisémite. Il rencontrera également Hermann Göring et Ernst Kaltenbrunner.
1955, il retrouve Vienne où il espère obtenir plus de succès qu’aux USA dans son travail de cabarettiste.Le sommet de se carrière est généralement situé entre la fin des années 50 et les années 60.
Kreisler se définit lui-même comme anarchiste et se livre dans ses oeuvres à une critique sans complaisance de l’état et des hommes politiques. Son style se caractérise par une maitrise profonde de la langue, de la gestuelle et des mimiques.Il est toujours ironique, mordant, grinçant parfois
Tauben vergiften=empoisonner les pigeons:(sans doute la plus connue.)
Résumé; il fait beau, le soleil brille, le ciel est bleu, allons au parc nous promener avec les enfants. N’oublie pas l’arsenic, on empoisonnera les pigeons !)On se doute que ça n’a pas du plaire à tout le monde ! :mrgreen:

Quelques années plus tard, même musique,il réitère avec une promenade en direction du réacteur nucléaire.
Spielen wir Unfall im Kernkraftreaktor = jouons à l’accident de réacteur:(prémonitoire !) :mrgreen:

Kapitalistenlied = chant des capitalistes :

Sport ist gesund= le sport c’est bon pour la santé :(celle-là, je l’affectionne particulièrement.)
Mon père est allé nager dans le Wörtersee, je lui faisais signe et il s’est noyé.Mon grand père est tombé de la Jungfrau et s’est tué…etc.

Wir sind alle Terroristen= nous sommes tous des terroristes:

Meine Freiheit, deine Freiheit= ma liberté, ta liberté: :top:

Schützen wir die Polizei=protégeons la police:( il y des associations de protection pour les enfants, pour les vieillards, pour les animaux, mais rien pour la police: protégeons la police !)

Une dernière, moins politique , mais pas moins amusante:
Der Furz= le pet:

Nécrologie dans le « Standard »:
http://derstandard.at/1319183531823/1922---2011-Georg-Kreisler-89-jaehrig-gestorben

EDIT la fiche Wiki nous indique que Georg est un lointain parent du violoniste virtuose Fritz Kreisler.

Ah non, désolé, quand on va se promener au parc pour empoisonner les pigeons, on n’emmène pas les enfants ! :open_mouth: C’est pas dans le texte, et de toute façon ça n’aurait pas de sens ! Puisque les enfants, ils ne sont pas encore là, et pour cause ! C’est en prenant son pied en empoisonnant les pigeons en couple qu’on se met dans de bonnes dispositions pour les faire, les chiards, en jouissant du printemps ! :mrgreen:
Der Frühling, der dringt bis ins innerste Mark / Beim Tauben vergiften im Park (le printemps vous pénètre au tréfonds quand on va au parc empoisonner les pigeons)
Die Herzen sind schwach und die Liebe ist stark / Beim Tauben vergiften im Park (les coeurs sont faibles et l’amour est fort …)

OK, j’ai été trop vite en besogne, je n’ai pas été assez vigilant, j’ai rajouté des enfants qui n’y étaient pas. :laughing:La vraie version est donc encore plus macabre.

Une bonne recette en tous cas, pour prendre du bon temps avec des sentiments et des ingrédients naturels, sans Viagra ! :mrgreen: (C’est très viennois, en fin de compte, cette relation eros-thanatos… :bad: )

Ici, un site avec des textes de Georg Kreisler:
[url]http://www.astro.uni-bonn.de/~kilbinge/kreisler/kreisler.shtml[/url]

Je fais remonter ce fil , parce que j’ ai trouvé , tout à fait par hasard , une chanson de Georg Kreisler intitulée :« Telefonbuchpolka = polka de l’annuaire téléphonique ».
La chanson m’ a , bien sûr , beaucoup amusé. Georg énumère le nom de ses amis figurants sur le Telefonbuch…et ils se retrouvent tous à la lettre V.
Après une courte recherche , j’ai appris qu’il s’agit de noms d’origine tchèque. Il y avait , parait-il , beaucoup de citoyens d’origine tchèque dans l’Autriche de Kreisler .
- YouTube Telefonbuchpolka
Un très intéressant article sur les « Ethnophaulismen " ( pas trouvé d’équivalent en français.)
Il s’agit de mots dépréciatifs désignant des éthnies ; p-e boche pour allemand , polak , pour polonais , rosbif pour anglais , rital pour italien…La liste est longue.
http://members.chello.at/heinz.pohl/Ethnophaulismen.htm
L’article " ethnophaulismus » sur wikipedia alld ( rien trouvé en français.) :frowning:
Ethnophaulismus – Wikipedia

En gros, Prague était allemande et Vienne était tchèque.
Après les petites amusettes guerrières de 1866 et de 1870/71, et suite au Compromis de 1867, Vienne se retrouvait capitale du Reich autrichien, et Berlin capitale du Reich allemand. Il fallait donc de la main-d’oeuvre pour bâtir une capitale digne de ce nom. D’où un afflux de main-d’oeuvre rurale, souvent tchèque* (lors de la construction des grandes lignes de chemin de fer, c’étaient surtout des Italiens). A Berlin, c’étaient généralement des Polonais de la partie orientale du Reich ou des « Wasserpolaken »** de Silésie, ce qui du reste occasionné la construction d’églises catholiques dans une ville qui avait été peuplée après la Guerre de Trente ans par des réfugiés protestants.

  • La Moravie est à 80 km de Vienne.
    ** mi-Allemands mi-Polonais, donc dilués