On m’a offert Grimms Wörter, le dernier Grass. Mon admiration pour Jacob le linguiste a donné des idées à une collègue qui me connait bien. Bref, j’ai commencé la lecture.
Grass part de la vie des Grimms, mais pas chronologiquement. Il s’arrête au cours du récit sur des mots, par ordre alphabétique, qui l’emmènent à des considérations littéraires, linguistiques et autobiographiques. Ainsi, Grass parle de lui-même autant que des Grimms. Les digressions sur les mots sont parfois assez poétiques, avec des associations d’idées et des analogies amusantes (rarement) et judicieuses (souvent). Le discours autobiographique se greffe et dérange un peu le cours de la narration car on est rapidement très loin des Grimms. Ce n’est pas inintéressant pour autant, mais le mélange récit sur Grimm, digressions sur les mots et parenthèses autobiographiques fait que le tout est assez dur à suivre. Il faut accepter de se « laisser perdre ».
Je ne vais pas le lire d’une traite, ce serait trop me demander. Mais par extraits de temps en temps, je me ferai ce petit plaisir des mots qui reste avant tout un plaisir du style, car il n’y a pas vraiment de récit construit, et ce cheminement narratif ne mène nulle part, si ce n’est dans les plis d’un vieux dico de Grimm, à la douce poussière quand on aime les mots pour eux-mêmes.
Oui, c’est celui-ci. La lecture est ardue. Surtout Grimms Wörter, car il n’y a pas d’histoire, c’est un bavardage analogique sous forme de digressions en série. Pas du tout pour les lycéens, pas même les étudiants avant le Master d’ailleurs.
Il est connu pour deux choses: son obsession de Dantzig et son ton de donneur de leçon éthique d’après guerre. Du coup, la découverte de son passé dans les jeunesses hitlériennes faisait un peu tache, mais bon.
Tout le monde a entendu parlé du Blechtrommel, Le tambour. La version filmée très réussie passe de temps en temps sur Arte ou la 5.
Son style est assez particulier. Personnellement, je n’aime pas trop. Grass aime les ruptures de structures, peut-être pour souligner l’oralité de sa littérature. Il aime les mélanges, rien n’est linéaire chez lui, pas plus la langue que la trame narrative de ses livres. Il me semble qu’il utilise un vocabulaire et des créations lexicales d’une richesse largement au dessus de la moyenne. Le style use aussi beaucoup de structures complexes du groupe nominal, il faut avoir une bonne mémoire des articles et bien suivre les déclinaisons, sinon, on a l’impression qu’il manque un verbe alors qu’il est caché dans des formes participiales antéposées. Mais il y a aussi des phrases courtes très nerveuses. C’est riche est complexe.
