samedi 12 aout 2006, 16h49 L’intellectuel de gauche Günter Grass enrolé dans les Waffen SS
Par Anne PADIEU
BERLIN (AFP )- Le prix Nobel de littérature Günter Grass, l’une des grandes figures intellectuelles allemandes engagées à gauche, révèle au crépuscule de sa vie avoir été enrolé à l’âge de 17 ans dans la Waffen SS, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
A 78 ans, l’écrivain allemand contemporain le plus connu à l’étranger choisit de briser son silence dans son autobiographie à paraître en septembre (« Beim Häuten der Zwiebel », « En épluchant les oignons ») et dans un long entretien accordé samedi au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ).
Comme indiqué dans l’article du Nouvel Observateur il explique qu’il s’est porté volontaire pour travailler au service des sous-marins afin d’échapper à l’enfermement qu’il ressentait chez ses parents. Il reconnaît aussi n’avoir pris conscience de la gravissime responsabilité de la SS qu’après-guerre.
Face à cette déclaration fracassante, le Tagesschau rapporte que les journaux allemands dans l’ensemble reprochent à l’auteur de n’avoir pas reconnu ce fait plus tôt, surtout parce qu’il a toujours donner volontiers un avis moralisateur sur ce qu’il était bon de penser et de dire en Allemagne, en particulier sur la question Nazi.
Certains lui demandent aujourd’hui de rendre son Prix Nobel de Littérature (cf: article du Tagesschau).
J’allais juste ouvrir un topique à ces sujet. Je vous propose quand même les deux articles que j’avais sélectionnés :
Personnellement je partage l’avis de Robert Menasse (cf. article N24). Je ne comprends pas en revanche la position de Walesa, j’espère que ce n’est qu’un excès de rhétorique. Je comprends beaucoup mieux les déclarations de Börnsen : apparemment Grass avait des comptes à régler avec quelques politiciens allemands (ceux qui ont fait l’objet de - ou qui se sont sentis concernés par - les « moralische Ansprüche » de l’écrivain) et l’on sait qu’en politique il y a aussi des oisifs qui passent le plus claire de leur temps à attendre leurs adversaires au tournant.
Je me souviens que lors de l’élection de Benoît XVI on était allé ressasser son passé dans la Hitlerjugend. Je n’aime point le pape et j’en ai mille raisons, mais celle-là ne m’a jamais paru pertinente. Là aussi, je trouve qu’on s’était exprimé avec plus de mauvaise fois que de lucidité.
De prime abord, c’est aussi l’impression que j’ai mais je connais malheureusement très peu Günter Grass. Est-ce que c’est un personnage qui a soulevé des polémiques précédement ?
La semaine dernière j’ai appris un nouveau mot d’Elie et aujourd’hui j’ai déjà l’occasion l’utiliser : Herr Grass s’est révélé être un « hypocrite ».
Je ne lui reproche pas qu’il est entré dans cette unité avec 17 ans. Mais, je le trouve ineffable, que lui a joué l’apôtre de morale 50 ans de sa vie, et a accusé avec tous ses livres les Allemandes oublier leur faute historique. Il doit sa réputation internationale à cette farce. Sans cette attitude son œuvre littéraire est moyenne simplement. Il aurait été courageux s’il avait proposé renoncer à ses distinctions.
J’aime pas le style de G. Grass, il est scandaleux qu’il ait eu le prix Nobel de toute façon. Ce type est illisible. Le message n’en est pas moins intéressant.
Je ne vois pas en quoi des arguments intelligents deviendraient soudain mauvais à cause des gros titres des journaux.
C’est très bon signe qu’un Allemand qui à 17 ans n’avait rien compris à rien, soit devenu un esprit éclairé et éclairant à l’âge adulte. De nombreux grosses légumes de la vie politico-culturelle allemande ne peuvent pas en dire autant.
Conclusion : je n’aime pas Grass l’écrivain, mais j’aime encore moins ses détracteurs opportunistes.
C’est rassurant. J’ai lu « In Krebsgang » en français (« En Crabe », donc). Et j’ai ressenti la même chose, je ne sais pas si c’est l’effet de la traduction ou si le texte original est du même genre, mais c’est très dur à lire. Ca parrait fouilli et lourd. Bref, on a besoin de relire plusieurs fois certaines phrases pour bien les saisir.
Ce qui est troublant, c’est le caractère moralisateur de ce roman, qui me semblait vraiment autobiographique. G. Grass y apparait vraiment comme un opposant absolu au nazisme, et nous averti de ses méfaits (l’inconscience du fils webmaster). Apprendre maintenant qu’il a fait parti des waffen SS me dérange d’un coté, mais d’un autre, je pense que c’est « un exemple » (à prendre avec énormément de pincettes*). Puis qu’ayant vecu le nazisme de l’interieur, sa parole le critiquant et en dénonçant les idées me parrait avoir plus de valeur. Vous voyez ce que je veux dire ? C’est qu’il a du vivre des choses horrible, qu’il ne souhaite à personne de voir.
Après, qu’il l’ai caché si longtemps, c’est une autre chose. J’imagine qu’après la guerre il a préférer se taire et qu’ensuite ses mensonges ont grossis avec le temps, jusqu’à ce qu’il ne sente plus capable de les cacher.
*(J’espère m’être bien exprimé, et je ne dit pas qu’avoir été nazi, c’est ce qu’il a fait ensuite qui peut faire de lui un bon exemple)
Grass a su il y a déjà 40 ans que c’était une faute d’avoir été nazi. Il a écrit cela dans chaque livre et il a dit cela à chaque occasion . Mais, il cela n’a adressé pas à lui-même ! Il a reproché cette faute aux autres de sa génération. Il a reçu beaucoup d’hommages en D et par étranger pour sa correction politique apparente et il a gagné beaucoup d’argent avec ses livres. Si il avait déjà admis avant 40 ans qu’il avait été volontairement membre de Waffen SS, il n’aurait pas eu de droit de se soulever moralement sur des autres. Il aurait peut-être été un écrivain médiocre mais il n’aurait pas été un lauréat du prix Nobel et il n’aurait été aucune instance morale.
Ce n’est malheureusement pas que sa conscience l’aurait poussé à sa confession tardive. Grass ne voulait que devancer des publications menaçantes sur son affiliation à la Waffen SS. Des historiens ont trouvé des preuves correspondantes dans les documents de Stasi de l’ancien R.D.A. que ils publieront en 2007.
Le réclamant celébre a peur de l’embarras de la découverte !
Je pense comme theresa que c’est qu’on reproche à GG plus son comportement que les faits mêmes. Et ce n’est pas tout à fait dénué de fondement, parce que comme l’a fait remarquer theresa, il s’est bien enrichi et rendu célèbre par son attitude. donc, faute avouée est à moitié pardonnée, certes, mais on voit quand même bien que sa vie ne serait pas du tout ce qu’elle a été s’il avait fait ces aveux plus tard. C’est un peu comme les criminels qu’on laisse courir toute leur vie et qu’on emprisonne à 80 ans : c’est mieux que rien, mais en attendant ils se sont bien amusés toute leur vie…
Bon, après, on peut imaginer que par exemple il en ait beaucoup souffert et qu’il lui ait fallu des dizaines d’années pour exorciser, etc. Mais ce n’est pas trop ce que laisse entendre theresa avec cette histoire d’historiens…
A propos, désolée si ça détourne un peu le sujet, mais je me demande quelle était la place des Hitlerjugend exactement ? Je pense aux jeunesses communistes en URSS, dans ce cas précis on ne pourrait reprocher à personne d’en avoir fait partie : tout le monde en faisait partie, c’était pour ainsi dire obligatoire. En allait-il de même des jeunesses hitlériennes ?
En 1941 une loi est promulguée par le Reich, qui prévoit l’enrôlement dans la Hitlerjugend de tous les jeunes allemands âgés de plus de 10 ans. Ratzinger en avait 14 à l’époque et il a été enrôlé en conséquence, comme la plupart des ses camarades.
En complément des observations faites dans l’article que tu cites Juklien, l’analyse suivante élargit la réflexion sur la Vergangenheitsbewältigung (la maîtrise du passé) qui reste toujours difficile aujourd’hui, comme le montre l’aveu de GG ou la prise de position difficile de l’Allemagne par rapport à Israël, notamment dans la question de l’envoi de troupes allemandes au Sud-Liban.
Merci pour le lien, article très instructif…je ne connais pas assez le personnage pour le critiquer mais, je trouve bien qu’il se décide à avouer de lui-même à son pays ses « erreurs » de jeunesse…ses positions et « leçons » données aux allemands sur « comment vivre avec leur passé » n’ont plus la même portée et légitimité aujourd’hui, mais on peut supposer aussi que pour lui cela représentait un moyen d’analyser et exorciser ses propres fautes…un moyen de se rattraper, et de se sentir le « devoir » d’aider le peuple allemand vers le chemin de l’acceptation et repentance vis à vis de leur passé…
L’écrivain Ödön von Horvath décrit dans son roman Jugend ohne Gott la jeunesse allemande sous le régime nazi et la manière dont elle était endoctrinée. C’était là le rôle des jeunesses hitlériennes, comme dans tout régime dictatorial, endoctrinner les jeunes le plus tôt possible.
Très intéressant, ce débat…
Pour ma part, je suis aussi de l’avis de Robert Menasse. Je n’en veux pas vraiment à GG. Il était très jeune à l’époque de son enrôlement… Concernant son attitude après-guerre, je la trouve quand même remarquable. On peut très bien critiquer, et ne pas réussir à appliquer ces critiques à soi-même. Je trouve que ce sont deux choses différentes. Au moins il s’est clairement positionné par rapport au passé collectif de l’Allemagne, et par son action, il a sûrement aidé des gens à faire des choix et mieux comprendre eux-mêmes…
Concernant le rôle de Günter Grass dans la vie publique allemande, j’ai pas assez d’éléments pour avoir un avis;
mais comme écrivain, perso, j’adore son style (même s’il est trop systématique et aurait du le faire davantage évoluer).
Je l’ai découvert via les « années de chiens » et ce fut une découverte magnifique, dès les premières pages, j’étais conquis par le style, avant même de l’être par le contenu.
A vrai dire par hasard. Après avoir regardé lili marleen hier soir sur arte, je cherchais des infos sur la vraie vie de lale andersen; puis je suis tombé je sais plus comment sur le nom de günter grass; et comme j’avais pas suivi l’affaire, j’ai eu envie d’en savoir plus, donc j’ai cherché des textes qui en parlait, et google m’a entre autres amené ici.
c’est vrai que les relations entre Israel et l’Allemagne sont suspect pour beaucoup de personnes ,en Israel cela ne se voit pas trop (mais ya toujours des personnes qui ne voudront jamais comprendre et feront que l’amalguame entre avant et après) Israel entretient de bons rapport avec l’Allemagne ,maintenant faut pas non plus que l’Allemagne dise toujours ok si elle a envi de dire non ,d’un coté je ne trouve pas d’un bon oeil cette histoire de finul ,déja israel aurait du désarmer le hezbollah mais apparement la vente d’armes est plus precieuse que les vies humaines donc certains ont préferer exiger un cessez le feu en sachant que cela va ressurgir un jours ou l’autre c’est vrai aussi que les soldats de la finul vont devoir si il y a attaque attaquer qui ? forcement si il y a l’Allemagne au milieu et si ya ordre d’attaquer Israel cela va ressurgir des idéées mauvaises et donc vaut mieux éviter cela vu les bons rapport entre ces deux pays…
quand au sujet du topic, j’aurais aimé qu’ils fassent cette déclaration il y a longtemps et non a ce jour un peu facil les remords tardifs soit il etait jeune et obligé de le faire et a agi sur ordre sans se poser de questions la ben ya rien a dire (quoique si mais disont rien a dire) soit il a agi en connaissance de cause et ces remords il peut les garder