Haneke et Menegoz décorés de la Légion d'Honneur.

Ce n’est pas récent, récent (mi-octobre), mais je ne souviens pas que cela ait été signalé ici.
Haneke, on ne le présente plus. Par contre Margaret Menegoz, la productrice est une personnalité très interessante et très attachante, dont on trouve peu de traces sur le net.
Tout ce que je sais d’elle, je le sais d’une interview récente qu’elle avait accordé à France Musique et qui a été diffusée hier.
Margaret est originaire d’une famille de « Donauschwaben = Souabes du Danube », minorité allemande installée, entre autres, en Hongrie et contraints , comme beaucoup de minorités germaniques de l’est : Sudètes, habitants de Prusse orientale , de regagner le giron de la mère patrie à la fin de la seconde guerre mondiale.(Ils étaient plus de deux millions.)
J’ai aimé l’humour avec lequel elle raconte son arrivée à Stuttgart et les moqueries dont elle a été l’objet, de la part de ses de la part de ses compagnons d’études en fac, en raison de son accent souabe à couper au couteau. Mais, elle apprend peu à peu le Hochdeutsch.Il faut s’intégrer à la société allemande de l’après guerre.
Elle apprend le français en Suisse, à La Chaux de Fonds. Là aussi, elle se fera moquer d’elle en raison de son accent suisse en français .
A Paris, elle servira , un temps, de bonne à tout faire à Eric Rohmer et Barbet Schroeder. Peu à peu, elle se fera connaitre comme monteuse dans le milieu du cinéma. De par sa connaissance de plusieurs langues, elle servira à la réception de plusieurs congrès internationaux.C’est au cours de l’un d’eux qu’ elle fera la connaissance d’un participant qui lui demande où se trouve la poste…et qui deviendra par la suite son mari. Elle dirige, aujourd’hui, les films du Losange qui produisent, entre autres, Haneke.

On ne le répètera pas assez : les Donauschwaben immigrés au XVIIIe siècle pour repeupler les territoires hongrois dévastés par les guerres contre l’envahisseur ottoman, notamment dans le Banat (territoire dont est issue la prix Nobel de littérature Herta Müller) n’avaient généralement rien de souabe, sauf peut-être le fait d’avoir embarqué à Ulm sur le Danube, d’où leur appellation (tout comme les Saxons de Transsylvanie, à une époque où Saxon était synonyme d’Allemand ; la plupart venaient d’ailleurs de territoires d’expression francique, et le dialecte est resté).
A noter que parmi ces soi-disant Souabes, il y avait pas mal de Lorrains francophones et de Wallons du Luxembourg. L’administrateur responsable de la colonisation du Banat était d’ailleurs d’origine lorraine, le comte Florimond Mercy, comme Eugène de Savoie volontaire dans les armées autrichiennes. On retrouve les traces de ces Lorrains et Wallons à Mercydorf, devenu Merczyfalva sous l’administration hongroise, puis aujourd’hui Carani, entre Timisoara et Arad.
C’est d’ailleurs l’évocation par michelmau d’une personne raillée pour son accent « souabe » à Stuttgart (la capitale souabe s’il en est !) qui m’avait interpellé. On se rapportera plutôt à ma signature du jour, on comprendra mieux la différence ! :mrgreen:

Vous pouvez écouter l’interview de Margaret Menegoz ici.Elle y parle ,entre autres, de sa prmière langue qui fut le hongrois , puis du souabe qu’elle qualifie de "dialecte costaud " , "comme le Schwyzerdütsch "! :smiley: