J’avais découvert Hans Fallada grâce à ce forum avec son incroyable roman Jeder stirbt für sich allein et plus tard le tout aussi excellent Kleiner Mann, was nun…?
Mon Goethe Institut avait un autre roman de lui, Der Alpdruck, il en fallait pas plus pour que je m’y mette.
Ce roman raconte l’histoire du couple Doll, retranchés dans un village du Mecklemburg pendant la guerre. Lorsque les Russes arrivent, ils se prennent à rêver d’un avenir meilleur et d’oublier cette guerre, mais ne rencontrent que la haine que les libérateurs portent au peuple allemand. Par un concours de circonstances, il devient maire et découvre par la même occasion à quel point le nazisme et la guerre ont fait ressortir le pire chez les gens, jusqu’au jour où tout cela devient insupportable.
Le couple Doll décide de rentrer à Berlin pour leur convalescence. Là aussi, ils font face à la déception de retrouver leur ville en ruines, proie à la pauvreté. Ils tombent dans la drogue… et rêvent de jours meilleurs.
On retrouve là ce qui a fait de Jeder stirbt für sich allein un si grand livre: Fallada décrit là aussi les premiers jours de l’après Hitler avec une lucidité et une transparence incroyable, voire avant-gardiste. On ne lit que très rarement une description si humaine, sans concessions du nazisme vu de l’intérieur. Fallada a aussi un grand talent pour raconter « les petites gens » et leurs malheurs… mais cela peut très probablement s’expliquer par le fort caractère autobiographique du roman: en effet, Fallada lui-même n’était pas particulièrement un partisan du régime nazi. Et comme son personnage principal, il sombrera également dans les addictions, auxquelles il succombera en 1947, seulement quelques semaines après avoir envoyé Der Alpdruck à son éditeur.
Bref, en résumé: on devrait étudier Fallada en licence d’allemand. Le voilà, le meilleur, c’est lui.