Il faut bien faire l’effort de lire quelques lignes des prix Nobel de littérature de langue allemande, alors je me suis forcé. Ayant de mauvais souvenirs d’extraits étudiés en fac, H. Böll ne m’a jamais attiré. Son style est souvent essoufflant, avec une ponctuation ridiculement atypique, une syntaxe à la limite de la langue parlée, et un style assez hâché. Mais bon, par conscience professionnelle…
Der Zug war pünklich n’est pas trop long, 119 pages de texte chez DTV. Ecrit à peine la guerre finie, le récit est intense et très intérieur. Böll nous place dans la tête d’un soldat allemand en 1943, au début de la débâcle, qui doit retourner à l’est après une permission. Le long voyage en train vers la Galicie, les souvenirs, les peurs, et la certitude de la mort au bout des voies hantent toutes les pages du roman. La complexité de l’affectif national et humaniste de l’époque, l’ambiguité des attitudes et des situations, le désespoir de la guerre en elle-même et l’omniprésence de la mort mènent un récit plus intéressant que je ne l’attendais. La fin n’est pas aussi simpliste qu’on pouvait le croire, et l’absurde prend un sens. C’est un témoignage fort sur la guerre, ce qui est déjà un mérite en soi tellement il y a de livres imbuvables avec les mêmes prétentions. Böll s’en tire bien de ce point de vue.
Mais les longueurs stylistiques, les répétitions et les interminables tergiversations stériles m’ont franchement irrité. On peut sauter des passages entiers sans rien perdre du message. Et puis fallait-il vraiment que le récit soit aussi rectiligne que les voies de chemin de fer dont il est question ? Une longue et pathétique scène dans un bordel, à la fin, ne fait qu’allonger la fuite en avant du récit, qui est d’ailleurs le sujet même du roman. C’est à se demander si Böll n’aurait pas dû faire une vraie nouvelle moitié moins longue pour ça, ou bien aller plus loin et introduire quelques sinuosités dans ces 119 pages.
Lisez-le si le livre vous tombe sous la main, mais n’allez pas à la librairie exprès pour ça.
J’ai lu cette année « die verlorene Ehre der Katarina Blum » et ça se lit rapidement et facilement
L’histoire est intéressante et il vaut vraiment la peine.
A noter qu’une adaptation cinématographique très fidèle au livre existe
Il fait dans les 140 pages, on fait difficilement plus petit comme bouquin…
C’est un bouquin de bases, que lisent tous les débutants, donc tu devrais y arriver comme tout le monde, pas de souci
Je remonte ce poste car j’ai ENFIN le temps de lire « L’honneur perdu de Katharina Blum ou Comment peut naître la violence et où elle peut conduire » (Die verlorene Ehre der Katharina Blum oder : wie Gewalt entsehen und wohin sie führen kann")
Je voulais commencer l’année par un livre qui a fait date dans la littérature allemande contemporaine et surtout par Heinrich Böll, prix Nobel de littérature en 1972.
" On comprendra assez vite que c’est la pureté même, l’innocence radicale de la jeune femme qui l’ont conduit à cette extrémité - et qui en recouvre une autre, capitale celle-là : comment le mensonge, la haine, la violence verbale peuvent-ils engendrer la violence physique ? Comment la violence naît-elle de la violence ?
Aller, je vous laisse…je veux lire ce livre le plus vite possible.
« L’action et les personnages de ce récit sont imaginaires.
Si certaines pratiques journalistiques décrites dans ces pages offrent des ressemblances avec celles du journal Bild, ces ressemblances ne sont ni intentionnelles ni fortuites mais tout bonnement inévitables. »
„Personen und Handlung dieser Erzählung sind frei erfunden. Sollten sich bei der Schilderung gewisser journalistischer Praktiken Ähnlichkeiten mit den Praktiken der Bild-Zeitung ergeben haben, so sind diese Ähnlichkeiten weder beabsichtigt noch zufällig, sondern unvermeidlich.“
Récemment j’ai lu le Journal irlandais. Ça m’a coupé la chique. Comment a-t-il pu imaginer tout cela? Les déscriptions de ce pays, les interprétations qu’il fait de la réalité, les détails qu’il a vus et décrits d’une précision inquiétant - magnifique. A la fin de ce livre svelte on a l’impression de connaître l’Irlande sans jamais y avoir foulé le sol.