Heinz Rudolf Kunze

Voilà,j’aimerais combler un manque concernant un chanteur qui,à mon avis,n’est pas suffisamment connu des plus jeunes générations et même des générations intermédiaires;il s’agit de Heinz Rudolf Kunze.On lui a souvent attribué le titre de « Rockpoet » et Herbert Grönemeyer a reconnu dans une interview,avoir été influencé par lui.
Il est né en 1956 en( Basse-Lusace/Niederlausitz) et ,après des études universitaires assez poussées(il a été chargé de cours à la Fachhochschule ,équivalent IUT d’Osnabrück)-merci à esge et à nebenstelle de m’avoir éclairé sur ce point-il s’est lancé dans la chanson.

J’ai choisi de lui,une chanson intitulée « Wunderkinder »,principalement pour son aspect socio-culturel,le mot « Wunderkind » étant ici à prendre dans deux sens différents;le plus répandu:« enfant prodige »(ex:der kleine Mozart war ein Wunderkind),mais aussi (Wirtschaft)wunderkinder,c’est à dire cette génération du « miracle économique/Wirtschaftswunder » des années 60,quand la chancelier Konrad Adenauer et son ministre des Finances Ludwig Ehrhard étaient aux commandes.Ca me rappelle mes premiers séjours en Allemagne;l’économie renaissante après la guerre,boostée par l’argent du plan Marshall,permettait aux familles de retrouver une certaine aisance;confort électroménager,voiture,voyages à l’étranger,d’abord vers la Suisse et l’Autriche(à cause de la langue commune ) et plus tard,vers l’Italie.
Le clip d’abord:

Les paroles en Allemand:

Une traduction française minimale:
ENFANTS PRODIGES/ENFANTS DU MIRACLE ECONOMIQUE

Quand nous étions petits,
tout était clair comme de l’eau de roche
notre mère était la meilleure
et notre père était une star,
tous les deux,ils avaient de leurs propres mains reconstruit l’Allemagne

et tout ça avait été gâché petit à petit par les travailleurs immigrés.
Oui
les Russes étaient les méchants et les Ricains les bons

en secret ,on était encore nazi,
mais il manquait un peu de courage

mais en fin de compte,on se foutait pas mal de toutes ces questions
car,à la fin de chaque mois,le chiffre en caractères gras,en bas de la fiche de paie,tombait

nous sommes les enfants prodiges,
les enfants du miracle économique!

Quand ils ont mis le Vietnam à feu et à sang,
on était en pleine puberté

Et pour nous,il n’y avait rien de plus important
que ce qu’on lisait dans « Bravo »

Quand les chars et les canons on encerclé Prague
pour nous,le seul vrai ami
était celui qui aimait Beckenbauer
Tout à coup,un vent nouveau a soufflé à nos narines,il s’appelait Brandt

Papa,
maman et les profs criaient:« au poteau! »
mais,très vite,le petit feu qu’il avait allumé fut bientôt étouffé

République bananière
bricolée et rafistolée

Nous retombons toujours sur nos pieds
ceux qui restent dans la merde,c’est leur faute
nous sommes les enfants prodiges.

Mais quelqu’un nous tire le tapis de sous les pieds

Aujourd’hui ,la jeune Allemagne est née de nos rangs

A 55 ans,papa a perdu son boulot
maman rêve qu’elle a 20ans
et recommence tout depuis le début

et maintenant,c’est le cowboy de ses rêves qu’elle a pour mari
dans les salles polyvalentes,on le préssent:tout ça ne sert à rien
dans les églises vides les pasteurs souhaiteraient être loin d’ici

il faut des soldats à notre chancelier
il n’est au courant de rien,il est mis en accusation

Notre déodorant et toutes les vieilles recettes magiques n’ont plus d’effet

Nous sommes les enfants prodiges
nous avons toujours considéré notre vie avec étonnement
nous sommes les enfants du miracle économique
au détriment de gens qui sont bien loin de nous
nous sommes biens nourris et de bonne humeur
nous sommes les enfants prodiges
nous n’avons pas de toit
et les nuits se font froides
nous sommes les enfants prodiges
et nous vieillissons bien plus vite que les autres enfants.

Et enfin,une biographie,en Allemand,de Heinz Rudolf:

Bonne écoute! :wink:

merci, je découvre ça :slight_smile:

C’est peut-être par cette chanson que j’aurais du commencer.Elle s’intitule ;"Ich bin auch ein Vertriebener/Je suis,moi aussi,un expulsé."J’ai longuement hésité pour rendre en Français le mot « Vertrieben » qui vient du verbe vertreiben;chasser,expulser.J’avais pensé au mot « déporté » mais il me gène dans ce contexte puisqu’on sait où ont fini la plupart des déportés.Si quelqu’un a une idée,elle est bienvenue.
Ceux qu’on appelle « Vertriebene » en référence à l’histoire contemporaine,sont les minorités allemandes en pays non germanophones(pricipalement:Pologne,Tchéquie et Yougoslavie.) qui à la fin de la dernière guerre,ont du quitter leur pays devant la poussée de l’Armée soviètique.
La chanson que Heinz Rudolf chante ici est totalement autobiographique.Son père qui était dans la Waffen SS,n’est rentré en Allemagne qu’en 1956.
Sur la biographie de Heinz Rudolf(merci wiki!):

le clip:

les paroles originales:
http://www.actionext.com/names_h/heinz_rudolf_kunze_lyrics/vertriebener.html
Un essai de traduction:
EXPULSE:

Je ne suis pas de Bochum,je ne suis pas de Berlin
Pas de Francfort et encore moins de Cologne
Je ne suis pas de Hambourg (comme beaucoup le croient)
Pas de Munich et pas de Mölln non plus
J’ai vu le jour dans un baraquement
du camp de réfugié d’Espelkamp
J’ai été conçu à la frontière Oder-Neisse*
je n’ai jamais pigé d’où je sortais
Je suis ,moi aussi,un expulsé
Je ne cherche pas de revanche,mais simplement le bonheur
Je suis,moi aussi,un expulsé
Domicile fixe à Osnabrück
Ma mère était d’une fidélité à vous donner le vertige
Mon père était dans la SS
Je m’appelle Heinz comme mon oncle,qui est tombé en France
et Rudolf,comme Rudolf Hess**
Tout le monde cultive ses racines,tout le monde parle un dialecte
Jamais eu le temps d’en apprendre un
J’ai toujours été sur les routes sans terre à moi sous les pieds
Je suis ,moi aussi,un expulsé
La Silésie n’a jamais été mienne
Partout je serai un enterré vivant
Refrain:Je suis,moi aussi un expulsé…

J’ai habité Lengerich,Hannovre et Bad Grund
Toujours eu le sentiment de déranger
Je suis,moi aussi un expulsé,jamais en place nulle part
Je suis chez moi,là où on m’écoute

*la frontière Oder-Neisse (du nom alld des deux rivières qui la constituent) est la frontière actuelle entre l’Allemagne et la Pologne.
**Rudolf Hess;un des lieutenents d’Hitler,condamné à Nuremberg,mort en 1987 à la prison de Spandau.

PS:toutes suggestions d’amélioration de la traduction sont les bienvenues! :wink:

j´ai trouvé le mot: un réfugié pour "ein Vertriebener"ou « Flüchtling »

:merci: pour ta suggestion,esge! :wink:

Allez, je reviens à mes vieilles amours.
Heinz Rudolf , je le place au panthéon des grands ; Mey, Hoffman, Wader, Wecker, Lindenberg.
D’excellentes mélodies et des textes toujours travaillés (Faut dire qu’il a été prof d’allemand et de philo :smiley: )
J’écoute et je réécoute son « Finden Sie Mabel ! » , l’histoire d’un amour impossible ,avec chaque fois le même plaisir. Ici, en version acoustique, comme je les aime, accompagné par un guitariste de talent qui prend une paire de solos en bottleneck magnifiques.
Mention spéciale pour la jolie dame qui lui tend le micro. :heart:

Ici, avec Pe Werner, que j’adore…et que je retrouve tout aussi talentueuse après quelques années:
- YouTube Der Mond in ihren Augen
Dans son dernier CD , Heinz Rudolf a également enregistré avec Julie Neigel, Reinhard Mey, Achim Reichel…et j’en oublie sûrement.
Un modèle d’articulation ; je trouve son Hochdeutsch super :top:

Du ciel bleu et de beaux paysages sur une très belle chanson. D’habitude , dans la majorité des clips , les paysages grandioses nous font oublier l’indigence du propos. Ce n’est pas le cas ici.
Heinz Rudolf Kunze - Hallo Himmel (Videoclip) - YouTube Hallo Himmel
Pour oublier la grisaille de janvier finissant.