Historique de nos résidences d'ambassades à Paris et Berlin

L’Hôtel de Beauharnais: résidence de l’Ambassade d’Allemagne à Paris.

C’est en 1713, sous la direction de Germain Boffrand (1667-1754), que débuta sur la rive gauche de la Seine la construction de l’Hôtel de Beauharnais et de l’Hôtel de Seignelay, qui le jouxte. Avant d’appartenir au roi de Prusse, l’Hôtel de Beauharnais passa entre les mains de trois grands personnages : Jean-Baptiste Colbert de Torcy, neveu du grand ministre de Louis XIV, fut ainsi son premier propriétaire, suivi du duc de Villeroy. En 1796, peu après la Terreur, les héritiers du duc vendirent l’hôtel pillé lors de la Révolution à deux spéculateurs.
Un acheteur idéal se présenta en la personne d’Eugène de Beauharnais (fils de Joséphine de Beauharnais) qui acquit cette demeure le 20 mai 1803. À l’époque de cet achat, Joséphine, épouse de Napoléon Bonaparte (1769–1821), alors consul à vie, cherchait pour son fils un établissement digne de son rang. Situé à proximité du palais des Tuileries, ce vaste hôtel, qui prit alors le nom d"'Hôtel de Beauharnais ", remplissait parfaitement les conditions requises pour devenir la résidence de celui qui, jusqu’à la naissance du roi de Rome en 1811, serait considéré comme le successeur de Napoléon. La mère et soeur d’Eugène vont redécorer et réaménager l’hôtel en style Consulat et Empire. Eugène devenu Vice-Roi d’Italie, n’y fit que de brefs séjours. Fin 1805, d’exorbitants coûts de rénovation, rendirent furieux Napoléon, qui du coup retira le droit d’usage à Eugène.
Lors de la campagne de France des troupes alliées contre Napoléon, Paris tomba en 1814, et l’hôtel fut occupé par le Roi de Prusse Friederich-Willhelm III. A la chute de l’Empire, le Roi de Prusse, séduit par ce lieu, l’acheta pour la somme de 570 000 francs, le 6 février 1818. Plusieurs personnalités allemandes firent des séjours dans la résidence (Louis II de Bavière, mère de Guillaume II, Richard Wagner, Bismark…), mais ce n’est qu’à la création de l’Empire Allemand, en 1871, que l’hôtel devint siège de l’ambassade.

En 1944, la résidence fut confisquée, puis accueillit une partie des services du ministère des Affaires étrangères français. Pendant cette période, elle fut classée monument historique (1951). Par décret de l’Assemblée nationale du 20 juillet 1961, l’hôtel fut rétrocédé à la République fédérale d’Allemagne le 26 mars 1962. Une vaste campagne de restauration de l’Hôtel de Beauharnais précéda son inauguration officielle en tant que résidence en 1968.

Article détaillé sur le lieu:
paris.diplo.de/Vertretung/pa … seite.html

L’Ambassade de France à Berlin.

L’histoire de l’installation française au numéro 5 de la Pariser Platz s’esquisse dès les années 1830, avec la présence, entre autres locataires, de représentants de la France à Berlin. Elle se précise en 1860. Le Prince de la Tour d’Auvergne, alors Ministre de France, lassé des précarités de son hébergement et soucieux de donner à l’ambassade de l’Empereur Napoléon III le cadre d’un indispensable rayonnement, suggère l’achat d’un palais susceptible d’accueillir la légation de France.

En avril 1860, il adresse à son ministre l’expertise d’un hôtel situé « sur une des plus belles places publiques de Berlin, à l’entrée de l’avenue des Tilleuls près de la Porte de Brandebourg ». Dès septembre, l’acte d’achat est conclu entre Monsieur Carl, vendeur, « conseiller de commerce intime » (sic) et Napoléon III qui acquiert l’immeuble par procuration « en sa qualité de chef de gouvernement de la nation française ».
Le batîment édifié en 1735, ressemble avant tout à une grosse maison bourgeoise, avec un corps de bâtiment principal donnant directement sur la rue et un modeste jardin sur l’arrière. Il est, en outre, vétuste et peu meublé. Toutefois, en 1861, une réception pour le sacre de Guillaume Ier marqua les esprits berlinois.
En 1870, l’ambassadeur français est impliqué dans l’incident de la Dépêche d’Ems qui déclencha la guerre franco-allemande, il confie la résidence aux diplomates anglais.
De 1879 à 1883 d’importants travaux de rénovations et décorations transforment le lieu et permettent d’accueillir l’ensemble de la haute-société berlinoise. Les salons de l’ambassade deviennent le haut lieu de l’élégance et de la gastronomie parisienne à Berlin. Entre 1907 et 1914, les locaux sont modernisés (téléphone, électricité) et redécorés par des artisans parisiens.
Au déclenchement de la 1ere Guerre Mondiale en 1914, l’ambassadeur confie la garde de l’hôtel à l’Ambassade d’Espagne.
1919: retour des diplomates français à Berlin au coeur des émeutes révolutionnaires.
Deux ambassadeurs vont Pierre Jacquin de Margerie (1922-1931) suivi d’André François-Poncet (1931-1938). Robert Coulondre ne sera ambassadeur qu’une année, l’ambassade fermera en effet dès 1939 et ce jusque 1949.
Malheureusement le 2 mai 1945, le bâtiment sera détruit lors d’un bombardement, et les ruines rasées en 1959.

A la réunification allemande en 1990, la France a obtenu la restitution de son terrain historique. Le nouveau bâtiment diplomatique a été achevé et inauguré fin 2002.

Article détaillé:
botschaft-frankreich.de/spip.php?article288

J’ai pris le temps de lire ton excellent article et je te remercie pour sa qualité.
André François-Poncet fut l’un de nos meilleur ambassadeur et un fin connaisseur de l’Allemagne. Il a d’ailleurs rédigé ses Mémoires que l’on doit pouvoir encore trouver dans les bibliothèques ou en librairie. :wink:

Excellent article !!! Merci !!!

J’ai trouvé. :bulb:
Mais ce livre n’est plus disponible en librairie. :confused:

Souvenirs d’une Ambassade à Berlin, septembre 1931-octobre 1938 Paris, Flammarion, 1947.

[i]Pendant sept ans, de septembre 1931 à octobre 1938, M. André François-Poncet a pu, comme ambassadeur de France à Berlin, assister à la lente, mais irrésistible montée du nazisme et des ambitions allemandes. Placé par son poste au centre des négociations européennes, il apporte dans ses Souvenirs un document essentiel sur l’histoire diplomatique d’une époque.

Dès sa nomination, il a deviné le danger de la politique de revanche du Reich, chaque jour plus entreprenant devant l’absence de réactions des anciens alliés en face de ses coups de force. A la fois acteur et témoin, M. André François-Poncet pouvait seul écrire ces pages. Le mémorialiste se double à chaque instant d’un historien, - d’un historien qui n’a pas seulement écrit, mais fait l’histoire. La partie personnelle jette dans la trame plus austère de la grande histoire l’intérêt d’un récit vivant, anecdotique-l’une et l’autre se complètent et s’éclairent mutuellement. Ayant vu vivre des hommes comme Hitler, von Papen, Goering, Goebbels, Ribbentrop, les ayant souvent approchés et entretenus, il a pu mieux qu’un autre comprendre leurs ressorts secrets, les raisons de leur politique. Il a pénétré à la fois dans les coulisses et sur la scène du Reich. Tous les faits d’une période riche en péripéties dramatiques y sont évoqués : l’éviction de Brüning, la progression de l’hitlérisme, l’incendie du Reichstag, l’assassinat de Röhm, l’Anschluss, les Jeux Olympiques, Munich…

Il s’y ajoute l’intérêt d’une vision de haute diplomatie. Peu de livres nous aident autant à voir clair dans l’écheveau embrouillé des négociations politiques de l’avant-guerre. Avec une intelligence lucide, avec ce sens rare de la prévision qui est le vrai don d’un grand diplomate, M. André François-Poncet dégage l’enseignement de l’expérience nazie. [/i]

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