mamath
Février 19, 2011, 9:49
1
Le ministre allemand de l’Économie répond au Point.fr .
Le Point.fr : « Coopération économique » ou « gouvernement économique » ? A-t-on assisté à un rapprochement des positions françaises et allemandes sur ce point à l’occasion de la crise de l’euro ?
Wolfgang Schäuble : J’ai clairement l’impression que nos positions se sont rapprochées. Une crise représente toujours une chance et, sur ce point central, il n’y a plus de problèmes entre la France et l’Allemagne. Nous l’avons vu lors du conseil ministériel de Fribourg au mois de décembre : dans cette phase particulièrement importante pour l’Europe, la France et l’Allemagne doivent s’efforcer de parler d’une seule voix. C’est ce que font le président Sarkozy et la chancelière Merkel. C’est ce à quoi nous nous efforçons, Christine Lagarde et moi-même.
La presse allemande a accusé le gouvernement allemand de s’être laissé mener par le bout du nez par les Français. Du côté français, par contre, on redoute que les Allemands n’exercent une trop forte influence. Qui a eu le dernier mot ? Est-il possible de le dire ?
Non. Et ceci n’est pas nouveau. Quand deux pays concluent un accord, la presse de chaque pays accuse son gouvernement respectif de s’être laissé mener par le bout du nez. Quand la France et l’Allemagne se mettent d’accord sur une solution - et même si l’Allemagne est pour cela obligée de renoncer quelque peu à son idée d’origine - cela ne signifie pas pour autant que cette solution soit mauvaise. La recherche d’un compromis implique forcément que chacune des deux parties n’est pas convaincue dès le départ que l’autre a entièrement tort. Mon principe dans ce genre de situation - et c’est d’ailleurs une vieille expérience de juriste - se base sur une phrase du droit allemand : la règle d’un seul homme n’est la règle de personne. Cela signifie que la vérité n’est jamais d’un seul et même côté. Et si chacun d’entre nous applique ce principe, on peut arriver à de bonnes solutions communes. C’est d’ailleurs ce que nous faisons de plus en plus souvent dans le cadre de la coopération franco-allemande. À cet égard, il n’est évidemment pas question d’un désir de domination par l’Allemagne. Nous devons écouter les autres, respecter leur opinion.
La domination de l’Allemagne, l’éternel fantasme des Français.
Le fantasme est très répendu. Quand j’étais adolescent et que mon entourage me sommait de m’expliquer sur mon choix de faire de l’allemand, chose incompréhensible défiant les lois de toutes les physiques kantiques et coperniciennes à leurs yeux, je répondais par des sarcasmes.
[i]Le jour où les Allemands reviendront non plus avec des tanks mais avec des D-Mark plein leur mercédes, il faudra parler la langue de l’ennemi.
Quand l’Allemagne aura racheté toute l’économie française, il faudra parler la langue des chefs.[/i]
Et bien ils trouvaient tous l’argumentation parfaitement plausible, intelligente, visionnaire et réaliste pour un avenir proche. Oui… mon entourage était très con.
Je n’ai peur que d’une chose : Que le ciel me tombe sur la tête.