Ils imposent l'allemand dans les cours de récréations

Une école berlinoise qui avait fait les gros titres des journaux au début de l’année en imposant l’allemand dans la cour de récréation a reçu mardi le Prix national de la Fondation nationale allemande, doté de 75.000 euros.
Les élèves, parents et enseignants de la " Realschule Herbert-Hoover « , collège d’enseignement général situé dans le quartier berlinois de Wedding, avaient en effet décidé d’un commun accord d’imposer l’usage exclusif de la langue allemande dans la cour de récréation et dans l’ensemble de l’école. Or, pour 90 pour cent des 370 élèves, l’allemand n’est pas la langue maternelle.
" Une langue commune est la condition minimale à respecter pour qu’il y ait une intégration et un sentiment d’appartenance » , a souligné le président du Bundestag, M. Norbert Lammert, dans son panégyrique. Il s’est dit particulièrement impressionné par le fait que l’école ait pris elle-même ses problèmes en main.
Dans le cadre du débat sur " l’allemand obligatoire " , certains avaient reproché à l’école de procéder à une " germanisation forcée ". Mais les critiques se sont tues lorsqu’il s’est avéré que la décision concernant la langue imposée avait été prise d’un commun accord par les élèves, les parents et les enseignants.
La Fondation nationale allemande a été créée en 1993 par des responsables politiques, des artistes et des entreprises réunis autour de l’ancien chancelier fédéral Helmut Schmidt. Le Prix national est remis chaque année depuis 1997. Parmi les lauréats précédents figurent le chansonnier allemand Wolf Biermann et l’ancien président tchèque Václav Havel.

In : amb-allemagne.fr/

Qu’en pensez-vous ?

Ce genre de mesures seraient-elles acceptées en France ?

Comment réagiraient, selon vous, les élèves, les professeurs et les parents, si une telle mesure était obligatoire en France ?

C’est stricte mais sur le long terme c’est très bien.Même si les enfants ne comprennent pas forcément le pourquoi,je pense qu’en grandissant,ils verront que c’est une bonne chose.
Moi même je pense que j’aurai eu du mal a digérer si on m’avait fait ça car en France,on a pas la même façon de voir les choses! (On est plus chauvin qu’on soit de nationnalité française ou non)

Sauf que le caractère obligatoire n’est pas mentionné dans l’article et il est sujet de volonté commune autant des élèves que des parents et professeurs (enfin pour les premiers, y ont pas trop eu le choix je pense dans tous les cas hihi)

Je pense que cette mesure n’a pas vraiment lieu d’être en France. Les étrangers d’origine viennent souvent de pays francophones (Maghreb et Afrique noire).

Mais je trouve ça très bien !!! Ca permet a des enfants d’apprendre l’allemand, pour certains d’éviter un échec scolaire, etc…

je trouve que l’idée n’est pas mauvaise…

Etant donné que les enfants étrangers, parlent en famille leur langue maternelle étrangère, il est logique qu’à l’école… ils parlent la langue du pays qui les accueille…

Cela permet une meilleure insertion dans le groupe et dans la société, et cela ne met pas en retrait pour autant leur langue maternelle (et donc leurs origines) puisqu’ils continuent à pratiquer leur langue maternelle en famille…

Je trouve logique, qu’un enfant turc en allemagne, explique par exemple des coutumes de son pays d’origine (même s’il n’y est pas né !) en allemand… et pas en turc !

En France, cela rappellerait l’interdiction de parler les langues régionales dans les écoles de la république. Pas vraiment un souvenir glorieux.

De toute façon, cette initiative allemande est un cache-sexe. C’est en parlant avec des allemands que les immigrés apprendront l’allemand, pas en se faisant leur propre sociolecte germanisé entre eux dans la cour d’école ou dans leur quartier. D’ailleurs, la plupart d’entre eux ne sont pas des lumières en turc non plus.

Tant que les ghettos socio-culturels seront aussi étanches qu’actuellement en Allemagne, la question de la langue ne servira qu’à ne pas regarder les réalités en face. La troisième génération d’immigrés parle très mal allemand parce qu’ils sont plus au chômage que leurs parents, qui eux parlent allemand avec leurs collègues sur les chantiers et dans les usines. Ça ne va plus durer longtemps vu que ces emplois disparaissent, et la génération suivante n’a pas de réelle compétence de langue maternelle en allemand. Leur langue maternelle est un turco-germain créolisé.

Le cercle vicieux étant bien fermé, les islamistes sautent de joie. Pour l’instant, ils ne laissent pas exploser leur joie, c’est déjà ça…

p.s. idem dans les milieux bosniaques d’allemagne, qui apprennent plus volontiers l’arabe dans le cercle familial et communautaire islamique que l’allemand. Et l’Allemagne ne peut pas se plaindre, c’est Genscher qui les a armés pour faire la guerre sainte en Ex-Yougoslavie. Qui sème le vent…

J’allais le dire… En tant que bretonne j’ai été un peu traumatisée (à posteriori) par ça, donc une telle règle me fait un peu frémir.

Pour autant, je suis bien d’accord sur le fait que les jeunes issus de l’immigration doivent maîtriser la langue du pays d’accueil. Mais les empêcher de parler leur langue d’origine est loin d’être la solution. Des études ont montré que moins on maîtrise sa langue d’origine, moins on maîtrise la deuxième langue. Et il n’y a rien de pire pour la construction identitaire que d’entendre dénigrer la langue des parents. Attention, je ne dis pas que c’est ce qu’ils font dans cettte école… Mais rien n’est dit dans l’article sur la place faite aux langues d’origine. Et, à mon avis, ce n’est pas en les banissant de la cour de récré qu’on fera, illico presto, de bons germanophones. On risque de faire des germanophones bancals et des turcophones, bosniophones, etc… bancals.

En effet, et l’allemagne donne des millions d’illustration de Turc qui ne parle ni turc ni allemand, mais leur propre créole. Tu fais bien de mettre en garde contre toute tentation de dénigrer leur langue d’origine, car à ce jeu-là, ce n’est jamais la tolérence qui gagne, ni d’un côté ni de l’autre. Le risque est le repli identitaire en cultivant une forme fantasmée et réductrice de leur culture d’origine, ce qui mène à un conservatisme artificiel mais farouche.

Je suis assez pied-dans-l’plat sur ce sujet, car mon expérience à Amsterdam m’a appris beaucoup de choses à ce sujet… ne pas avoir de cadre clair pour la langue et la culture d’origine d’un côté et de la langue et culture du pays où ils vivent de l’autre, conduit à une mystification de l’identité d’origine et du rejet de toute autorité socio-culturelle. Recadrer pour redonner à l’allemand sa place de langue nationale parmis ces communautés, c’est une chose… mais ce n’est que la moitié du boulot. Dans bien des quartiers d’Amsterdam ou Rotterdam, ce sont les conseils de famille qui font la loi, et ils appliquent une forme de droit traditionnel simplifié et durci qui tient à la fois de la shariah et du folklore du haut-atlas (ou d’Anatolie). Le droit coutumier devient dans ces communautés la référence principale, jusqu’à ne pas vraiment se sentir concerné par les lois du pays où ils vivent. Par amis interposés, j’ai même parlé à une Turque qui pensait retourner en Turquie pour ne pas avoir à mettre le voile et tout ce qui va avec…

Ça tiendrait du miracle à la Soubirou s’il en était autrement en Allemagne.

Tout à fait d’accord. Pour illustrer ses propos, un de mes profs de sociolinguistique nous avait donné cet exemple : il avait dans ses connaissances deux jeunes filles musulmanes. L’une, excellente étudiante, maîtrisant le français et l’arabe à merveille. L’autre, bonne en français, mais il me semble qu’elle ne parlait pas l’arabe, ou juste un peu. (mes souvenirs sont un peu brumeux, j’espère que je ne dis pas de bêtises, mais il me semble que c’était ça)

A votre avis, laquelle portait le voile ?

Vous avez compris où je veux en venir, c’était la deuxième. Je ne dis pas que le choix du port du voile ou non dépend à la maîtrise des langues. Mais les langues sont un élément fondateur de l’identité, et tout est lié…

C’est effectivement aussi le cas ici en Allemagne. Tu as raison.

Je suis tout à fait d’accord ! J’ai toujours vécu en banlieue parisienne donc avec une grande majorité de personnes d’origine étrangère et les seuls qui revendiquent leur appartenance à leur pays d’origine sont ceux qui ne parlent quasiment pas la langue.

On retrouve peu ou prou la même chose en Bretagne. La plupart des gens qui militent, à l’extrême-gauche ou droite, pour une Bretagne indépendante, ne savent pas parler breton… Les bretonnants sont en général plus modérés.