Source : Les Nouvelles d’Allemagne du 16.05.06
L’Allemagne veut renforcer l’apprentissage précoce de l’allemand par les élèves issus de l’immigration
Pour faire face aux difficultés scolaires des élèves issus de l’immigration, attestées hier par un nouveau rapport de l’OCDE sur l’éducation, l’Allemagne souhaite renforcer l’apprentissage précoce de l’allemand dès le jardin d’enfant. « Soutenir les enfants aussi tôt et aussi bien que possible est la meilleure manière de les intégrer », a souligné la ministre de l’Education et de la recherche, Annette Schavan après la publication de la nouvelle étude. L’Etat fédéral et les Länder entendent mettre sur pied un projet cohérent pour l’intégration des enfants issus de l’immigration.
Après avoir testé des élèves de 15 ans dans 17 pays industrialisés en 2003, les experts de l’OCDE ont constaté que l’Allemagne restait un pays où l’écart de niveau est particulièrement marqué entre les élèves issus de l’immigration et les autres. Plus préoccupant encore : les élèves de la « deuxième génération », nés en Allemagne de parents immigrés, ont plus de difficultés que ceux qui sont arrivés en Allemagne avec leurs parents, et qui ont effectué le début de leur scolarité dans leur pays d’origine. Parmi les élèves de la deuxième génération, plus de 40 % ne posséderaient pas les bases élémentaires en mathématiques et en compréhension de textes. Au cour du problème : souvent une maîtrise insuffisante de l’allemand. Les élèves issus de l’immigration se montrent tout aussi motivés par l’apprentissage que leurs camarades.
C’est la raison pour laquelle le gouvernement entend faire du soutien linguistique une priorité. Il entend, selon Mme Schavan, rassembler les nombreuses mesures prises en ce sens en un programme unique et cohérent au cours des prochains mois, en concertation avec les Länder. La ministre a également annoncé que l’efficacité des différentes mesures serait examinée de manière scientifique. « Ce qui est déterminant, a ajouté la ministre déléguée à l’Intégration Maria Böhmer, c’est un soutien linguistique constant et systématique depuis le jardin d’enfant jusqu’à la formation professionnelle, en passant par l’école primaire ». Car l’intégration sur le marché du travail, ensuite, dépend du succès de la formation scolaire et professionnelle.
Aider les enfants n’est toutefois pas la seule dimension envisagée face à la complexité des problèmes d’échec scolaire et d’intégration. Vice-président de la conférence des ministres de l’éducation régionaux, le sénateur Klaus Böger a insisté hier sur la nécessité de prendre en compte le problème dans sa globalité. « L’étude PISA souligne l’importance, pour l’accès à la formation professionnelle et pour l’intégration sociale, d’un apprentissage de la langue aussi précoce que possible et d’une bonne maîtrise de l’allemand pendant les cours, mais aussi celle de la famille et du cercle d’amis », a-t-il expliqué. L’Allemagne doit, à ses yeux, se considérer comme un pays d’immigration, et associer parents et associations d’immigrés aux efforts en faveur de la maîtrise de la langue.