Irmela Mensah-Schramm, la femme courageuse

Irmela est une ancienne éducatrice spécialisée.Elle a aujourd’hui 66 ans et consacre , à sa façon,depuis plus de 25 ans, une partie de sa vie à la lutte contre les idées d’extrème droite et le racisme sous toutes ses formes. Ses armes; un appareil photo, du dissolvant, de la peinture,des pinceaux, un grattoir et un sac avec l’inscription :« Gegen Nazis=contre les nazis. ».
La mission qu’elle s’est assignée : faire disparaitre des murs de Berlin inscriptions, graffittis, autocollants et slogans nazis et racistes qui défigurent et déshonorent la ville .Et elle fait ça toute seule, de sa propre initiative, et à ses propres frais, sans aucun soutien de l’état ni de quelqu’organisation que ce soit.Plusieurs fois déjà, elle s’est fait insulter, bousculer et même agresser, ce qui ne l’a jamais découragé.
En 1996, elle a été décorée de la « médaille fédérale du mérite » (qu’elle a d’ailleurs retournée à qui de droit en 2000 lorsqu’elle a appris que Heinz Eckhoff, membre du NPD puis de la CDU et qui avait durant le troisième Reich été membre de la SS, en avait aussi été titulaire.)
Irmela est membre des « Grünen ».
Gerhard Schöne, l’excellent auteur-compositeur-interprète est-allemand lui a d’ailleurs consacré une très belle chanson qu’il a intitulée :« die couragierte Frau = la femme courageuse » (au sens de ; qui a le courage politique de se battre contre le mépris des droits de l’homme les plus élémentaires.
Je cite le début de la chanson:
" Die couragierte Frau

He, stell dir vor, du fährst S-Bahn.
Der Sitz ist etwas lädiert.
Du guckst durch dreckige Scheiben,
mit Filzstift beschmiert. Die üblichen Sprüche:
„Stoppt Tierversuche, nehmt Juden!“ „Ali go home“ und so´n Dreck.
Da sagt ´ne Stimme ganz deutlich:
„Sie gucken wohl weg? Sie bleiben so ruhig?!“
Ne Frau steht da und fragt weiter:
„Hat das hier niemand gesehn? Wolln Sie sich daran gewöhnen!
Lassen Sie so was stehn? Oder wolln wir´s wegwischen?“

Und dann greift sie in die Tasche,
reicht dir´n Lappen und ne Flasche
und holt einen scharfen Schaber raus.
Ihr putzt los, die Leute stieren,
fangen an, zu diskutieren.

"Imagine que tu es dans le RER,
le siège est un peu abimé,
tu regardes à travers les vitres sâlies au crayon feutre:
Les inscriptions habituelles:
« halte aux expérimentations sur les animaux, prenez des juifs »,« Ali go home » ou des saloperies du même genre.
Une voix claire te dit:"Vous détournez sans doute les yeux, vous restez si calme !?
Une femme est là, qui continue de te questionner:
« Est-ce que personne n’a vu ça ? Comptez-vous vous y habituer ?
Allez-vous laisser ça, ou allons-nous l’effacer? »

Puis elle fouille dans sa poche,
te tend un torchon et un flacon
elle sort un grattoir bien affûté
et vous voilà tous deux en train de nettoyer.
Et les gens vous regardent fixement
et se mettent à discuter entre eux."

Article en français sur Irmela Mensah-Schramm:

Sa fiche wikipédia :(en allemand)

Video dans laquelle elle s’exprime sur son travail:

Et bien je ne connaissais pas du tout cette femme. Merci Michelmau. :wink:
Cette femme a écouté en elle la voix qui lui disait que certaines choses sont inacceptables et elle a agit en conséquence.

En un sens elle est plus libre que ceux qui écrivent de telles horreurs car elle n’est pas prisonnière de ses préjugés.

une retraitée qui a trouvé de quoi s’occuper !!!

c’est un article que tous les retraités qui prétendent s’ennuyer chez eux, devraient lire… :laughing:

Après tout, elle se bat, à sa façon, contre les résurgences d’idées nazies qui se baladent un peu partout, et on ne peut que la féliciter :wink:

Un petit reportage de l’AFP (donc en français) consacré à Irmela:

J’ai beaucoup de tendresse pour des gens comme elle, qui ne font pas de grands discours politiques moralisateurs et qui , dans leur tâche modeste et quotidienne, nous permettent de garder un peu d’espoir dans l’humanité.

Et en plus elle est très sympa. :wink:

Et Irmela , 70 ans , continue infatigablement et imperturbablement son travail de militante des droits de l’homme et décolle ou occulte tous les autocollants et graffiti haineux , racistes , antisémites et homophobes. Elle se rend dans les écoles pour discuter avec les élèves et leur montrer que :« Haß vernichtet = la haine détruit. »
Elle se fait parfois insulter et traiter de : « rote Sau= salope rouge. ». Il y a quelques temps , à Berlin , un vigile l’a poussée ; elle est tombée …Traumatisme cranien. Il en faudrait bien plus pour décourager cette dame .
:respect: :respect: :respect:

J’avais presque oublié ; le liedermacher Gerhard Schöne lui a rendu hommage dans une de ses chansons ;- YouTube die couragierte Frau

Tu avais simplement oublié que tu l’avais postée dans ton premier post ! :wink:
Dans le numéro de mai du « Magazin » (mensuel rescapé de l’ex-RDA), il y avait un reportage consacré à cette dame. J’en traduis un extrait, très révélateur de la mentalité « bien pensante » de la majorité silencieuse :

Une fois, elle avait découvert sur une banquette du S-Bahn (métro régional) l’inscription « Sieg heil », qu’elle avait aussitôt rendue illisible avec un stylo bille. Les voyageurs autour d’elle réagirent avec fureur, la chef de train appela la police par radio. « Il y a une femme qui a gribouillé des graffitis ! » … Mme Mensah-Schramm évolue dans la zone d’ombre de la légalité. En Allemagne, gribouiller des graffitis est un délit. Dégradation de biens ! Même si le graffiti était contraire à la Constitution. Mme Mensah-Schramm agit selon son sens de la justice et non pas selon la législation. « Des objets dégradés sont remplaçables, mais pas des personnes blessées dans leur dignité ! » L’agent de police qui avait été appelé dans le train estima toutefois qu’elle avait bien fait. « Il y a aussi des gardiens de l’ordre qui sont corrects », se rappelle Mme Mensah-Schramm.

Où l’on reparle de cette sympathique et courageuse dame qui depuis 30 ans s’applique à effacer les paroles de haine de tous les murs des villes.
Cette fois-ci , elle est condamnée par un tribunal de Berlin-Tiergarten à une amende de 450 € pour déprédation pour avoir « surchargé " dans un sous-terrain , l’inscription : » Merkel muß weg != Merkel doit dégager !" , la transformant par ses surcharges en « Merke ! Hass weg != " notez bien ! La haine doit disparaitre ! »
Le juge aurait bien fait preuve de clémence , mais l’avocate générale avait insisté sur le fait - tenez-vous bien ! ( Desproges aurait sans doute ajouté :« tenez-vous mieux !)…que le graffiti surchargé tenait plus de place que l’inscription originale !..Et qu’elle n’avait fait preuve d’aucun repentir ! :open_mouth: ( Elle est d’ailleurs bien décidée à continuer son oeuvre.) La dame avait été dénoncée , comme de bien entendu , par " de bons citoyens » , ce qui me rappelle les nombreuses lettres de dénonciation , durant la dernière guerre , signées :« un bon Français. »
La dame , dont le surnom est « Polit-Putze = nettoyeuse politique » a mis en avant les récompenses qu’elle avait obtenues pour son oeuvre , dont , entre autres la "Bundesverdienstmedaille , l’équivalent de notre légion d’honneur.
Irmela Mensh-Schramm attend la version écrite du jugement et compte bien faire appel.
video dans laquelle elle s’exprime sur le sujet
Article de la Süddeutsche Zeitung