Kommersbuch (Commersbuch)

On a parlé longuement, dans un autre fil,à propos d’un fait divers récent, des « Burschenschaften ».
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En mettant un peu d’ordre dans ma bibliothèque, je suis tombé sur un vieux bouquin acheté chez un bouquiniste, du temps où j’étais étudiant et où mon copain était membre d’une « schlagende Verbindung ». Il s’agit -pour simplifier-d’un recueil de chants .Cela s’appelle un "Kommers- ou Commersbuch. Un Kommers, c’est ce que les Allemands appellent « ein festliches Trinkgelage », que je traduirai par « beuverie rituelle ». Il s’agit d’un beau livre relié, qui compte 735 pages avec des notes et des paroles (tout en caractères gothiques, naturellement.)
Sur la couverture du livre, un titre en lettres d’or; « Gaudeamus igitur, juvenes dum sumus », hymne des étudiants du monde entier (sauf en France), repris d’ailleurs par Johannes Brahms dans sa célèbre « Akademische Festouvertüre. »
J’ai essayé de faire des photos, mais, comme elles n’étaient pas réussies, je suis allé voir sur Google images où j’ai trouvé tout de suite la couverture de mon bouquin:

J’ai toujours été intrigué par les clous demi-sphériques en cuivre ,aux quatre coins des deux couvertures. Je pensais : décoration ? Après une courte recherche, j’ai appris qu’ils avaient une fonction bien précise; celle d’isoler le livre de la table en cas de bière renversée, évitant ainsi que les pages en soient toutes détrempées.
Sur la page de garde, je lis que ce livre a été imprimé à Lahr par les éditions Moritz Schauenburg. Une inscription au crayon 1897/1898.
Les auteurs; Friedrich Silcher et Friedrich Erk.
Friedrich Silcher, ce nom ne dira peut-être pas grand chose à beaucoup d’entre vous, et pourtant , il a composé des tas de mélodies qui sont passées dans le domaine populaire, entre autres:Alle Jahre wieder, Am Brunnen vor dem Tore, der Lindenbaum, die Lorelei, ich hatt einen Kameraden…et bien d’autres encore, vous y verrez plus clair.
Le livre est divisé en plusieurs sections; "Vaterlands- Heimatlieder, où l’on retrouve entre autres la « Wacht am Rhein= la sentinelle du Rhin », pendant allemand du « vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine », d’ailleurs détourné par les anti-Fessenheim :smiley: , Festgesänge-Gesellschaftslieder, où l’on trouve « An die Freude=Hymne à la joie », donné ici comme mélodie populaire, Jugend und Erinnerung,Liebe, Wein und Wandern, Kneipe,et enfin Allehand Humor, où l’on retrouve entre autres "Teutoburger Schlacht "Als die Römer frech geworden.
Pour en savoir plus sur les Kommersbücher:(en allemand)

Et ils portent même un nom ! Je suis scotchée par l’inventivité… Je n’ai encore jamais eu de livre de cuisine avec des Biernägel, mais c’est vrai que ce serait bien pratique !

Pour en revenir aux Kommersbücher, si je comprends bien, il ne sont pas liés uniquement aux Burschenschaften ? Donc pas à contenu spécialement politisé ?

Comme dans tout florilège qui se respecte, il y a là-dedans à boire et à manger pour tout le monde. :wink: Si d’aucuns préfèrent chanter l’amour, l’eau fraîche et les p’tits zoziaux, d’autres préfèreront des chants plus patriotiques ou plus paillards.

Je pense que si.Peut-être d’autres pourront-ils me démentir; les Burschis ont « capté », en plus des champs martiaux, patriotiques, nationalistes, des chants qui appartiennent à tout le monde, ceux sur l’amour, l’eau fraiche et les p’tits zoziaux, pour reprendre Andergassen.

Merci pour les précisions :respect:

Des souvenirs remontent à la surface en vous lisant. En 1960, deux cousins du Nord logeaient pendant quelque temps à la maison. Un soir, un des deux rentra avec un énorme pansement plein de sang sur le visage. Etonnée et inquiète, mes parents me rassurèrent, des mots me reviennent ce soir: Schmiss et Mensur. Je me souviens de leur casquette qui ne les quittait jamais à l’extérieur et leur écharpe coloré qu’ils portaient parfois. A la fin du semestre mes cousins déménagèrent dans un Burschenheim sur les hauteurs de Freiburg…

En vérifiant si mes souvenirs étaient exact, je suis tombée sur un dossier très complet chez Wiki (en allemand):
de.wikipedia.org/wiki/Kategorie: … und_Ritual

Mon copain m’avait expliqué en long, en large et en travers, exemples à l’appui comment on faisait les moulinets en maintenant le sabre toujours au dessus de la tête. Il avait livré son combat rituel ( Mensur), mais n’avait pas eu la balafre (Schmiss) tant recherchée par certains. Peut-être l’avait-il infligée à son adversaire, mais ça , je ne le saurai jamais car il n’est plus de ce monde.
Par contre, il m’avait bien amusé en me racontant que la balafre en question était, de part le déroulement du combat, toujours du même côté du visage, je ne sais plus lequel et qu’il arrivait que certains étudiants (qui avaient une balafre pour une toute autre raison ) de l’autre côté du visage, essaient de se faire passer pour des anciens des « schlagende Verbindungen » et se couvraient alors de ridicule s’il se trouvait dans l’assistance un véritable « Burschi ». :wink:
PS; la balafre en question (appelée Schmiss) passe, parait-il, pour une preuve de courage physique…je précise, selon certains.

bon … j’ai bien compris que c’était un livre de beuverie genre "chevalier de la table ronde … " :wink:

J’ai bien compris la raison oooo combien ingénieuse de la présence des Biernägel

mais quel rapport avec les Mensur und Schmiss ??? et la présence du sabre ?? c’était pour une sorte de bizutage de ces confréries que vous appelez « Burschenschaften » ??

Toutes les Burschenschaften ne sont pas combattantes mais celles qui le sont possèdent un rituel: la Mensur, combat au sabre, le fin du fin étant d’avoir la balafre Schmiss et montrer ainsi , par cette marque dans sa chair qu’on appartient à une « élite » estudiantine.
Concernant les chants figurant dans ces recueils, il n’y a pas que des chansons à boire, loin de là.

D’accord !! c’est plus clair maintenant :wink: Merci !