L’Allemagne a peur du loup

[i]C’était en l’an 2000, au milieu d’une zone d’entraînement militaire. Après 150 d’absence, une portée de loups a vu le jour en Allemagne.

L’espèce, en provenance de Pologne, continue depuis de se reproduire dans les Länder de l’est. La région de Lausitz, située à cheval sur la Saxe et le Brandebourg, abriterait la plus grosse population de loups du pays.

Mais la peur du «grand méchant loup» est aussi universelle que tenace. De nombreux habitants supportent mal cette cohabitation, et la presse locale multiplie les articles alarmistes. Ainsi, dans la Sächsische Zeitung, le quotidien de la région de Saxe, le 2 mai:

«À Niesky, dans la nuit de samedi à dimanche, deux loups ont vraisemblablement déchiqueté un gros mouton de 65kg et blessé à la gorge un autre animal, au point que le fermier a dû l’achever. La bête n’était protégée par aucune clôture, et n’était qu’à quelques mètres de maisons habitées. Au coin de la rue, les boulangers travaillaient, ce qui, apparemment, n’a pas dérangé les loups.» [/i]

slate.fr/lien/37811/allemagne-peur-loup

Il y a peut de temps j’ai lu une l’histoire de la bête du Gévaudan que j’avais trouvé particulièrement terrifiante. :confused:

Le mythe du loup « mangeur d’hommes » est tenace… le loup est avant tout craintif, il préfère de loin s’attaquer à du bétail, gibier, rongeurs plutôt que de risquer s’attaquer à l’homme. Il s’attaque au bétail car il est une proie facile, sans protection, ni défense. Plusieurs moyens sont possibles, soit mettre des clôtures, rentrer les animaux pour la nuit, prendre un chien de garde, avoir un berger-veilleur. La cohabitation est possible, si l’homme veut l’accepter et sait protéger son bétail.

C’est là qu’on voit la différence de mentalités et de cultures.
On connaît la triste fin de Bruno, l’« ours qui posait problème », il y a quelques années en Bavière. On ne pouvait laisser ce prédateur en puissance divaguer dans cet espace policé et touristique. Donc, ordre fut donné de tirer à vue. Ce qui fut fait.
Dernièrement, dans la région du Wendelstein, à proximité de la frontière autrichienne, un loup a défrayé la chronique. Il a même égorgé un mouton. L’horreur absolue! :open_mouth: Si les touristes apprennent que des loups viennent égorger les moutons, ils risquent de se dire qu’ils n’auront aucun scrupule à venir « jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes! » :mrgreen: Et ce sera aussi la fin du pacage en plein air, on ne pourra plus sortir les moutons, et l’espace naturel, faute de pâture et de tonte (système pratiqué couramment en Allemagne du Nord pour tondre les digues) redeviendra sauvage, livré aux broussailles et aux ronces. Donc, le loup, qu’on se le dise une fois pour toutes, n’est pas fait pour vivre dans un espace policé, cultivé et touristique. Point final.
Or ce loup serait venu des Abbruzzes, en Italie centrale. S’il était parvenu jusqu’en Bavière, c’est donc qu’on ne l’avait pas embêté dans sa traversée de l’Italie. En effet, les loups, en Italie, font partie du paysage et de la faune courante. Ils sont acceptés. C’est quand ils arrivent en Autriche (Sud-Tyrol compris) que les gens commencent à s’alarmer.
Depuis, le loup en question n’a plus donné de nouvelles. A-t-il repassé la frontière autrichienne, est-il allé voir si les moutons étaient meilleurs plus loin et l’herbe plus verte, ou a-t-il succombé sous les balles d’un chasseur ou sous les roues d’un automobiliste? :confused:

-« Grand-mère comme vous avez de grandes dents ! »

  • « C’est pour mieux te manger mon enfant. » :vamp:

J’ai du mal à comprendre tout ce pathos à propos du loup.Je conçois que des éleveurs puissent s’alarmer des « prélèvements » faits par les loups dans leur cheptel.Il me semble toutefois qu’ils sont indemnisés si la responsabilité du loup est attestée.On sait aussi que certaines races de chiens sont très efficaces pour dissuader le loup de s’attaquer aux moutons.
Comme le fait remarquer justement Andergassen, la présence du loup dans les Abruzzes ne semble pas poser problème.
On dirait que notre société « policée, civilisée :question: » a du mal à admettre l’animalité avec ce qu’elle a de plus noble.

Les éleveurs sont indemnisés, que le prédateur soit implanté officiellement, ou soit un « clandestin », s’il s’avère que c’est une espèce protégée.
Et puis, comme je le faisais remarquer à ma femme, dans le fond, vu le relief difficile, les éleveurs ont certainement plus de pertes d’animaux avec des chutes dans le ravin ou des entorses, fractures ou foulures. Sans compter les morsures par des animaux domestiques en rupture de chaîne qui reviennent plus ou moins aux instincts sauvages.

c’est pareil pour les loups dans les pyrénées Michelmau… :frowning: :frowning:

pas de papier… pas de droit de séjour :astonished:

Ils peuvent toujours essayer de rentrer clandestinement en Allemagne entre chien et loup. :mrgreen:

"Les loups pourraient rapidement repeupler toute l’Allemagne"

"L’Allemagne a réalisé une étude sur le comportement migratoire du loup, une première depuis le retour du prédateur dans le pays il y a de ça 11 ans (retour naturel en 2000 d’un couple de loups venu de Pologne). Les résultats ont été présentés le 27 octobre 2011 par l’Office fédéral pour la protection de la nature de Bonn.

Cette étude visait à savoir si les routes et les frontières constituaient un obstacle à la progression du loup, mais aussi à mieux connaitre le type et la taille de son territoire.

Pour savoir quand et comment les loups se dispersent, l’équipe de biologiste a équipé 6 jeunes loups de la région de Lusace de colliers GPS et a recueilli pendant 3 ans les données radiographiques. Voici les résultats pour 3 d’entre eux :

  • l’un des jeunes loups a parcouru en 2 mois 1 550 km jusqu’en Biélorussie, traversant les autoroutes, et même la Vistule et l’Oder à la nage,

  • son frère est lui resté 19 mois dans la meute parentale, avant de parcourir en 16 jours 400 km en direction de Berlin et de revenir, pour ensuite fonder sa propre meute non loin de celle de ses parents,

  • leur soeur Mona vit toujours dans la meute parentale et ce après 27 mois de suivi.

Il en résulte que les loups peuvent se déplacer très vite et très loin mais aussi que la surface de leur territoire peut être très variable suivant les individus : entre 49 et 375 km2 de superficie, ce qui correspond à une moyenne de 172 km2.

« Nous avons été surpris de voir comment les différences de comportement migratoire et la taille des territoires sont à ce point individuelles », a indiqué la biologiste Ilka Reinhardt.

« Le loup lambda vit dans des structures similaires aux hommes » explique Ilka Reinhardt. Ils vivent généralement dans de petites familles. Les jeunes loups deviennent adultes et partent pour fonder leur propre famille. Cette famille marque son propre territoire et aucune autre famille n’y sera tolérée. « C’est pourquoi il est inutile de s’inquiéter d’une quelconque surpopulation de loups, le nombre de loups pouvant vivre en Allemagne est limité par l’espace disponible. »

Felix Knauer, un spécialiste de la faune sauvage de l’Université de Fribourg, a analysé les territoires habités par les loups en Pologne et les a comparé avec les lieux présentant les mêmes caractéristiques en Allemagne. Il en a conclut que 400 meutes pourraient s’établir en Allemagne, en particulier dans les régions de moyenne montagne de l’ouest et du sud de l’Allemagne ainsi que dans toute la zone alpine. Mais pas seulement…Au sein de leur territoire, les loups sont très adaptables et ne restent pas seulement dans les zones forestières mais aussi dans les espaces ouverts comme les landes.
« Les loups n’ont pas besoin d’une région déserte, mais ils peuvent très vite se disséminer dans notre paysage culturel et s’adapter à des environnements très différents » a déclaré Beate Jessel, la Présidente du BfN. « C’est pourquoi, il faudrait partout en Allemagne encadrer l’apparition du loup et assurer les bases d’un plan de gestion pour rendre possible la cohabitation sans heurt entre humains et loups.

« Les loups peuvent s’adapter à des environnements très différents » affirme Beate Jessel, la Présidente de l’Office fédéral pour la protection de la nature. « C’est pourquoi, il faudrait partout en Allemagne encadrer l’apparition du loup et assurer les bases d’un plan de gestion pour rendre possible la cohabitation sans heurt entre humains et loups. »

La Saxe a déjà un plan de gestion du loup qui prévoit de dédommager les éleveurs en cas d’attaque et de fixer les règles de veille scientifique de la population des loups.

Actuellement, il existe dans le pays 12 meutes de loups, neuf d’entre elles en Lusace, trois autres vivent en Saxe-Anhalt et dans le Brandebourg.

Source : « Wie der Wolf durch Deutschland streift« , Zeit Online (octobre 2011)".

Perso, je m’en félicite de voir que ce grand prédateur puisse retrouver ses anciens territoires d’origine…reste bien-sûr à voir quelle place les humains seront prêts à lui laisser :unamused:

« repeupler toute l’Allemagne » ? :confused:
Pourquoi les loups ? Il y a encore peu, on comptait sur les immigrés pour repeupler l’Allemagne… Les humains sont-ils à se point inaptes à la reproduction? :open_mouth:
La Lusace lorraine, ça me disait confusément quelque chose… :confused:

Quand je pense à tout le scandale que font les éleveurs des Alpes après l’introduction de quelques loups et alors qu’ils disposent de chiens adaptés pour repousser leurs attaques (le fameux Patou) je me pose en effet la même question que toi.
Et je ne te parle même pas de la réintroduction de trois ours dans les Pyrénées. :mouaif:

Cela dit j’imagine difficilement des loups dans les forêts de Berlin ou envahissant Tierganten. Des sangliers d’accord, des écureuils oui, mais pas des loups. :mouaif:

Non, il y a d’autres meutes qui envahissent le Tiergarten… :mrgreen: