Des positionnements antisémites sont répandus de façon significative au sein de la société allemande.et cela, bien au -delà des milieux d’extrème -droite et des milieux islamistes.
C’est ce qui ressort d’un rapport d’experts demandé par le Bundestag.Les raisons en sont les « clichés profondément enracinés » ou encore la « simple ignorance ».
Suite à une décision de Bundestag, à l’occasion de la 70ème commémoration de la « Nuit de cristal », le gouvernement fédéral avait mis en place une commission de dix exoerts issus du monde scientifique et de la société civile avec pour mission, d’établir des rapports et de proposer des recommandations sur la façon de combattre au mieux l’antisémitisme.
Ladite commission , dont les travaux avaient commencé en 2009, vient de rendre ses conclusions aujourd’hui à Berlin.
Pour l’historien Peter Longerich, « l’antisémitisme dans notre société repose sur des préjugés largement répandus, des clichés profondément enracinés et sur une simple ignorance des juifs et de la judéïté. »
Dans les stades , les slogans racistes, d’extrème droite, et antisémites proférés des tribunes sont loin d’être l’exception. Des phrases telles que :« les juifs à la chambre à gaz, Auschwitz revient ou encore , les synagogues doivent brüler » sont loin de constituer l’exception lors des rencontre de la ligue régionale. A l’école, l’insulte « juif » fait , un peu partout,partie du vocabulaire commun .
Différentes études aboutissent à un même constat :20 % de la population serait antisémite de façon latente .Et les experts ont travaillé sur différents domaines de la vie sociale: travail, loisirs, médias.
A l’échelle européenne, l’Allemagne occupe:une place moyenne, dépassée par la Pologne, la Hongrie et le Portugal où l’antisémitisme est nettement plus marqué.
D’après la commission, internet joue un rôle décisif dans la diffusion de l’antisémitisme en Allemagne.; il servirait d’accélérateur à la diffusion de l’idéologie, surtout parmi les jeunes.« Dans quelques cas », confirment les experts, l’antisémitisme islamiste aurait mobilisé des jeunes d’origine turque ou arabe et contribué à une radicalisation."
Extrème-droite, négationistes et extrèmistes islamistes utilisent internet tout naturellement comme plate-forme pour leur propagande.
Selon le rapport, c’est l’extrème-droite qui, à 90 % est le vecteur les délits d’antisémitisme en Allemagne ; l’antisémitisme servirait en outre de « ciment » à tous les groupuscules de cette mouvance. Selon les services de la sécurité du territoire, leur nombre s’élèverait à 26.000 membres.
Chez les jeunes islamistes également, l’antisémitisme servirait aussi de « ciment » aux 29 courants religieux recensés, environ 37.400 membres. Pour tous ces groupements, l’antisémitisme est un « élément constitutif de leur idéologie ». Plus qu’à l’extrème droite, l’antisémitisme a ici une motivation religieuse. Au centre de tout cela, on retrouve la négation de l’holocauste et le refus du droit à l’existence d’Israel.
Dans le cadre de leur étude, les experts ont cherché à dégager de leurs travaux une définition de l’antisémitisme. Tout acte de violence à l’égard d’une personne juive n’étant pas obligatoirement motivée par l’ idéologie. Selon la définition de la commission, l’antisémitisme est davantage un refus de l’ensemble de la communauté juive que des individus qui en font partie. On attribue collectivement à un groupe, des qualités négatives.
Selon la scientifique Juliane Wetzel :" Il n’existe pas en Allemagne de stratégie d’ensemble visant à lutter contre l’antisémitisme." Il s’agit là d’un travail de longue haleine. Il faudrait davantage de coordination et d’unité dans la réalisation des projets allant dans ce sens.
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Dans le lien, deux interessantes cartes interactives sur les phénomènes liés à l’antisémitisme en Allemagne.