Source: Les Nouvelles d’Allemagne du 21/02/06
La Berlinale couronne un film bosniaque, « Grbavica » - succès du cinéma allemand
Le palmarès de la 56ème Berlinale, annoncé samedi à Berlin, a confirmé deux tendances. D’une part, il a entériné la réputation « politique » du Festival avec l’attribution de l’Ours d’or, la récompense suprême, à un film bosniaque, « Grbavica », de Jasmila Zbanic. Mais de l’autre, il a aussi souligné la vitalité du cinéma allemand, avec trois Ours d’argent décernés à des comédiens allemands pour leurs interprétations dans trois films différents.
« Grbavica » est le nom d’un quartier-est de Sarajevo. Le choix du jury de la Berlinale, présidé cette année par l’actrice Charlotte Rampling, s’est porté sur un film qui raconte la souffrance des femmes violées dans les camps de réfugiés serbes et, plus particulièrement, celle d’une mère seule qui doit révéler à sa fille qu’elle est le fruit d’un viol. « Grbavica » est un plaidoyer artistique pour la guérison des traumatismes issus des guerres balkaniques.
A côté de « Grbavica », c’est un autre film politique, « The road to Guantanamo » du Britannique Michael Winterbottom, qui remporte l’Ours d’argent de la meilleure réalisation. Sous les applaudissements du public, le réalisateur a fait monter sur la scène les trois anciens prisonniers, trois Britanniques qui furent incarcérés par erreur à Guantanamo, qui ont inspiré son film. Par ailleurs, le grand-prix du jury est revenu ex-aequo à un film danois, « A soap » de Pernille Fischer, et à un film iranien, « Offside » de Jafar Panahi. Ce dernier met en scène un groupe de jeunes femmes, assoiffées de liberté, qui veulent assister à un match de football dont l’accès leur est interdit.
De cette 56ème Berlinale, le cinéma allemand sort lui aussi en grand vainqueur. L’adaptation à l’écran du roman de Michel Houellebecq « Les particules élémentaires », par Oskar Roehler, vaut au comédien allemand Moritz Bleibtreu l’Ours d’argent du meilleur acteur. L’Ours d’argent de la meilleure actrice est revenu à sa compatriote Sandra Hüller, jeune actrice de théatre de 27 ans qui faisait sa première apparition au cinéma dans le film « Requiem » de Christian Schmid, une histoire d’exorcisme tirée d’une histoire vraie survenue dans le sud de l’Allemagne dans les années 1970. Un troisième Ours d’argent est revenu à Jürgen Vogel pour sa performance artistique (premier rôle, auteur et co-producteur) dans « Der freie Wille » de Matthias Glasner. Enfin, la co-production argentino-franco-allemande « El Custodio » de Rodrigo Moreno a obtenu le prix Alfred Bauer.
Le délégué du gouvernement fédéral à la Culture et aux médias Bernd Neumann s’est réjoui de la bonne santé du cinéma allemand. « Les larges succès des contributions et des co-productions allemandes montrent clairement qu’elles sont parvenues au faîte de la comparaison internationale », a-t-il déclaré. Mais la satisfaction ne s’arrête pas là. Avec 400 000 spectateurs, la Berlinale a connu cette année la plus importante fréquentation de son histoire.
Pour plus d’informations : www.berlinale.de