La corruption empoisonne l'économie allemande

A l’étranger, au moins, l’image des entreprises allemandes est encore associée au côté solide, probe et propret du « made in Germany ». En Allemagne, par contre, la multiplication des cas de corruption et d’escroquerie dans les grandes entreprises commence à en faire douter plus d’un. Volkswagen, BMW, DaimlerChrysler, RWE ou encore les filiales allemandes de Faurecia, Philips et IKEA, les grands noms ne sont pas épargnés.

La semaine dernière, c’était au tour de Siemens, multinationale allemande de l’électrotechnique, d’être dans la ligne de mire des enquêteurs financiers pour une affaire de caisses noires et de pots-de-vin. En Allemagne et en Autriche, 250 policiers visitaient 30 appartements et bureaux, sans oublier celui de Klaus Kleinfeld, le grand patron. Résultat : quatre hauts managers de la branche téléphonie (Com) se retrouvent derrière les barreaux, douze suspects sont interrogés. Plusieurs dizaines de millions d’euros auraient été détournés pour verser des dessous de table en échange de contrats dans la téléphonie, notamment dans les pays de l’est, en Italie et à l’occasion des Jeux Olympiques d’Athènes en 2004. « Si l’implication de certains dirigeants et les soupçons des enquêteurs se confirment, on se trouvera face à un cas où la corruption est érigée en politique d’entreprise, ce qui est particulièrement grave », estime Peter von Blomberg, membre du comité directeur de la section allemande Transparency International.

Dans le cas de Volkswagen, qui a longtemps été présenté un modèle tout à la fois économique, social et moral, le doute n’est plus permis. Selon l’acte d’accusation rédigé contre Peter Hartz, ex-directeur du personnel de VW, celui-ci aurait secrètement versé près de 2,5 millions d’euros pendant dix ans à Klaus Volkert, représentant en chef des 340.000 salariés du constructeur automobile. Sur cette somme, 339.000 euros ont atterri directement sur le compte de la « compagne » brésilienne de M. Volkert. De quoi assouplir les négociations des accords collectifs. Selon une étude du cabinet KPMG, réalisée cette année auprès de 420 entreprises et sur la base des statistiques policières, la criminalité économique ne cesserait de monter en Allemagne. Plus de la moitié des grandes entreprises (plus de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires) ont été victimes d’une affaire de corruption ou d’une escroquerie au cours des trois dernières années. Or, pour les experts financiers de la police fédérale (BKA), ces statistiques ne constitueraient que la partie émergée de l’iceberg : 80% des affaires resteraient impunies, soit « cinq cas pour un cas découvert », commente Dieter John de KPMG. Sans compter que les entreprises semblent de moins en moins perspicaces. En 2003, 56% des affaires mises au jour l’étaient à l’initiative de l’entreprise concernée. En 2005, Elles n’étaient plus que 40%. « Près de 60% des entreprises interrogées ont reconnu qu’elles n’avaient pas été capables de détecter les activités délictueuses de leurs collaborateurs ou clients » précise John Dieter.

Ainsi, la filiale allemande d’Aegis Media, première société européenne d’achats d’espaces publicitaires, a tout simplement été victime de son patron, Alexander Ruzicka. Celui-ci a été placé à l’ombre, en septembre dernier, pour avoir détourné une partie des ristournes offertes à Aegis par les chaînes télévisées. Connu pour son style de vie luxueux, sa grande villa baroque, ses serviteurs en livrée et ses chasses à l’impala en Afrique du sud, il aurait récupéré près de 32 millions d’euros avec l’aide de plusieurs collaborateurs. Plus fort encore, les magouilles de certains dirigeants d’IKEA Property, le département construction de la filiale allemande du marchand de meubles suédois, sont restées cachées pendant 20 ans ! Chargés de gérer la construction des nouveaux magasins, ceux-ci ont tout simplement monnayés les contrats de construction contre des cadeaux et pots-de-vin d’une valeur estimée à plusieurs dizaines de millions d’euros.

La mondialisation, l’aggravation de la concurrence ou la crise économique ont–elle fait perdre tout sens moral aux managers allemands ? Malgré les apparences, Peter von Blomberg est résolument contre cette thèse : « Je ne crois pas que l’époque et les mœurs actuels favorisent la corruption en Allemagne. La corruption a toujours existé chez nous. Mais jusque dans les années 90, c’était la loi du silence. C’était toujours les autres, les Italiens, par exemple. Mais beaucoup a été fait depuis la convention anti-corruption adoptée par les pays de l’OCDE en 1990. De nombreuses pratiques, auparavant autorisées, ne le sont plus. Par exemple, celle de déduire de ses impôts les pots de vins versés à l’étranger, interdite en 1997. Les entreprises ont par ailleurs commencé à prendre le problème par les cornes et à développer des règles et des codes de conduites. Enfin, les autorités judiciaires se sont dotées de cellules anti-corruption spécialisées. Cela débouche sur des affaires plus nombreuses et il vaut mieux crever l’abcès ».

Source :
lexpress.fr/info/economie/in … ?id=150909
lexpansion.com/Pages/Mag/18h … ionId=4365

Malheureusement la corruption est partout, moi aussi je pourrais te citer plein d’exemples de corruption en Belgique. C’est bien pitoyable ces gens corrompus qui ne pensent qu’a s’en mettre plein les poches… :confused: