La critique monte en Allemagne contre les salaires des patrons
La rémunération des membres des directoires des sociétés de l’indice allemand DAX 30 a progressé de 14,8 % en 2005, selon une enquête de Manager Magazin parue le 23 juin. La rémunération moyenne de leurs présidents, indique-t-il, s’est élevée à 3,754 millions d’euros en 2005, stock-options incluses.
Alors que les restructurations et les appels à la modération salariale n’en finissent pas dans les grandes entreprises allemandes, les critiques contre l’attitude du patronat ne cessent de monter outre-Rhin, non seulement parmi les syndicats, mais aussi dans les milieux politiques et religieux. Le 1er mai, le président de la Confédération des syndicats (DGB), Michael Sommer, avait fustigé les patrons dont le « seul critère est leur propre compte en banque, et pas la dignité des gens ».
Manager Magazin estime en outre que « la hausse considérable des rémunérations des dirigeants ces dernières années n’est guère justifiée » par leurs performances financières et boursières.
Ce malaise vient d’être relancé par la multiplication de suppressions d’emplois dans des entreprises qui affichent pourtant des bénéfices confortables. A l’appel du syndicat Ver. di, les salariés du groupe d’assurance et de banque Allianz devaient lancer, mercredi 28 juin à Francfort, des « grèves d’avertissement » contre la suppression de 7 500 emplois malgré des résultats records : un bénéfice net de 4,9 milliards d’euros en 2005. Le 20 juin, Bayer avait rendu public le succès de son OPA sur son compatriote Schering, avec 6 000 suppressions de postes à la clef. 37 000 salariés de Siemens vont partir dans une filiale commune avec Nokia : de 10 % à 15 % de postes seront supprimés. Chez Volkswagen, 20 000 emplois sont en jeu dans les négociations en cours. Les restructurations annoncées depuis novembre par DaimlerChrysler représentent la perte de 14 500 postes.
Adrien de Tricornot
Article paru dans l’édition du 29.06.06
In : www.lemonde.fr