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L’Allemagne, le moteur européen, le grand champion de l’emploi et du triple A, manque-t-elle de consistance ? Culturellement parlant, sans doute, car « l’Allemagne d’aujourd’hui est beaucoup plus ennuyeuse que par le passé », souligne le chroniqueur Gilbert Casasus. C’est la question du « paradoxe allemand », à savoir comment un pays économiquement riche s’est appauvri sur le plan culturel et intellectuel.
L’Allemagne est en position de force. Première puissance économique de l’Europe, elle compte indéniablement beaucoup plus sur le plan politique et international qu’elle ne le faisait il y a quelques années. D’ailleurs n’est-elle pas devenue un référentiel, sinon un objet de convoitise, tant les Français aimeraient se féliciter des mêmes résultats que ceux obtenus par la République fédérale ?
Bien que ne faisant pas rêver, l’Allemagne fait envie. Elle fait envie par son faible taux de chômage, par son nombre record d’actifs, par ses excédents financiers et, peut-être plus encore que cela n’était le cas il y a quelques semaines, par son « triple A ».
Et pourtant, cette même Allemagne est aujourd’hui beaucoup plus ennuyeuse qu’elle ne l’était par le passé. Non que la RFA s’ennuie, mais elle ne suscite guère la moindre émotion intellectuelle. Par le passé théâtre de moult débats passionnés, elle ne passionne plus ceux et celles qui les ont fait naître et mener avec ferveur et enthousiasme.
Aujourd’hui, la République fédérale s’est aseptisée et rares sont les idées progressistes qui prennent racine sur son territoire. Les Verts se sont assagis, les pacifistes pacifiés, les féministes calmées, et les antinucléaires rangés du côté du gouvernement, trop heureux de la décision d’arrêter d’ici quelques années la production électrique issue des centrales atomiques.
Et plus encore, les polémiques sur la seconde Guerre mondiale ont été rangées dans les tiroirs de l’histoire. Génération oblige, plus aucun jeune allemand ne doit s’interroger sur le rôle de ses parents à l’époque de la Seconde Guerre mondiale. Libérée du fardeau du passé, la jeunesse allemande d’aujourd’hui est aussi intéressante ou aussi peu intéressante que ne l’est n’importe quelle jeunesse européenne. [/i]