"Dans un contexte de recomposition de l’Europe centrale, « un grand retour de la langue allemande qui devrait être la langue transeuropéenne d’ici 2025. »
L’arrivée des pays d’Europe de l’Est rajoutera t’elle un poids à la langue allemande, de plus en plus négligée?
Ah ben figure-toi, moi il me semble avoir déjà causé de ce sujet… Mais je sais plus si c’était sur ce forum !
Moi je n’y crois pas trop… Il me semble que ce genre d’études ou de prospectives se basent sur des chiffres, mais y’a pas que les chiffres, y’a le comportement humain… Et il me semblent que si les habitants des pays d’Europe centrale peuvent parler allemand ou russe, ils n’en ont guère envie… Je crois que pour eux l’anglais est une garantie de neutralité, car ils ne se sentent pas menacés par les Anglais ou les Américains comme ils se sentent ou on pu se sentir menacés par les Allemands et les Russes…
D’après mes toutes récentes observations faites dans quelques « pays de l’Est » (Hongrie, Slovaquie, BMS):
La génération actuelle apprend et parle l’anglais. Ceux qui ont été scolarisés avant 1989, pour peu qu’ils aient appris une langue étrangère jusqu’à cette date, sont passés directement du russe à l’anglais, professeurs inclus. De plus, avec Erasmus, les universités de ces pays offrent de plus en plus de cursus directement en anglais destinés aux étrangers, alors à quoi bon se fatiguer à apprendre des langages aussi absurdes que le hongrois ou le slovaque, voire l’allemand? Dans les Sudètes, interrogez des adolescents à la frontière allemande sur les langues qu’ils connaissent, ils vous répondront l’anglais. Par contre, en Pologne, à la frontière allemande, l’étude de l’allemand est de plus en plus répandue, et les gosses sont fiers de vous interpeller en allemand. La proximité de Berlin y est aussi pour quelque chose (Berlin n’est qu’à 80 km de la frontière polonaise, et par conséquent parfois plus proche que Szczecin ou Poznan.
A noter que lors de mes premiers voyages dans l’ex-Autriche-Hongrie au début des années 70, la langue véhiculaire était automatiquement l’allemand chez la génération de mes parents et de mes grands-parents. Pour des raisons historiques d’une part, et pratiques d’autre part, on ne pouvait pas concevoir qu’un touriste continental fût autre chose qu’allemand ou autrichien.
bzw. Stettin und Posen.
J’ai beaucoup parlé allemand en Hongrie. Mais c’est anecdotique comparé à l’obsession atlantiste de ces pays. Les Polonais sont les seuls à arriver à avoir du travail grâce à l’allemand. Les autres pays n’ont pas accès directement à l’Allemagne, et la Tchéquie lui tourne clairement le dos, et quand ils la regarde de face, ils montrent les crocs. Idem pour les aboiements anti-autrichiens généralisés en Slovaquie. Franchement, je trouve ces pays très immatures. Heureusement qu’individuellement, il y a toujours toutes sortes de gens là aussi.
L’article est fort intéressant, même si je pense que l’allusion au sursaut des langues celtiques est de la pure spéculation. S’il est vrai que le gaélique est enseigné à Belfast, il n’en est pas pour autant une langue véhiculaire, mais plutot un badge d’appartenance à la communauté catholique. Pour ce qui est de l’allemand, c’est un fait établi que l’allemand a de beaux jours devant lui, l’Allemagne restant le moteur incontesté de la dynamique économique européenne. Les préjugés sur la langue allemande commencent à s’effacer chez la nouvelle génération à l’Est, et si l’anglais reste un atout (pas vraiment nécessaire pour aller nettoyer les toilettes dans les aéroports anglais, puisque les superviseurs sont polonais…), l’offre d’emplois en Irlande et en Angleterre commence à s’essoufler. Je pense pour ma part que les langues européennes subiront un nivellement par le bas, avec l’émergence de toutes les langues nationales qui revendiqueront un statut spécifique. À différencier du concept de langue de travail; l’anglais, le français et l’allemand resteront encore pour longtemps les langues dans lesquelles l’Union Européenne sous toutes ses commissions parlera, car elles sont les seules langues porteuses économiquement. L’espagnol et le portugais devraient pouvoir bénéficier de l’effet de masse de ses locuteurs, mais dans un futur incertain. Il est dommage que hormis quelques programmes marginaux (Erasmus, Piccolingo, EBFLUL), l’Europe bureaucratique ne mette pas plus de moyens en oeuvre pour promouvoir l’enseignement des langues de manière coordonnée et efficace. De ce point de vue, l’Allemagne et sa chaîne de programmes Deutsche Welle est un exemple que beaucoup, à commencer par la France, devraient étudier. Une récente étude a démontré que l’image des Allemands à l’étranger n’a jamais été aussi bonne, et les grandes marque allemandes (Audi, BMW, Adidas) consolident l’image d’une société à l’aise dans ses baskets. Une victoire de la Mannschaft en Afrique du Sud serait la cerise sur le gâteau…