La mort d'un clochard céleste

Quand j’ai vu cette photo sur le site de la Badische Zeitung , je me suis tout de suite dit ; "mais je l’ai déjà vu quelque part « . Le genre de personnage dont on se souvient quand on l’a vu une seule fois.

Cheveux gris , longs , longue barbe grise , éternelle chemise à carreaux et pantalon de velours , et puis comme l’inspecteur Bourrel à la fin de ses enquêtes , je me suis dit : " Bon dieu , mais c’est bien sûr ! » …Freiburg en Brisgau ! Un personnage en marge de la société , indissociable de l’image de la ville et de celle de Waldshut et j’ai découvert son histoire.
L’homme s’appelle Aimé de Palézieux ; il est issu de l’aristocratie genevoise : il a deux frères qui ont fait des études universitaires et ont comme ont le dit :« une bonne situation » ; l’un vit à Zurich , l’autre à Hambourg.Il a également une soeur. A l’école il n’est pas un très bon élève.Il entreprend des études de mécanique…Echec.
Aimé , c’est ma génération ; celle des soixante huitards.
Dans les années 70 , c’est l’appel de Katmandou et la spirale du haschich. Quand il revient chez lui , en Allemagne , ses anciens amis ont bien du mal à le reconnaitre.
Il fera la manche à Waldshut et à Freiburg et les bistrots de la Sedanstraße.
Il essaiera , un temps , de monter une petite entreprise de livraison , mais son seul bien , une Peugeot 208 rendra l’âme et s’en sera fini avec ce projet.
Comme toujours dans le cas de ce genre de personnages remplis de mystères , les gens se livraient à toutes sortes de conjectures quant à ses origines : certains parlaient d’un prof de philosophie déchu tant il aimait proférer des vérités philosophiques , d’autres le disaient héritier d’une fortune considérable.
Ces derniers temps , il a vécu , grâce au Sozialamt de Waldshut.
On l’enterre aujourd’hui à 11 heures.
On vient d’apprendre qu’il avait un fils.
Le titre de ce message m’a été inspiré par celui d’un roman de l’américain Jack Kerouac ( d’ascendance bretonne) qui fut le "gourou " de la beat generation : « Les clochards célèstes = the dharma bums. »
Peut-être que certains d’entre vous l’ont croisé , par hasard , dans les rues de Freiburg ou de Waldshut.
Repose en paix « Emme » ( Aimé) , comme tes amis t’appelaient. :wink:

bizarre… il me fait penser à un vendeur de crevettes blanches qui existaient dans mon coin il y a 5 ou 6 ans…
Même tête, même longue barbe, peut-être un peu jaunie par le tabac…
le mec qui vendait ses crevettes blanches (typique de la garonne et de la dordogne, vendues par des pêcheurs amateurs, qui les pêchent au carrelet)…
donc… Le mec qui vendrait ses crevettes blanches… et qui… Si vous engagiez la conversation… Vous faisait un discours sur la vie, bien plus philosophique que le meilleur des prof de philo… et en 10 minutes à peine…
le genre de personnage que l’on oublie pas…

Sans doute le « jumeau » de ce Monsieur Emme…

Je viens de découvrir que le titre du bouquin de Kerouac mentionné plus haut , est , en allemand :
« Gammler, Zen und hohe Berge ». :wink: